La situation politico-sociale du Bénin interpelle en urgence toutes les institutions de la République avec en tête la Cour Constitutionnelle et l’Assemblée Nationale.
De même, toutes les forces vives de la Nation, les partis politiques, les syndicats et les autorités religieuses y compris tout citoyen sont interpellés. Face à la situation très grave, il faut contraindre le Chef de l’Etat à libérer la nation Béninoise.
La situation politico-sociale actuelle au Bénin est très grave. Et si l’on n’y prend garde, à partir du lundi 10 février 2014, les citoyens pourraient commencer à mourir par dizaine dans les hôpitaux publics. Les agents spécialisés, qui sont en grève depuis trois mois sans que le gouvernement ne leur donne de solution, menacent de renvoyer les malades et d’abandonner totalement les hôpitaux.
Dans le même temps, les atteintes aux droits des citoyens s’observent ici et là au point de positionner le Bénin sur la pente glissante d’un Etat de non-droit. Pourtant, dans le Préambule de la Constitution du 11 décembre 1990, il est écrit clairement :
« NOUS, PEUPLE BÉNINOIS,
-Réaffirmons notre opposition fondamentale à tout régime politique fondé sur l’arbitraire, la dictature, l’injustice, la corruption, la concussion, le régionalisme, le népotisme, la confiscation du pouvoir et le pouvoir personnel;
-Exprimons notre ferme volonté de défendre et de sauvegarder notre dignité aux yeux du monde et de retrouver la place et le rôle de pionnier de la démocratie et de la défense des droits de l’homme qui furent naguère les nôtres:
-Affirmons solennellement notre détermination par la présente Constitution de créer un État de droit et de démocratie pluraliste, dans lequel les droits fondamentaux de l’homme, les libertés publiques, la dignité de la personne humaine et la justice sont garantis, protégés et promus comme la condition nécessaire au développement véritable et harmonieux de chaque Béninois tant dans sa dimension temporelle, culturelle que spirituelle ;
- Réaffirmons notre attachement aux principes de la démocratie et des droits de l’homme tels qu’il ont été définis par la Charte des Nations Unies de 1945 et la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples adoptée en 1981, par l’Organisation de l’Unité Africaine, ratifiée par le Bénin le 20 Janvier 1986 et dont les dispositions font partie intégrante de la présente Constitution et du droit béninois et ont une valeur supérieure à la loi interne».
Aujourd’hui, il est donc claire à la face du monde que le Bénin vit dans une situation de régime politique fondé sur l’arbitraire, la dictature, l’injustice, la corruption, la concussion, le régionalisme, le népotisme, la confiscation du pouvoir et le pouvoir personnel. Les exemples sont légion, vu les actes qui sont posés au jour le jour et les dénonciations des forces politiques et des citoyens épris de paix et soucieux de la sauvegarde des acquis de la Conférence Nationale de février 1990 génitrice de cette constitution.
Le drame qui s’abat aujourd’hui sur la population et sur tout le pays sous le régime actuel risque de conduire les Béninois à des situations de crises exacerbées voire des affrontements sanglants.
Si face au refus du gouvernement agissant en pouvoir Exécutif, le peuple travailleur meurtri n’a d’autres solutions que les grèves perlées qui, à partir du lundi 3 février 2014, vont se généraliser avec une grève sans service minimum des agents de la santé le 10 février, il y a de quoi craindre le pire et agir pour mettre fin à l’effondrement.
Arrêter la dérive
Ce qui se passe n’a plus d’autre qualificatif qu’une dérive totalitaire. Cela est à l’antipode de l’article 7 de la Constitution qui dispose que « Les droits et les devoirs proclamés et garantis par la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples adoptée en 1981 par l’Organisation de l’Unité Africaine et ratifiée par le Bénin le 20 Janvier 1986 font partie intégrante de la présente Constitution et du Droit béninois ».
Et de l’article 8 de la Constitution qui précise que « La personne humaine est sacrée et inviolable. L’État a l’obligation absolue de la respecter et de la protéger. Il lui garantit un plein épanouissement. A cet effet, il assure à ses citoyens l’égal accès à la santé, à l’éducation, à la culture, à l’information, à la formation professionnelle et à l’emploi. » Peut-on dire aujourd’hui que l’article 16 qui dispose que « Nul ne peut être arrêté ou inculpé qu’en vertu d’une loi promulguée antérieurement aux faits qui lui sont reprochés. Aucun citoyen ne peut être contraint à l’exil » est respecté ?
Face à une telle situation, les forces politiques, les corps constitués de la Nation et les institutions de la République doivent en urgence jouer leur rôle pour ne pas être complices d’une hécatombe qui pourrait leur être fatale.
Il est urgent d’aider le Chef de l’Etat actuel à libérer la République de la hantise de la destruction d’un peuple pacifique qui se bat au jour le jour à la recherche du pain quotidien.
A chacun son rôle
Selon la Constitution du 11 décembre 1990, à l’alinéa 2 de l’article 121, « La Cour constitutionnelle se prononce d’office sur la constitutionnalité des lois et de tout texte réglementaire censés porter atteinte aux droits fondamentaux de la personne humaine et aux libertés publiques. Elle statue plus généralement sur les violations des droits de la personne humaine et sa décision doit intervenir dans un délai de huit jours».
Les sept sages veulent-ils dire qu’il n’y a rien du genre aujourd’hui au Bénin avec des personnes qui sont encore en prison malgré des décisions de justice qui les libèrent ? Un arrêté préfectoral qui semble interdire les marches à vie aux travailleurs ne pose-t-il pas problème ? Que dire des justiciables qui sont en prison simplement parce que l’administration judicaire ne fonctionne pas ? Les jets de gaz lacrymogènes qui ont blessé les travailleurs le 27 décembre 2013 n’ont-ils rien à voir avec les droits de l’homme et des travailleurs ?
Selon l’article 79 de la même Constitution, « Le Parlement est constitué par une Assemblée unique dite Assemblée Nationale dont les membres portent le titre de député. Il exerce le pouvoir législatif et contrôle l’action du Gouvernement ». Le contrôle de l’action gouvernementale autorise-t-il le Parlement à se taire sur la façon dont l’Exécutif gère la Nation où des grèves perlées se poursuivent depuis des semaines avec l’annonce de l’arrêt de tout service dans le secteur de la justice à partir de ce jour 03 février et dans les hôpitaux publics à partir du 10 février 2014 ?
Les députés ne se sentent-ils pas interpellés par devoir de sauver la patrie, pour agir plus assidument en interpellant le gouvernement et son chef ? Et le citoyen lambda, ignore-t-il l’article 36 de la constitution qui dispose que « Chaque Béninois a le devoir de respecter et de considérer son semblable sans discrimination, de renfoncer et de promouvoir le respect, le dialogue et la tolérance réciproque en vue de la paix et de la cohésion nationale ». Voilà autant de dispositions constitutionnelles qui interpellent chaque citoyen et surtout les institutions de la République qui ont le devoir de jouer leur partition pour que l’Exécutif et son chef ne conduisent pas la nation dans des situations dramatiques.
Il est urgent de freiner le refus d’apport de solutions aux préoccupations des travailleurs par le gouvernement.
Pendant qu’il est encore temps, il est urgent d’appeler voire de contraindre légalement le gouvernement à se préoccuper sérieusement de la situation de pourrissement qui s’installe. Des assises nationales pourraient être la porte de sortie pour s’écouter et trouver ensemble les solutions idoines. Car demain pourrait être trop tard.