Le député Epiphane Quenum reconnaît avoir déjà rendu plusieurs visites à Patrice Talon à Paris et pense qu’il n’y a aucun drame à ce propos. « J’ai mangé et sablé le champagne avec Talon dans les restaurants les plus huppés de Paris. Cela pose un problème?», s’est-il demandé hier à une conférence de presse organisée au siège de son parti à Cotonou>
Epiphane Quenum réagit ainsi à la suite de la publication de certaines photos dans la presse et sur internet, le montrant en compagnie du richissime homme d’affaires à plusieurs endroits de Paris. Il affirme sans sourciller que tout cela est une « manœuvre » du pouvoir Yayi, mais qu’il ne s’en émeut guère. « Quand Yayi aussi sifflait le champagne avec Talon et quand les deux partageaient des milliards, personne n’en trouvait du mal », affirme Epiphane Quenum qui ajoute que le Chef de l’Etat est le premier à prendre l’argent de Talon. Il rapporte également une confidence que Boni Yayi lui aurait faite à une rencontre nocturne qu’il a eue avec lui et qui a duré de 2 heures à 6 heures du matin et selon laquelle, son premier gouvernement a été confectionné par Talon.
Même s’il se refuse d’être taxé de régionaliste, Epiphane Quenum rappelle, par ailleurs, que Talon est de Ouidah comme lui, et en tant que tel, il a le devoir d’aller à son secours. Encore que, se réjouit-il, ce dernier n’est pas un « criminel ». Bref, il estime que le gouvernement de Yayi a mieux à faire, en publiant, par exemple, les audits tant attendus réalisés au niveau de certaines sociétés et entreprises d’Etat où des milliards ont été détournés.
Organisée par le groupe parlementaire, Cohésion nationale et paix (Cnp), créé depuis peu, cette conférence de presse co-animée par le député Sacca Fikara, a été l’occasion pour ce dernier de se poser une très grande question, à savoir, «pourquoi rencontrer Talon aujourd’hui doit être vu comme un délit ou un crime ? ». Patrice Talon, poursuit-il, « est un fils de ce pays, et s’il est en France actuellement, c’est qu’il est contraint à l’exil, en dépit du fait qu’il n’a jamais été condamné ni au Bénin, ni à l’extérieur ». Sacca Fikara, se référant à l’article 16 de la constitution qui stipule que « nul ne doit être contraint à l’exil », a déclaré hier que dans le cas d’espèce, Boni Yayi peut même être poursuivi devant des instances habilitées à le faire. Il a aussi révélé que Talon a donné des milliards à Yayi pour se faire élire en 2006, de même qu’en 2011, trouvant dommage qu’il traite ainsi l’homme aujourd’hui.
Plusieurs autres députés, membres du groupe parlementaire Cnp, ont également pris part à la conférence de presse d’hier, dont Candide Azannai, Ali Kamarou et Parfait Houangni.