La mise en service de la centrale électrique de Maria Gléta sonne comme un palliatif aux incessantes coupures enregistrées ces derniers temps au niveau de l’alimentation en énergie électrique par l’Etat. La Société béninoise d’énergie électrique (SBEE) qui assure la distribution de cette denrée à partir des sources de la Communauté électrique du Bénin (CEB), contrôlée par les Etats béninois et togolais à partir du barrage d’Akosombo et de la CTN (Nigéria) n’en pouvant plus, s’est résolue à se rabattre sur cette centrale à polémique dont l’exploitation couve des dangers certains.
C’est heureux que le Bénin ait pu disposer de cette centrale qui, aujourd’hui, « soulage ses peines » lorsque ses partenaires lui font faux bond en réduisant drastiquement la capacité d’énergie attributive. Que serait le Bénin si cette centrale n’existait pas ? Si l’on raisonne et voit le problème sous cet angle, l’on ne peut féliciter le gouvernement pour avoir, peut-être anticipé sur la situation.
Mais erreur ! Car, cette unité énergétique cache bien des réalités qui n’autorisent guère qu’une quelconque structure d’exploitation s’aventure à s’en approprier.
Pendant que le peuple attend encore des clarifications sur le coût réel de sa construction, sa vraie capacité de production et les garanties de sécurité, c’est avec étonnement et stupéfaction qu’on apprend de la bouche de gouvernants que cette centrale est mise en service. Dans quelles conditions ? Bien malin qui pourrait y répondre.
La SBEE était réticente à son exploitation, nous avaient soufflé certaines sources. Parce que l’Etat, très malin, en désespoir de trouver un privé qui accepte « la manne », a voulu l’imposer à la SBEE, en compensation des milliards de nos francs de dettes vis-à-vis d’elle.
Pire, la réticence de la SBEE s’expliquerait par le coût élevé du jet et du fuel qui doivent alimenter cette unité centrale. Si la SBEE acceptait la chose, elle devrait aussi revoir le prix de cession du kilowatt aux consommateurs. Avec cette centrale, ce prix devra tripler, et passer d’environ 100 Francs à 308 Francs CFA.
De même, l’entretien de la centrale en l’état actuel des choses ne requiert pas de garantie surtout pour ce qui concerne la qualité des installations.
Face à tout ce qui précède, il apparait clair que c’est un grand risque que d’accepter d’ « hériter » de ce « joyau offert gracieusement » par l’Etat à une société qui écume déjà de sérieuses difficultés pour son développement.
Il apparait que le choix fait en adoptant cette qualité de centrale n’est pas mûri. La solution énergétique pour le Bénin ne réside pas dans cette mesure aléatoire et problématique mais dans une politique courageuse de construction d’infrastructures électriques pérennes telles le barrage d’Adjaralla.
En tout cas, la centrale de Maria Gléta n’offre pas de garantie à la résorption du déficit énergétique au Bénin. Concéder Maria Gléta à la SBEE, c’est augmenter les peines de cette dernière, c’est tromper le peuple, c’est tuer la SBEE, sans ambages.