En 2008, le gouvernement a pris un arrêté interministériel pour réglementer la circulation des camions poids lourds aux heures de pointe à Cotonou et environs. Malgré la prise de cette décision, ces véhicules continuent de circuler allègrement dans la ville aux heures interdites. Une situation qui engendre de nombreux cas d’accidents.
En vertu de l’arrêté interministériel 2008 N°051 du 26 mai 2008 portant réglementation de la circulation des véhicules gros porteurs et assimilés et des chargements aux heures de pointe à Cotonou et ses environs, les camions ne doivent plus circuler dans la capitale économique entre 06h 30 et 09h30 mn et entre 18h et 20h. Outre les tronçons routiers de Cotonou interdits à ces véhicules, il y a également les axes routiers Akassato-Cotonou ; Cococodji-Cotonou et Porto-Novo-Cotonou. Cependant, force est de constater que ces véhicules poids lourds continuent de circuler librement dans la ville, foulant aux pieds cette mesure. Un tour et on s’en rend aisément compte. Sur les axes routiers ‘’Cheminot-Port de Cotonou’’ et le ‘’Carrefour Unafrica-Etoile rouge’’, le constat est palpable. Interrogés, des conducteurs de ces véhicules ont confirmé le constat. Ils ont déclaré que malgré les efforts déployés par les policiers pour faire exécuter cette décision, la situation ne s’est pas améliorée. Pour eux, cette situation est due à l’incivisme de certains d’entre eux. « Lorsque certains sont pressés de rentrer charger au Port, ils n’arrivent plus à observer cette mesure. », a confié Pierre Amoussou, un conducteur de véhicule poids lourds « Nous avons aussi fait le constat », a renchéri le chef sécurité du Poste de Police du stade de l’amitié de Cotonou, Deen Oumorou. Si pour les forces de l’ordre, ce sont les conducteurs de ces véhicules qui sont responsables, au niveau des syndicats. Pour eux, ce sont les propriétaires de ces véhicules poids lourds qui contournent la loi. Ils ont affirmé que ces derniers soudoient les autorités afin de faire passer leurs véhicules. Pis, certains propriétaires encouragent ce mauvais comportement de ces véhicules. « Bien qu’ils sachent que la loi a interdit la circulation de nos véhicules à des heures de pointe, ils nous demandent d’aller charger au port. Lorsque nous essayons de refuser, ils menacent de nous licencier », a fait remarquer Ibrahim un conducteur de gros porteur. Pour le Secrétaire général du Cosycotrab, Ibrahim Abdoulaye, la responsabilité du non-respect de cette décision gouvernementale est partagée. Il affirme que l’attitude des conducteurs, des propriétaires y compris de certaines personnalités politiques explique cette situation.
Le non-respect de la décision, facteur d’accident
A en croire le chef service des accidents et constats du Commissariat central de Cotonou, Edgard Zola, les accidents dus au non-respect de l’arrêté interministériel sont nombreux. Ces véhiculent causent non seulement des cas d’accidents mortels mais ils détruisent des édifices publics. Pour Paulin Agossa, conducteur de taxi-moto, c’est aux heures de pointe qu’on note souvent les cas accidents, car les usagers n’arrivent plus à observer les règles de prudence. Le dernier cas d’accident, a-t-il fait observer, s’est passé le 27 janvier 2013. « Ce jour là, un camion a perdu le contrôle et a tué un motocycliste sur le tronçon d’Akpakpa Pk3 vers 18h30 mn » a-t-il déclaré. Camille Adélakou, commerçant à Abomey-Calavi affirme avoir été témoin d’un accident de camion qui a tué trois motocyclistes dans la commune en décembre 2012. « Aux heures de pointe, la circulation est dense. Si les camions doivent encore circuler à ces moments alors que leur système de freinage pose problème, on ne peut qu’enregistrer des accidents », a déclaré Edgard, conducteur taxi-ville.
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Les cas d’exception
Selon le commissaire Zola, il y a certains véhicules poids lourds qui ne sont pas concernés par la décision. Il y a en effet ceux qui sont chargés d’approvisionner le Port et l’Aéroport en hydrocarbures et ceux qui transportent les denrées périssables tels que les yaourts, les produits congelés. Pour ces camions, les axes routiers à emprunter sont bien précisés dans la décision. « En dehors de ces véhicules, il peut arriver que le ministre donne des autorisations à certains véhicules qui sont impliqués dans la construction des grands travaux dans la ville. Seuls ces véhicules poids lourds ont une autorisation de circuler », a fait remarquer le commissaire centrale, Louis-Philippe Houndégnon. Malheureusement, ces derniers n’observent pas les règles de bonne conduite de la circulation. « Si ces camions respectaient la mesure, on enregistrerait moins de cas d’accident. Le fait de braver cette décision gouvernementale aggrave les risques d’accident sur les axes routiers de Cotonou », a déploré un sapeur pompier en service à Cotonou.
Mesures prises par la Police
Face à la situation, le commissaire centrale de Cotonou, Louis Philippe Houndégnon a dévoilé les dispositions prises pour sanctionner les contrevenants. « Dès que les policiers postés à divers carrefours de Cotonou surprennent ces véhicules, ils les arrêtent, les verbalisent et procèdent à leur retrait de la circulation. En cas d’accident, nous exigeons parfois des réparations sur place. Nous procédons ensuite à une vérification qui est attestée par la direction générale des transports terrestres. Normalement, les camions qui sont hors d’usage ne doivent plus circuler », a-t-il mentionné. En ce qui concerne les camions stationnés anarchiquement sur la voie publique, les policiers postés aux carrefours des voies doivent les dégager conformément aux dispositions de la décision. « Si entre temps, on a noté une certaine flexibilité des policiers dans l’application de la mesure, tel n’est plus le cas aujourd’hui, puisque le Directeur du Port nous a fait comprendre que la situation conjoncturelle qui nous empêchait d’agir est réglée. Donc, il n’y a plus de raison que les camions stationnent au bord des voies. Aujourd’hui en dehors des camions qui sont en panne, il n’a plus de gros porteurs en stationnement sur les chaussées » a-t-il déclaré.