Les négociations entre le gouvernement et les responsables des confédérations et Centrales syndicales n’ont pas bougé d’un seul point hier mercredi 5 février comme l’espérait plus d’un. Faute de consensus, les deux parties sont reparties de l’INFOSEC comme elles étaient venues.
Par Josué F. MEHOUENOU
«Les problèmes de forme ont été réglés et dans les soixante-douze heures nous allons nous revoir avec la même commission, la commission d’aujourd’hui que nous appelons la commission ad hoc autour des principaux sujets et nous allons maintenant rentrer dans le fond des doléances qui ont été présentées». Ainsi s’exprimait le ministre d’Etat en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MEESRS), François Abiola, à sa sortie de la salle de négociation avec les responsables des confédérations et Centrales syndicales signataires des motions de grève qui paralysent actuellement le pays. Ces propos qui ont l’air rassurant contrastent avec les déclarations des responsables syndicaux qui eux, estiment qu’il n’y a pas eu d'avancée.
Selon les responsables des confédérations et centrales syndicales en grève, le gouvernement reste campé sur sa position. «On constate réellement que c’est le gouvernement qui maintient la tension. Que c’est le gouvernement qui ne veut pas résoudre les problèmes parce que se réunir après l’échec du lundi dernier et aujourd’hui ne pas amorcer les revendications, les éplucher et trouver des solutions pour une décrispation, je pense que c’est le gouvernement lui-même qui veut qu’il y ait tension sociale dans notre pays», s’est offusqué pour sa part Laurent Mètognon, secrétaire général de la Fédération des syndicats des finances (FESYNTRA-Finances).
Selon les recoupements qui ont été effectués, les propositions faites par le gouvernement n’ont pas reçu l’assentiment des responsables confédéraux des syndicats.
En effet, le gouvernement dans ses propositions aurait souhaité que les trois points soulevés par les représentants de la classe ouvrière à savoir, le limogeage du préfet de l’Atlantique/Littoral et du commissaire central de la ville de Cotonou, puis la restitution des frais défalqués pour fait de grève et l’annulation du concours de recrutement organisé au profit du ministère de l’Economie et des Finances et jugé frauduleux soient reversés aux revendications en attente au niveau du Cadre de concertation et de négociations collectives gouvernement-syndicats. Mais cette proposition n’a pas rencontré l’adhésion des syndicalistes qui ont argumenté sur deux éléments essentiels. Selon leurs confidences, une telle proposition ne peut pas être acceptée.
Car, les trois revendications, selon eux sont spécifiques et ne font pas partie des points précédemment inscrits à l’ordre du jour des rencontres entrant dans le Cadre de concertation et de négociations collectives gouvernement-syndicats.
Ensuite, estiment les représentants des travailleurs, tous les ministres présents à la rencontre d’hier, de même que la FESYNTRA-Finances ne sont pas membres de ce Cadre de concertation et de négociations collectives gouvernement-syndicats. Ils ont rejeté également cette proposition parce que disent-ils, les centrales syndicales à savoir l’Union nationale des syndicats des travailleurs du Bénin (UNSTB) et la Centrale des syndicats unis du Bénin (CSUB) qui ne sont pas concernées par les trois points de revendication précités, seront au rendez-vous lors desdites négociations.
Pour les responsables syndicaux, la démarche des médiateurs est d’obtenir la suspension du mouvement de débrayage en cours. Pour cette raison, ils estiment qu’il va falloir satisfaire aux revendications qui sont à sa base. Enfin, ceux-ci estiment que le gouvernement ne joue pas franc jeu avec eux.
Il faut rappeler que lors de la rencontre du lundi dernier, c’est la présence des secrétaires généraux de l’UNSTB et de la CSUB que les responsables des Confédérations et Centrales en mouvement de grève ont brandi comme préalable à vider avant toute négociation.
Hier, ce préalable étant réglé, c’est le manque de consensus autour du cadre de négociations qui a bloqué à nouveau les débats.
Le deuxième round des négociations entre le gouvernement et les responsables des organisations syndicales s’est donc soldé par un échec et les regards sont tournés vers les prochaines assises, prévues dans 72 heures, avec l’espoir que celles-ci permettront d’obtenir des avancées.
Pascal Todjinou,
Secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Bénin (CGTB)
«Le gouvernement est dans son dilatoire. Dans la note qu’il avait adressée aux confédérations et Centrales, le gouvernement a indiqué qu’il veut faire des propositions concrètes pour décrisper la situation. Mais dans la salle, c’est autre chose qu’on nous a présenté. Il tente de nous amener dans la commission gouvernement-centrales syndicales.
Or, cette commission n’existe pratiquement plus. C’était le ministre d’Etat qui s’en occupait. Nous avons estimé qu’il n’est pas question qu’on nous amène les gens qui brisent nos grèves à la commission. Cette grande commission comporte les intéressés. C’est ça qui nous a fait perdre près de 2h d’horloge. Le gouvernement et les médiateurs étaient dans cette dynamique. Nous avons dû dénoncer leur machination et ils ont fui. En fuyant, ils ont décrété une pause. On revient de la pause et ils disent qu’on va se voir après. Mais nous avons levé la main pour dire que nous sommes prêts même si c’est cette nuit ou même demain à 6h du matin pour négocier.
Et ils ont répondu qu’on va se voir après. Voilà ce que le gouvernement nous a servi aujourd’hui. Donc, nous sommes venus perdre du temps sérieusement ici et c’est dommage pour le peuple.»
François Abiola,
ministre d’Etat en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique
« La rencontre a eu lieu et je peux vous dire que nous avons progressé. D’abord, les questions qui posaient problème et qui nous empêchaient d’avancer ont été réglées et dans les tout prochains jours on doit se revoir. Nous nous sommes parlé aujourd’hui. Les facilitateurs ont réussi à le faire. La deuxième chose, c’est que nous avons pu définir les conditions dans lesquelles les négociations devront se faire dans les 24 ou 72h ».
Propos recueillis par
Alain ALLABI.