Souleyman Amzat, expert en sécurité «sous l’arbre à palabre» au siège de l’événement précis: « Le peuple béninois a dépassé l’étape de se laisser intimider »
Publié le mardi 4 fevrier 2014 | L`événement Précis
Souleyman Amzat est le 72ème invité de votre rubrique « Sous l’Arbre à Palabre». Expert en sécurité et en protection des personnalités à hauts risques, il parle, sans détour, de la qualité actuelle du système sécuritaire béninois dans sa globalité. Il aborde aussi la cruciale question de la gouvernance au Bénin, et sans langue de bois, exprime sa grande déception au sujet de la manière dont le pays est géré aujourd’hui. L’imperturbable soldat formé en Lybie, autrefois membre de la sécurité rapprochée du président Charles Taylor, partage aussi ses impressions sur plusieurs sujets brûlants comme la répression de la marche du 27 décembre 2013, la Lépi, les élections locales…
Et si on en parlait
Des impressions avant l’entretien
Ecoutez, je suis heureux de me faire compter parmi les invités de cette rubrique. Nous la suivions avec beaucoup d’intérêt depuis la France où je suis basé pour des raisons administratives et professionnelles. Ma première impression est qu’il faudra que cette initiative soit, de plus en plus, connue et amplifiée sur les réseaux sociaux pour le bien-être de la diaspora béninoise. J’ai l’opportunité de la suivre et je pense que beaucoup d’autres Béninois de la diaspora voudraient, certainement, en faire autant. C’est ici, le lieu de voir, avec les organisateurs, les moyens qui vous permettront d’en faire une Web TV et nous ferions certainement partie des premiers contributeurs si, l’initiative venait à se concrétiser. C’est un souhait. Ma seconde impression est que je suis stupéfait que ce genre d’émission soit réalisé par un quotidien, chose rare qu’il faudra apprécier à sa juste valeur. En dernier ressort, je constate que je suis entouré de journalistes et cadres émérites et je crois que ce débat nous permettra d’échanger sans faire la langue de bois parce que je ne suis pas politiquement correct. Je dis les choses, tel que je les ressens, avec toute la détermination qui est celle du citoyen et patriote Béninois que je suis.
Que pensez-vous de l’apport de la diaspora béninoise au Forum National de la Diaspora ?
Avant de répondre à votre question, je serai curieux de savoir dans quelles circonstances et objectifs a été organisé ce forum !!! Beaucoup de nos compatriotes n’ont pas été informés et, moi, en premier ! C’est ici, à Cotonou, que j’en ai entendu parler. Après quelques enquêtes, j’ai su que ce forum a démarré dans des circonstances peu appréciables. Je veux parler de l’organisation sécuritaire puisque je suis du domaine. Il y a beaucoup de frères et sœurs qui auraient souhaité y participer. Mais, c’est à croire, qu’il y a eu une sélection. Un forum, il peut y en avoir tous les matins. Alors, les résultats et recommandations sont-ils adressés à qui quand nous sommes les premiers concernés. Nous estimons qu’il faut, pour ce genre de forum, une participation effective, pays par pays, si possible de nos compatriotes, avec à la clé, une organisation et participation de chaque délégation. Dites-moi, si c’était le cas. A l’heure où je vous parle, où sont passés les résultats et recommandations dudit forum ? Certainement dans les tiroirs et aux oubliettes jusqu’au prochain.
Qu’est-ce que l’Etat n’a pas encore fait pour permettre aux Béninois de l’extérieur d’investir au Bénin ?
En premier, il faut déjà être reconnu comme étant un Béninois de l’extérieur. Pour cela, il faudra s’inscrire au consulat de votre pays et être reconnu comme tel ; mais ce n’est pas une fin en soi puisque l’Etat devrait nous accorder certaines facilités. Ce n’est pas le cas. Le climat des affaires au Bénin laisse à désirer avec les innombrables tracasseries liées à la lenteur administrative et à la corruption. Ces faits sont certainement liés à une mauvaise gestion des ressources humaines, administratives et une vision archaïque et bancale des politiques de développement. Voyez un peu ce qui se passe avec nos aînés qui ont investi dans le pays et vous comprendrez ma pensée. Il y a un climat de méfiance qui a atteint son paroxysme, hélas !!!
Avez-vous vécu personnellement des cas ?
Multiples. Je suis porteur d’un projet sur lequel je travaille depuis une douzaine d’années et qui devait s’implanter sur la berge lagunaire ouest de la capitale, Porto-Novo, et que j’ai dénommé, le Centre International des Affaires et de la Culture. La jalousie, les tracasseries administratives, la tricherie, le sabotage et les querelles inutiles de personnes ont eu raison de moi et de ce projet. Mais, je n’abandonne jamais et lorsque je suis convaincu de ce que je fais. Je travaille désormais sans relâche dans le silence de cimetière espérant changer certaines mentalités négatives et nuisibles au développement, en particulier, de la ville de Porto-Novo. J’en fais l’expérience au quotidien et le partage avec mes frères et sœurs de la diaspora. Vous savez, je suis le président du Mouvement Patriotique de la Jeunesse Panafricaine et, à ce titre, je m’entretiens et partage mes préoccupations quotidiennes avec un grand nombre de nos sœurs et frères soucieux de venir investir au pays. Mais, quelle déception !!!
A votre avis, que souhaiteriez-vous comme accompagnements ou facilités de la part de l’Etat ou des autorités gouvernementales ?
Une réelle prise en compte de nos préoccupations et un accompagnement dans l’exécution de nos projets. Je dis bien, nous accompagner ; pas nous dicter ce que nous avons à faire et surtout éviter de reporter à demain. Nous travaillons peu au Benin et n’avons jamais le temps pour ce qui parait important et concret. Nous versons toujours dans du dilatoire.
Dans quel cas précis aviez-vous connu de blocages par rapport à votre projet ?
J’ai été l’objet de blocages à répétition au niveau administratif. J’ai passé deux bonnes années à expliquer le bien-fondé de ce projet à des personnes qui sont complètement en retard sur le développement du monde actuel. Ensuite, j’ai rencontré les autorités municipales de l’époque et commis un cabinet d’architecture qui est venu faire des prospections. Enormes sont les difficultés que nous avions connues et traversées. Que de mauvais souvenirs ; je m’en souviens comme si c’était hier. Dommage pour un peuple qui aspire à un développement durable pendant que ses gouvernants refusent de voir plus loin que le bout de leur nez. Bien longtemps après, le domaine choisi a fait l’objet d’arrêté d’expropriation pour cause d’utilité publique dans des conditions calamiteuses. Allez-y voir, au regret de mes partenaires, des constructions s’érigent même sur le domaine en ce moment. C’est à croire que la mairie et les autorités de l’époque n’avaient, en réalité, aucun pouvoir décisionnel. C’est vraiment dommage mais, je ne me décourage pas et reste optimiste. La continuité de l’Etat n’est, malheureusement, pas chose réelle en République du Benin. Mais, gardons espoir, car le meilleur reste à venir.
Alors, c’est difficile d’investir au Bénin en tant que membre de la diaspora ?
Si nous devions suivre les textes, cela parait facile. Mais, dans la réalité, vous êtes confronté à d’énormes difficultés. Entre un projet et son application voire sa réalisation, il y a un grand fossé. Si la volonté d’avoir des textes juridiques en termes d’investissements bien définis, la volonté politique et l’ambition humaine ne sont pas au rendez vous, passez à autre chose parce que votre investissement court droit dans le mur. Ma génération n’a plus du temps à perdre.
Ceux qui vous connaissent, qui vous ont approché, disent de vous que vous êtes pratique et très pragmatique. Alors, que faites vous pour ?
Je ne suis pas du genre à abandonner facilement. Je suis de nature tenace lorsque c’est pour la bonne cause. Je suis en train de prendre d’autres cheminements et bientôt vous en saurez davantage.
En dehors de ce cas de déception, connaissez-vous d’autres compatriotes de la diaspora qui ont essuyé les mêmes difficultés ou déceptions que vous ? Si oui, donnez-nous un exemple?
Je me souviens de ce compatriote béninois de la diaspora établi comme avocat au barreau de Paris qui a essayé de rentrer s’installer au pays. Mais figurez-vous que les textes ne lui permettent pas d’exercer au Bénin. Il a évoqué le sujet lors de la présentation de la Fondation Cœur à Cœur à Paris. C’est Me AGBOTON. Rapprochez-vous de lui pour en savoir plus. C’est vraiment dommage parce que nous marchons à reculons.
Il y a des syndicalistes, des magistrats et même des personnalités de la société civile qui sont victimes des problèmes d’insécurité. Comment appréciez-vous ce regain de dénonciations liées à l’insécurité ?
La sécurité vient de l’insécurité. La sécurité est un domaine très large. J’ai évoqué sur une émission télévisée que la sécurité n’est pas seulement liée à la protection des personnes et des biens. Elle est aussi liée à certains services de L’Etat à travers la sécurité alimentaire, sanitaire et j’en passe. Dans notre cas, nous parlerons de la sécurité de l’Etat, des biens et des personnes. Pour le peu de temps que je viens de passer à Cotonou, selon les informations qui nous parviennent et les remarques faites sur le terrain, je pense qu’il y a une amélioration qui s’opère. Notre police s’est rajeunie et a à sa tête des cadres qui sont, à mon humble avis, le contraire des anciens aux méthodes totalement vieilles et révolues. Je veux être compris dans mes propos et je veux dire par là que ces jeunes officiers nantis de hauts diplômes sont des cadres émérites dont les prouesses en tant que commandants d’unité de l’époque, pour certains d’entre eux, avaient renforcé le capital confiance auprès des populations. Ils réfléchissent en ce moment sur le long terme aux innombrables problèmes liés à l’insécurité et n’allons pas leur demander de le faire par un coup de baguette magique. Il y a un temps pour chaque chose sous ce soleil. Nous devrions leur apporter notre soutien. Dans tous les corps de métiers, il y a toujours des brebis galeuses. Vous avez parlé des syndicalistes qui ont été battus à sang. Si vous voulez mon avis, ce comportement peu digne de certains éléments de notre police pourrait entacher le travail en cours et certainement la réputation des patrons de la police. De manière claire, je dirai que ce comportement est inadmissible et relève d’une autre école et époque. Même si les ordres venaient de la tête, il y a des méthodes modernes et bien appropriées en termes d’encadrement et de sécurisation d’une marche, fût-elle pacifique ou violente. Les syndicalistes sont nos parents et des citoyens au même titre que nos gouvernants. A ce titre, ils ont le droit absolu de marcher. Je leur conseille et recommande, au passage, si je peux me le permettre, des marches pacifiques et responsables. Encore qu’il y a des badauds qui peuvent s’infiltrer pour créer le désordre et leur en faire porter le chapeau. Nous avons connu des cas sous la période révolutionnaire. Plus jamais ça !
Mais il y a un paradoxe entre la remarque que vous faites et la situation réelle…
J’en viens. Je ne suis pas d’accord qu’on frappe des syndicalistes. Pourquoi bastonner à sang des syndicalistes ? Parce qu’ils ont décidé de marcher pour revendiquer ou réclamer leurs droits ? Empêcher les syndicalistes de marcher, s’est restreindre les libertés syndicales. Si vous les empêchez de marcher alors qu’ils ont des autorisations appropriées, vous les privez de libertés. Et si tel est le cas, vous fermez la porte à la sécurité. Si vous m’empêchez de parler, je finirai par crier et en criant, j’élèverai sûrement le ton. Alors, bonjour les dégâts. La police est dans une période transitoire, à mon avis, et tout n’est pas et ne peut être rose. Les interpellations peuvent et doivent se faire dans des circonstances plus modernes et appropriées. Je ne trouve, d’autre part, pas nécessaire de mettre à tous les coins de rue des hommes en uniforme en dehors de ceux formés pour la régulation de la circulation. Il y a des unités en amphibie qui doivent être créées pour les interventions à caractère criminel ou autres. Dans le cas actuel, la compagnie républicaine de sécurité est mieux entrainée et aguerrie pour gérer ce genre de manifestation. Je veux parler des marches. Je suggère aussi une démilitarisation de nos rues parce que cela donne l’air de vivre en état de siège.
Vous dites qu’aujourd’hui c’est mieux que par le passé. Mais, ce que nous remarquons en ce qui concerne la situation vécue par le juge Angelo Houssou, c’est qu’il avait un service de sécurité, une filature constate et pourtant, ils ne sont pas arrivés à l’empêcher de sortir du territoire ?
Je reviens à nouveau en arrière pour vous dire que j’avais évoqué le cadre professionnel des nouvelles autorités de la police, selon mes observations. Attention à vouloir politiser la police qui est un corps technique dans le domaine sécuritaire. Je me pose la question de savoir si la grande muette y compris la police, qui est un corps paramilitaire, est restée vraiment une grande muette. Je trouve qu’elle parle trop en termes d’actes. Trop même à mon avis.
Pourquoi ?
Réunions du haut commandement à tout bout de champs. Ne voyez-vous pas les agissements de certains de nos compatriotes en tenue. Le zèle et la politique les ont transformés en Django invincibles. Dans le cadre de la police, il y en a qui se croient tout permis. Faites un tour la nuit dans nos deux villes – Cotonou et Porto-Novo, pour ne citer que celles-là et vous vous rendrez compte. Je peux vous garantir qu’il y en a qui ne méritent pas de porter cette tenue. Leurs méthodes de travail ressemblent à celles attribuées à l’armée. Donc, comprenez qu’il y a des ratés et ce sont des faits réels. Par contre, il y en a aussi qui ont une attitude totalement républicaine, donc à féliciter. Comprenons que nos mentalités doivent aussi évoluer par rapport à notre environnement et à nos réalités. Si nous voulons une armée et une police républicaines, il va falloir éviter de les politiser.
Parlant des questions liées à la sécurité de l’Etat, donc du Président de la République, nous avons remarqué que ce dernier se déplace ces derniers temps avec des chars. Comment appréciez-vous cela ?
J’ai fait mes cours d’officier en Libye. J’ai été formé dans l’une des plus redoutables Unités de combats d’élites libyennes, les Forces Spéciales. J’ai pour spécialité la protection de personnalités à hauts risques. A mon avis, nous n’avons pas besoin de tout ce cinéma. Pour moi, c’est du cinéma.
Ah oui ?
Les professionnels en la matière savent de quoi je parle. Je me répète. C’est du cinéma.
Ce n’est pas pour semer la peur chez les populations ?
Passons à autre chose, s’il vous plait. C’est une perte de temps.
Il en a besoin, non ?
Le peuple béninois a dépassé l’étape consistant à se laisser intimider. Il est plus aguerri que vous ne le pensez, chers amis. Qui veut tromper qui ? Ces Béninois que vous voyez dans la rue-là ont déjà eu, dans le passé, à faire face aux chars sous le régime révolutionnaire. Je suis en partie un produit de la révolution et je l’assume entièrement. Nous sommes des hommes de conviction. Mon Père ne s’est pas transformé en pseudo-démocrate au lendemain de la fin du régime révolutionnaire. Il a fortement capitalisé une grande expérience dans la gestion de la cité aux côtés du respecté Général Mathieu Kérékou. Le jour où ce peuple sera poussé à l’extrême, vous serez surpris de voir une révolution des sandales contre des chars et des armes. Et elle quittera nos campagnes. La présidence de la république est la propriété du peuple béninois et il y envoie qui lui plait. Une fois sur place, il l’opprime et le brime. Drôle de manière de dire merci.
Cela veut dire que vous vous imaginez des choses ?
Je ne m’imagine rien. Je suis consultant et expert en problématiques liées aux questions de sécurité. J’ai déjà dit dans une émission de Canal 3 Monde que « les politiques nous poussent à l’insécurité ». La loi de cause à effet dit quoi : que tout acte produise des effets, selon qu’il ait été posé en bien ou en mal. Si je vous serre le col tout de suite ! Quelle serait, selon vous, la réaction de vos collègues ? Je pense que je me retrouverai face à vous tous. Mieux, si cela se passait dans la rue vous comprendrez. Vous victimisez un citoyen et tout le peuple se range de son côté. C’est typiquement béninois, ça. N’oublie pas que le peuple béninois est un peuple épris de paix, de justice et d’équité. Quiconque voudra troubler sa tranquillité ou lui marcher dessus le verra en face. Les exemples sont légions. Vous me connaissez particulièrement comme un partisan de la non-violence. Et vous le remarquez d’ailleurs dans mes interventions, il est hors de question qu’on fasse pousser notre paisible pays dans des situations sans lendemain. Arrêtons d’intimider les citoyens, les opérateurs économiques, les syndicalistes, les membres de la société civile et j’en passe !! Parce qu’à défaut d’avoir à les gouverner, ils ne pourraient gouverner des arbres, des moutons et je ne sais quoi d’autres.
On peut s’imaginer que vous nourrissez des ambitions politiques !!! Que pensez-vous de l’actuelle gouvernance ?
(Rire) Nourrir des ambitions politiques ? En quels termes ? Je ne suis pas candidat aux élections présidentielles. Il y a des gens mieux aguerris pour cet exercice.
Nous remarquons de nos jours que le Nigeria, notre voisin de l’Est, est un pays en proie, de façon permanente, à la violence avec la secte Boko Haram qui sévit tous les jours. Est-ce que le Bénin est épargné des frappes de ce groupe terroriste ?
J’ai dit sur une émission de Canal 3 Monde en avril dernier que la meilleure défense, c’est l’attaque. Avant que ce phénomène du terrorisme qui sévit au Nigéria ne s’étende et se propage à toute l’Afrique et au Bénin, en particulier, ceux-là qui en ont les moyens financiers, matériels et en ressources humaines de qualité devraient se lever pour dire non. Est-ce que c’est le cas ? Dans cette émission, je me plaignais des incessants sommets des chefs d’Etats, de gouvernements et de délégations sans grands résultats. Dans le cadre du Mali, imaginez-vous cette guerre-là sans le Tchad ? Les forces spéciales tchadiennes sont réputées pour des combats en zone surtout désertique. N’eût été leur participation, nous serions, par les temps qui courent, en train de chercher certainement refuge dans un pays de la sous région. Les Français ne connaissent pas l’Afrique comme ils le prétendent. Ils ne connaitront jamais l’Afrique aussi mieux que nous et prenons garde ; car, cela n’arrive pas qu’aux autres. Il y a 48 heures, le président nigérian a fait un recadrage à la tête de son armée pour insuffisance de résultats. Si le grand voisin peine à mettre un terme aux agissements de cette secte armée malgré tous les moyens déployés, permettez-moi de voir le pire s’agissant de mon pays et souffrez que je vous dise que, nous devons nous préparer à défendre la nation ou, pour certains, prendre la tangente par Hillacondji.
Vous êtes expert en sécurité. Que peut faire le Benin, aujourd’hui, concrètement, pour que notre passivité ne nous crée pas de problème ?
Cette question devrait être posée à nos gouvernants dont les fonctions sont particulièrement liées aux questions de sécurité. Le renseignement est la clé du chef. C’est ce qui m’a été enseigné à l’école.
Vous pensez que les renseignements béninois fonctionnent bien ?
(Rires) Vous me faites rire.
Pourquoi ?
Vous ne remarquez pas que dans notre pays, personne n’est au courant de rien. Je me demande s’il existe. Excusez-moi, je vous dis les choses crues tel que je les vis. Vous me demandez si les renseignements béninois existent. A mon avis, notre police devrait avoir un service de renseignement propre à elle. Est-ce le cas ? L’armée en avait un. Est-il toujours fonctionnel et opérationnel ?
La DSLD ?
La DSLD n’est pas un produit de l’armée béninoise. C’est du renseignement tout court. Dans le domaine du renseignement, il y a plusieurs secteurs. Nous comptons parmi tant d’autres, le renseignement documentaire, le renseignement tacite, le renseignement d’écoutes, etc…. Faudra-t-il des moyens pour le faire ? Et, une fois bien renseigné, il faut élaborer des méthodes pour faire face à la menace qui est en face. Les anciens de la DSLD, je veux dire ceux-là qui ont été très bien formés ont été renvoyés du secteur depuis 2006. C’est une erreur. Pareil pour la sécurité présidentielle. Les erreurs sont légions. Nos dirigeants, à mon avis, ne sont jamais informés ou font semblant de ne pas l’être.
Revenons sur ces groupes terroristes. Comment fonctionnent-ils ?
Je ne suis pas participant à ce genre de groupes et je n’en ai pas l’intention. Je ne saurais vous dire leurs méthodes de fonctionnement. Je peux, par mes observations, remarques et enquêtes vous dire qu’ils ne sont, en tout cas, pas mieux formés que nos officiers. Ils sont habiles d’après mes remarques et agissent par effet de surprise. Ils ont, pour certains, du matériel de guerre performant récupéré dans certains pays en guerre ou achetés dans des trafics. Dans le cadre du Mali, la plupart des armes saisies sur ces gens sont libyennes. A ce sujet, d’ailleurs, je me pose une question : il y aurait une arme extrêmement nuisible de destruction en disparition, selon les autorités libyennes dont le nombre s’élèverait, à ce jour, à trois cent pièces. Un seul tir de cette fameuse arme réduirait à coup sûr votre immeuble en poussière. Où sont passés ces armes ? J’essaie aussi de comprendre pourquoi ces groupes terrorisent les populations ? Que défendent-ils et quelles sont leurs revendications parce que, pour moi, il est hors de question de parler de la religion musulmane avec ces gens-là. La religion musulmane a fini ses guerres. Prendre comme prétexte ou revendication la religion serait une vue de l’esprit. A mon avis, nous parlerons de Jihad si et seulement si, la Kaaba ou le mausolée du prophète Mahomet (bénédictions et paix sur lui) est attaqué. Est-ce le cas ? Comment comprendre que les gouvernements qui sont en guerre contre ces nébuleuses sont parfois obligés de négocier voire payer des rançons pour récupérer des otages !!! Il y a là, à mon avis, quelque chose de pas clair. Imaginez-vous qu’il est même interdit à certains expatriés de se hasarder dans des zones bien délimitées par ces Etats en guerre contre le terrorisme et que, certains de leurs compatriotes trouvent l’opportunité de se faire remarquer, dirais-je, de se faire kidnapper ! Bizarre non ? Etonnant n’est-ce pas !!!
C’est un débat international, non ?
Certainement parce qu’il s’agit du terrorisme. Mieux, pourquoi l’armée française ne permet-elle pas à celle du Mali de rentrer à Kidal ? Mystère !!! Que nous cache-t-on ? Le terrorisme n’a pas de frontières. J’ai été, par des langues fourchues, donné pour mort à Gao dans cette histoire de terrorisme au Mali alors que j’étais tranquillement en France. Il m’a fallu plusieurs interviews pour donner une preuve de vie et prouver mon innocence. Des enquêtes ont été diligentées au sommet de l’Etat pour savoir si c’était moi parce que certains faisaient croire que j’étais aux portes du Niger. Aberrations et pertes de temps.
Oui, certaines informations de l’époque vous donnaient pour mort. Vous dites que certaines enquêtes ont été diligentées au plus haut niveau ? La preuve ?
Je ne suis pas du genre à raconter des salades. Descendez l’avenue Ganhi et vous trouverez certainement au siège de la Police nationale, son Directeur général, en la personne de Louis-Philippe Houndégnon auprès duquel vous aurez des détails. C’était une affaire d’Etat. Je ne suis et je n’ai aucune vocation pour le terrorisme. Je suis un citoyen libre de pensées qui connait ses droits et devoirs. Les terroristes sont ceux-là que vous voyez tapis en brousse et dans le désert. Moi, je suis en ville et je compte y rester.
Parlons politique. Vous êtes franco-béninois ?
Non, je ne suis pas Français et je ne veux plus y prétendre. Je suis Béninois et j’entends le rester.
Vous vivez en France depuis combien de temps et avez-vous perdu certaines habitudes béninoises?
Depuis quatorze ans. Je suis titulaire d’une carte de résident. Oui, les mauvaises habitudes m’ont quitté. Je suis et reste Béninois quand même.
Parlons de nouvelles méthodes de circulation à Cotonou, en général, qui consiste à faire passer les cyclistes sur la piste cyclable et les véhicules sur la grande voie. Comment appréciez-vous cette nouvelle méthode de la police ?
Je pense du bien et du mal de cette méthode. Du bien parce que cette méthode épargne nos cyclistes des accidents de la circulation et du mal parce que, trois mois ne sont pas suffisants pour prévenir et éduquer nos populations. Il fallait procéder autrement.
Que voulez-vous dire par là ?
La police aurait dû commencer par une régularisation des cyclistes en collaboration avec le Centre National de Sécurité Routière. Faire mettre à jour les documents des motocyclistes. Je veux dire, carte grise, plaque d’immatriculation, assurance et, à la fin, le permis de piloter un engin à deux roues et ce, sur une période d’un an. En second, se donner une période de trois mois de réflexion et de bilan de la première étape durant laquelle les retardataires devraient prendre leurs responsabilités. Ne surtout pas occulter, durant tout ce temps, la vulgarisation par des campagnes de sensibilisation. Je n’oublie pas de rappeler ici que nous sommes un peuple têtu et que nous devrions apprendre à être patients et surtout à avoir des comportements républicains. Durant toutes ces reformes de la police, il faudra, en urgence, que le Ministère des travaux publics et des transports prenne ses responsabilités en élargissant les pistes cyclables pour fluidifier le trafic, en créant d’autres et surtout en dégageant celles sur lesquelles sont érigées, boutiques et autres cabanes ? La mairie a son rôle à y jouer. Ce sont des propositions. Je demanderais, très respectueusement, au DGPN de revoir sa copie. Car, trois mois de sensibilisation ne suffisent pas. Nous autres cyclistes devrions aussi faire recours aux bonnes manières.
Mais, le DGPN veut des résultats immédiats
Le DGPN veut des résultats immédiats et je suis de son avis. Mais, il faut faire recours à des normes et le résultat positif viendra. Est-ce que nos pistes cyclables répondent aux normes ? Prenez Cotonou et Porto-Novo. Si vous en revenez tous les soirs ou que vous y êtes en partance, c’est une grogne au-delà des attentes. Je suis sortie deux fois à moto pour vivre ma propre expérience. Une troisième fois, à 17 heures, en voiture jusqu’à hauteur du carrefour le Bélier à Agblangandan. J’ai garé ma voiture et suis resté en observation pendant deux heures. Faites-y un tour !!! L’idée est bonne, mais l’application rêvait des complications énormes du fait des insuffisances constatées.
Comment appréciez-vous la gouvernance depuis votre retour au pays ?
C’est un bordel. Et oui, vous m’aviez bien entendu ? Une véritable salade de fruits. A ce niveau-là, vous me permettrez de dire que je ne suis pas fier d’être Béninois. Je suis responsable et ne verse pas dans la pagaille ou dans l’à-peu-près. La médiocrité n’est pas ma tasse de thé. Je fais un métier à risque et mon épouse que vous voyez en face de moi, ici, dans cette salle en sait quelque chose. De grâce, ne me parlez pas de ceux-là qui n’ont pas ce souci ni la crainte du bien public. Dans mon métier, j’ai l’obligation de protéger celui qui m’a engagé. S’il tombe, c’est sûrement que je suis déjà couché. Alors, ceux qui pensent qu’ils n’auront aucun compte à rendre se trompent. Ils nous ont parlé, entre temps, d’obligations de résultats et de compte rendu, n’est ce pas ? Attendons de voir !
Vous semblez plus révolté au pays qu’à l’extérieur
Au pays, je suis plus proche de la réalité. Je regarde, j’écoute et j’analyse. Mais de l’extérieur, j’ai besoin de beaucoup plus de précisions ? A notre Assemblée nationale, haut lieu du savoir politique, il y a des députés dont la présence ne vaut pas la peine. Je ne citerai pas de nom. Il y en a aussi qui sont des mouvanciers et opposants circonstanciels. Comment ont-ils pu arriver dans ce haut lieu du savoir politique ? Vivement 2016 !!!
Vous n’avez jamais connu la peur ?
Si, celle-là de perdre la foi en Dieu. Le reste n’est qu’humain. Je le crie haut et fort, je n’ai pas peur d’interrogatoire de police et autres services. Je ne me sens pas intimidé par leurs méthodes si c’est ce que vous voulez savoir.
La prison par exemple…
(Rires) J’ai connu des moments de détentions après certains événements qui ont fait trembler la nation. Je ne suis plus de ceux qui n’assument pas ce qu’ils font. Epargnez-moi des détails.
Vous avez été aux élections de mars 2011 et que pensez-vous de la Lépi ?
J’ai été aux élections de Mars 2011 aux cotés du candidat Abdoulaye Bio Tchané. J’étais son coordonnateur sécuritaire durant une certaine période. J’ai fait mon job et je suis parti. Parlant de la Lépi, les Béninois de la diaspora se sentent écartés. Il nous parait probable que tout semble se faire pour ne pas aller aux élections prochaines. La preuve, les communales n’ont toujours pas été faites. Cette Lépi existe vraiment ?
Qu’en dites-vous ?
Nous disons avoir réalisé une Liste électorale permanente informatisée. Où est-elle et qui en détient les clés ? Il devrait y avoir publication de cette liste électorale, n’est-ce pas ? Qu’en est-il ? Le Niger qui a réalisé la sienne bien après nous l’a publié. Le Burkina et d’autres. Si cette Lépi est bien réelle, certains Béninois de la diaspora qui disent comme moi avoir été enrôlés souhaiteraient sa publication. Les élections sont un devoir constitutionnel et refuser de les organiser à bonne date est une parjure. Mieux, nous avions entendu la haute l’autorité dire à l’Assemblée nationale le 31 décembre 2012 que les élections municipales seront organisées à bonne date alors que le budget exercice 2013 ne les prenaient pas en compte. Qui veut-on tromper ? Cette manière-là de faire la politique hypothèque l’avenir de nos progénitures. Réveillons-nous et faisons de la LEPI notre quotidien. Certains députés abondent dans ce sens. En tant qu’homme de sécurité, je pense qu’il y a des risques énormes qui se profilent à l’horizon du fait du non respect des dates des élections. Soyons plus que vigilent, car, des situations de ce genre ont déjà créé et semé le désordre dans d’autres Etats africains. A défaut de moyens, je lance un appel à une solidarité nationale en vue de collecter des fonds pour une vraie LEPI. Je reste confiant que les Béninois, dans un élan patriotique, donneront, chacun, leur part à la seule condition que cette collecte soit organisée, à mon avis, par des membres de la société civile. Je serai le premier à y participer financièrement.
Vous voulez demander aux Béninois de cotiser pour corriger la LEPI ?
Oui, je suis de cet avis. Mais je précise que cette collecte de fonds et sa gestion devraient être confiées à la société civile. Dans un souci d’apaisement, il faudra le faire puisqu’il nous est souvent dit que l’Etat n’a pas les moyens !!! Mais, dites-moi, l’Etat, c’est qui ? Vous et moi, certainement, sans oublier nos sœurs et frères qui sont en dehors de cette salle et sur toute l’étendue du territoire national. Cette histoire doit être dépolitisée. Ce qui nous permettra d’avancer. Revenons un peu sur la gouvernance du pays. En 2006, quand le candidat Boni Yayi allait aux élections, qui étaient ses véritables hommes et collaborateurs ? Je veux dire ses hommes de mains ? Etait-il entouré des hommes qu’il fallait et qu’il connaissait mieux pour mener à terme sa mission ? A mon avis non et suis prêt à le proclamer. Tout le monde se réclamait de lui. Vous voyez, diriger un pays n’est pas chose facile. J’en ai vu faire et je vous assure, c’est pénible. Mais, pour le faire, il faudra nécessairement reposer sur une équipe patriote et combattante. Est-il entouré des hommes qu’il faut pour l’accompagner vers la fin de sa mission ? Je continue de me poser cette question. Un dirigeant a besoin d’être entouré d’une bonne équipe, diversifiée et connue de lui, capable de l’aider à réaliser son programme. La troupe doit être à l’image de chef, dit-on !!! Hélas. A lui aussi d’avoir le sens de l’écoute et de la sagesse. Suivez mon regard !!!
La faute à qui ?
Au chef évidemment. C’est lui nomme et dans le cas d’espèce à tout va !!! Nous sommes à un tournant de la vie politique, économique et sociale de notre pays ; des vérités doivent être dites à nos gouvernants actuels et surtout aux futurs et moi, je les exprime en ces termes-là. Car, Refuser de subir, c’est passer à l’action. L’action dans la non violence et dans le respect des lois et réglementations en vigueur dans notre pays. Respectons notre constitution et nos institutions.
Donc, la gouvernance actuelle est un échec ?
Sur 75% de sa ligne. Un échec lié à cette cacophonie qui consiste à nommer à tout bout de champ et sans concertation aucune à des postes de responsabilité, de créer des institutions au gré du vent et sans fondement aucun avec à la clé, des retraités d’une autre époque. Que sont devenus les audits ? Vous en avez les résultats, vous ? Qu’est devenue la lutte contre la corruption malgré toutes les recommandations du Front des Organisations de Lutte contre la Corruption ? Mon pays est devenu un pays à scandales financiers et d’affaires calamiteuses parmi lesquelles : le nouveau siège de l’Assemblée nationale, le scandale des machines agricoles, le scandale de l’OBCN, le scandale de la centrale électrique de Maria Gléta, le scandale CEN-SAD, le scandale de l’avion présidentiel, le scandale de la SBEE, le scandale de la Sonacop, le scandale de la CNSS, le scandale du recrutement des agents permanents de l’Etat, le scandale de l’ORTB, le scandale de ICC-Services, le scandale du port sec de Tori, etc… et j’en passe !!! Pourriez-vous, honnêtement, me dire, la main sur le cœur, chers sœurs et frères que vous êtes fiers de cette gouvernance ? A mon avis, non. Les scandales sont kilométriques et attendons 2016 pour un bilan définitif.
L’Assemblée nationale vient de rejeter une décision de la Cour constitutionnelle. C’est une première. Comment analyser vous cela ?
Ecoutez, je ne sais pas faire de la politique politicienne. Surtout, prenons garde de rentrer dans ce ping pong politicien. Ils en seront tous responsables devant l’histoire.
Oui, mais les députés contestent une décision de la Haute juridiction dont les décisions, en réalité sont sans recours ?
Cette cour a connu de grandes amazones et a été dirigée d’une main de fer. Quand des décisions de justice sont rejetées et même bafouées par le gouvernement et son chef, que certaines institutions ne sont pas respectées dans leur rôle de contrôle de l’action gouvernementale, acceptez qu’il y ait ce ping pong. La séparation des pouvoirs et le respect des institutions ne sont que de vains mots en République du Bénin. Ne nous attardons pas sur ce théâtre. Car, ils savent ce qu’ils font. Il y a de nombreux intérêts en jeu.
Vous êtes de Djougou par votre père El Hadj Adamou Amzat qui n’est plus à présenter. Que pensez-vous de la gouvernance locale ?
N’évoquons pas le cas de Djougou parce que cela me rends davantage triste. Faites-y un tour, et vous vous rendrez compte de ce que, la pierre laissée depuis 2006 est toujours là au même endroit.
S’il était donné d’être à leur place ?
Je ne peux l’être parce que rien ne le présage, pour le moment. Je suis consultant et spécialiste de questions liées à la sécurité. Je travaille déjà. Je ne suis pas à la recherche d’un poste quelconque. Si le président de la République fait bien, ne vous attendez pas à ce que je le critique. S’il fait mal, je ne ferai non plus dans la dentelle. Je ne ressemble pas à ceux-là qui sont des spécialistes de retournements spectaculaires de veste. Je reste égal à moi-même ; libre de penser et de choisir. Il y a des blogueurs chevronnés qui critiquent et apprécient les différentes actions du Chef de l’Etat et de son gouvernement. Il y en a d’ailleurs un dans cette sale. Il y a un journaliste qui, a défaut de lui permettre d’exercer son métier est devenu un éminent blogueur. Attention à restreindre les libertés, car cela devient une dictature.
Il y a un Béninois de la Diaspora qui est prétendant au fauteuil présidentiel, un certain Alapini. Êtes-vous informé ?
Oui et c’est un choix. Je me demande comment fera-t-il, à moins de vouloir passer pour un figurant.
Etes-vous toujours avec ABT ?
Que voulez-vous dire par ‘’être avec ABT’’ ? Je suis un homme totalement libre de pensées et d’actes et je ne cesse de vous le répéter. Si je me mets à ses côtés, cela voudra-t-il dire que j’accepterai tout ce qu’il dit et fait. Je ne suis pas manipulable, chers amis. J’ai passé le cap d’être béni oui oui. J’avais reçu comme mission, durant la dernière campagne présidentielle, d’organiser et de coordonner l’équipe de protection. C’était ma mission et rien d’autre.
Donc, vous pouvez voter contre lui ?
Si son programme est bon, je voterai pour lui. Ma mission n’était pas de faire de la politique à ses côtés, mais de le protéger. Pareil pour l’actuel président en 2006.
Si après cette causerie, le président Boni Yayi vous appelle, que pourriez-vous lui proposer pour le peu de temps qu’il lui reste à faire à la tête de notre pays ?
Je lui demanderai de me faire l’honneur de venir en délégation parce qu’il y a des personnes qu’il doit écouter. Je n’irai pas pour un poste quelconque.
Et vous allez lui dire quoi ?
Tout ce que je viens de vous dire, sans exceptions aucunes, c’est-à-dire que ça ne va pas !!!
Que sa gouvernance est nulle ?
Une hirondelle à elle seule ne fait pas le printemps. Et pourquoi pas. Certains qui ont travaillé avec lui ont eu le courage politique de le dire au Général Kérékou en 1988. Aller dire au président qu’il devrait revoir la gestion de la cité parce qu’elle est nulle n’est pas une insulte. Robert Dossou l’a fait à travers la commission Amoussou Kpakpa en 1988. Ce qui a permis au président révolutionnaire de l’époque, de dissocier le parti de l’Etat. L’histoire parait courte mais ne l’oublions pas. Le Général Kérékou ne l’a pas perçue comme une insulte. Alors, évitons aussi de verser dans l’agressivité négative.
Et cette délégation, qui la composera ?
Elle sera composée d’une flopée de jeunes parce qu’en réalité, c’est de nous qu’il s’agira.
Certaines personnes prétendent que le président Boni Yayi ne partira pas. Êtes-vous de cet avis ?
Je suis légaliste et m’en tiens à la constitution. Que dit notre constitution. Deux mandats non renouvelables. Point. A ce sujet, le débat est clos. Tout le reste n’est qu’agitation et cinéma. Il faut amener le président à terminer son mandat ou s’il en a marre, qu’il demande à démissionner. Démission n’est pas béninoise et je ne pense pas qu’il le fera. Par contre, ce n’est pas une honte de démissionner.
Est-ce que vous faites un lien de cause à effet entre la situation qui flambe de plus en plus, et une certaine tentative, peut être, de rendre impossible l’organisation des élections ?
Ne soyons pas pessimistes. Toutes tentatives de rendre impossible l’organisation des élections sera peut être liée à la non livraison de la LEPI. Il nous faut notre LEPI. Notre LEPI est où ? Si telle est que la mauvaise foi à gagner le cœur de nos dirigeants en ce qui concerne notre LEPI, alors il va falloir nous rendre la liste de 2006 et qu’elle soit mise à jour avant 2016. Le spectre de la division qui s’abat sur certains pays semble montrer ces tentacules au Bénin. Le mandat des maires est prorogé mais jusqu’à quand ? Vous n’avez pas envie d’être maire vous ? Ou vous n’en aviez pas les capacités ? Non, parce qu’il ne vous a pas été rendu notre LEPI pour vous permettre d’être candidats aux élections municipales et communales. Nous avions des fourmillements dans les pieds et nous ne demandons qu’à servir notre pays. Alors, qu’on nous donne notre LEPI pour les prochaines élections au risque d’hypothéquer l’avenir de nos progénitures par des grèves et querelles politiques.
Pour avoir connu cette calamité libérienne, qu’est-ce que cela vous fait d’assister à la montée des tensions ici au Bénin ?
Je suis contre la montée de tensions et ne supporte pas ce manque de dialogue entre nos acteurs politiques. Cela pourrait s’empirer si nous n’y prenons garde. Allons vers un dialogue communautaire dans un souci d’apaisement. J’ai connu et vécu certaines choses. Pour cela, je mets en garde à titre préventif, ceux qui menacent de faire la guerre, nous savions quand elle commence mais jamais quand elle finira. Avez-vous déjà participé à une séance de tirs ? Au moins une fois ? Si non, faites une demande au Ministère de l’Intérieur ou de la Défense pour une participation et vous aurez des prémices de mes appréhensions. En plein exercice à balles réelles en Libye, le major de ma promotion a été fauché par une balle de 12/7. J’en garde des séquelles à ce jour. Ceux qui ont connu et ont traversé des périodes de guerre peuvent en témoigner. Parfois, ils évitent d’en parler tellement c’est atroce. En conclusion, conduisons ensemble le président de la République vers une sortie honorable. Critiquons certes ce qu’il fait de mauvais et apprécions ce qu’il fait de beau et pensons à notre LEPI pour les prochaines élections. Le reste n’est que vanité. Je vous remercie.