Le gouvernement béninois est allergique à la critique. C’est ce que révèle le relevé du Conseil des ministres en date du 07 février dernier. Sans détour, les membres du gouvernement et leur chef ont condamné les « dérapages verbaux » qui s’observent ces derniers temps et ont invité « les uns et les autres à la retenue ». Curieuse attitude que celle de l’Exécutif qui estime dicter, à lui tout seul, les règles du jeu aux autres. Il sied donc de rappeler à ceux qui nous dirigent qu’il n’existe pas de justice privée dans un Etat de droit. Le régime démocratique qui est le nôtre veut que celui qui estime qu’il fait l’objet d’une attaque délictueuse s’adresse à la justice. A cet effet, le cas de Lionel Agbo est édifiant à plus d’un titre. Lorsque le chef de l’Etat s’est senti injurié par ce citoyen, il s’est adressé à la justice qui a donné son verdict. En son temps, personne n’a trouvé à redire.
De plus, les citoyens commis aux charges publiques, nonobstant leurs attributs et privilèges, sont exposés à la critique collective, car leurs faits et gestes ne peuvent passer inaperçus. Il est du devoir du peuple de donner de la voix toutes les fois que ses attentes ne sont pas comblées. Et là-dessus, le gouvernement et son chef ne peuvent rien y faire. La nature démocratique de notre régime le recommande et l’exige. Aucun citoyen, ne peut par conséquent, quelque soit la fonction qui est la sienne et l’étendue de ses attributs, nourrir le vilain dessein de museler ses compatriotes. Tant que les Béninois se sentiront mal dans leur peau, ils l’exprimeront autant de fois qu’ils le souhaitent, avec toute la véhémence requise. Car, la critique et la contradiction sont l’essence même de la démocratie.
Vivement attendu sur le terrain de la résolution de la crise sociale, le gouvernement a opté pour une échappatoire. Ce que les Béninois espèrent de leurs dirigeants, c’est la conduite avec succès du dialogue social pour que cessent les grèves et autres mouvements d’humeur. Les hôpitaux, les écoles, les cours et tribunaux, pour ne citer que ces secteurs clés, sont paralysés. L’autonomie énergétique, plus d’un demi-siècle après notre indépendance, fait toujours défaut. Les routes et autres ouvrages d’art attendent d’être rénovées ou construites. Voilà autant de défis qui attendent d’être relevés. Il faut parer au plus pressé. Le temps joue contre les tergiversations et les fuites de responsabilité.
Les multiples aspirations du peuple ne tolèrent pas les faux fuyants. Le développement a ses exigences et il est du devoir des responsables publics de s’y atteler. Autrement, ils seront à côté de la plaque.