Le Bénin s’apprête à s’adresser directement à la ministre française de la Justice, Christiane Taubira, pour obtenir un procès de Patrice Talon pour tentative d’empoisonnement de Boni Yayi. Mais l’homme d’affaires ne se laisse pas faire.
Guère surprises, mais ulcérées par la décision de la cour d’appel de Paris, le 4 décembre 2013, de refuser l’extradition de l’homme d’affaires Patrice Talon et de son associé Olivier Boko, les autorités béninoises affûtent leur riposte.
Après avoir déposé, le 24 décembre, une plainte auprès du procureur de Paris pour "recel et blanchiment" via son avocate Me Canu-Bernard, le gouvernement de Cotonou s’apprête à adresser à la garde des Sceaux, Christiane Taubira, un mémoire en dénonciation "aux fins de poursuites de MM. Talon et Boko par les juridictions françaises".
En d’autres termes : qu’ils soient jugés à Paris du chef de tentative présumée d’empoisonnement du chef de l’État, pour lequel leur extradition a été écartée.
Le président Boni Yayi, qui s’est ouvert de ce dossier à trois reprises déjà à François Hollande, n’en démord pas : son ex-ami doit "avouer", "faire amende honorable" et "rembourser" - faute de quoi il ne le lâchera pas. Patrice Talon, dont l’avocat est William Bourdon, est tout aussi combatif.
À preuve : il a très discrètement reçu au Sofitel Arc-de-Triomphe à Paris, le 24 décembre dernier, pour une réunion de travail, une demi-douzaine de députés béninois, dont Rachidi Gbadamassi, dit le Buffle de Parakou, et Nicaise Fagnon, pourtant membres de la majorité présidentielle.
Rencontre particulière
Le 13 janvier, ainsi que le démontrent des clichés de l’entretien auxquels J.A. a eu accès, l’homme d’affaires a rencontré à Boulogne-Billancourt l’ex-ministre et députée, officiellement alliée de Boni Yayi, Claudine Afiavi Prudencio (par ailleurs très proche de Samuel Dossou, l’ancien "Monsieur Pétrole" d’Omar Bongo Ondimba).
Persuadé que Patrice Talon cherche à l’éliminer, Thomas Boni Yayi va, on l’imagine, demander quelques explications aux intéressés...