Les élections communales municipales et locales accusent du retard. Mais les élus locaux ne se plaignent guère. Ils mettent à profit cette prolongation pour baliser le terrain politique.
Depuis quelques semaines, il n’y a plus de jours où on enregistre de descentes d’élus locaux dans les quartiers de ville et villages. Ils multiplient les gestes de générosité envers les populations surtout celles démunies. Toutes les occasions sont mises à profit pour réaliser ces actions, lesquelles en d’autres temps auraient moins d’importance. Mais parce que ces élus se trouvent en fin de mandat, ils pèsent et soupèsent tous leurs faits afin d’atteindre l’objectif caressé : la réélection. Ainsi, la journée internationale de la femme a été une occasion pour plusieurs Conseillers communaux de poser des actes intéressés à l’endroit des groupements féminins. A Cotonou, le Premier adjoint au maire est tous les jours au contact des populations. L’autorité conduit les travaux de rechargement de voies, lance les programmes de soutien aux écoliers et affiche non sans prétention sa détermination à soulager les difficultés qu’affronteront ses administrés lors de la prochaine saison de pluie. Une stratégie bien pensée. A Sèmè-Podji, le maire Mathias Gbèdan a choisi pratiquement la fin de son mandat pour marquer les populations. Il a volé il y a de cela quelques jours au secours de certains établissements scolaires installés de zones déshéritées. Le maire entend visiblement "instrumentaliser" ses partenaires et certainement ceux de la Commune pour réaliser ses objectifs. L’homme connu pour ses extravagances a promis devant élèves et professeurs et bien entendu caméras de renforcer ses actions. Ce n’est pas anodin. A Abomey-Calavi, comme à l’accoutumée, le maire Patrice Oussou Guèdè apporte son soutien à la promotion des religions endogènes. Il s’est une fois encore distingué, il y a une quinzaine de jours, lorsque les animistes ont organisé des cérémonies de purifications publiques. Il s’est affiché aux côtés des chefs de couvent qui drainaient derrière eux une foule à travers la ville d’Abomey-Calavi. Les grands moyens n’ont pas manqué à cette occasion. Un geste plein de symboles, ont commenté à juste titre des observateurs. En effet, ces sorties jugées souvent sans importance retiennent pourtant l’attention des populations. Les exemples sont aussi légion dans les parties septentrionale et méridionale du pays.
La campagne électorale durera longtemps…
Si les Béninois ne doivent plus s’étonner de ces initiatives politiques improvisées parce que se déroulant à la veille de tout scrutin, cette année, la donne changera. La campagne électorale durera assez longtemps que prévu. A tout le moins, la campagne officieuse. En effet, alors que les élections devraient se tenir en mars ou avril au plus tard, le processus devant y conduire est toujours bloqué. Le cadre légal qui doit régir les opérations électorales reste encore à définir. Et si la session extraordinaire du Parlement qui s’ouvre le 25 mars prochain est jugée décisive pour l’organisation de ces élections, a priori, rien ne garantit que les députés domineront leurs divisions pour adopter dans un délai raisonnable des textes précis et bien adaptés à ce scrutin qui ne manque pas d’enjeux. Face à ces incertitudes, il est clair que les élus locaux qui se sont lancés dans une campagne électorale précoce l’animeront durant le temps que mettra l’Assemblée nationale pour faciliter l’actualisation de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) et voter le code électoral. Or, cela risque de fausser le jeu politique car les élus locaux candidats à leurs propres successions n’ont certainement pas la même force de persuasion notamment les mêmes capacités financières.
A T