Le lundi 3 février 2014, suite à la généralisation du mouvement de grève déclenché par les Centrales et Confédérations syndicales, le gouvernement a décidé de rouvrir les négociations avec les partenaires sociaux.
Mais ce que ces derniers doivent éviter, c’est le piège de Yayi Boni qui pourrait, comme dans bien des cas, remettre en cause plus tard les conclusions qui découleraient de ces assises conduites surtout pas des présidents d’institutions non reconnues, pour la plupart, par la Constitution béninoise.
S’il est une évidence que pour les négociations gouvernement-syndicats, on note la présence de certains ministres et collaborateurs de Yayi Boni, il n’est pas exclu d’émettre des doutes sur la sincérité des débats.
Et pour cause. Outre le président du Conseil économique et social, Nicolas Adagbè, les autres facilitateurs Joseph Gnonlonfoun, Médiateur de la République et Moïse Mensah, Haut commissaire à la gouvernance concertée sont à des postes non prévus par la loi fondamentale du 11 décembre 1990.
Le doute devient ainsi plus persistant sur la valeur que pourraient avoir les signatures de ces différents émissaires du gouvernement devant Yayi Boni. Une chose est claire. Dans maints dossiers, le chef de l’Etat a déjà remis en cause les clauses qui en sont issues.
Même les signatures de son ancien Premier ministre, Pascal Irénée Koupaki. Est-il besoin de rappeler le dossier Programme de vérification des importations (Pvi-Nouvelle génération) ? Si Yayi n’était « au courant de rien » dans un tel dossier qui avait engagé l’Etat béninois avec au-devant son ex-Premier ministre, n’y a-t-il pas de raisons d’être dubitatif quant à la suite à réserver aux engagements qui seront pris par les facilitateurs aux négociations en cours ?
Pire, le tintamarre qui a suivi l’accord des 25 % sur salaires aux travailleurs du ministère de l’Economie et des finances conforte plus d’un dans ce doute. Si le président de la République en arrive à se dédire, devant des engagements pris par ses collaborateurs ministres, qu’en serait-il donc des présidents de ces institutions non constitutionnelles ?
Bien de Béninois aujourd’hui se posent cette question. Et pour éviter que l’histoire ne se répète, les Facilitateurs et surtout les Centrales syndicales doivent raisonnablement s’entendre sur ce qui est faisable afin que les compromis ne deviennent plus tard des compromissions.
Là où le bât blesse
Depuis la veille de la présidentielle de 2011, le chef de l’Etat a toujours rappelé qu’il ne doit rien aux syndicats. Dans son entretien médiatisé du 1er août 2012, il a insisté là-dessus. Et même récemment avec les jeunes au Palais de la République, Yayi Boni l’a encore martelé à qui voulait l’entendre.
Au regard de cette position qu’on peut qualifier de radical du chef de l’Etat, il convient de se demander : la réouverture des négociations pour quoi faire ? N’est-ce pas une façon de montrer à l’opinion qu’on est ouvert au dialogue du côté du pouvoir ? Tout porte à le croire. Et les signes sont d’ailleurs évidents. Déjà trois journées, mais pas d’avancée notable.
Les préalables posés par les syndicats à savoir la restitution des défalcations opérées sur les salaires et le limogeage du Préfet Placide Azandé et du Commissaire central de Cotonou, Pierre Agossadou sont restés insolubles.
A quel point des revendications le gouvernement va-t-il alors facilement accéder quand Yayi Boni lui-même affirme qu’il a épongé près de 170 milliards FCfa d’ardoise laissée par les précédents régimes et qu’aujourd’hui au niveau de la zone Uemoa le Bénin reste un mauvais élève du point de vue masse salariale ?
Yayi Boni et son gouvernement n’ont pas encore fini de régler la question des 25% avec les ayants droit. Pourront-ils alors écouter les Centrales et Confédérations sur le relèvement du Smig à 60 000 FCfa ? Loin d’être un oiseau de mauvais augure, ces négociations ne sont pas loin d’être de façade.
Avec les discours tenus ici et là par Yayi et ses collaborateurs, le chemin est encore long pour en arriver à un accord qui engagerait les deux parties, est-on tenté de dire. Le cas contraire, le gouvernement, pour obtenir une trêve, pourrait faire signer un document dont le contenu ne sera pas respecté avant 2016. La demande de 3 mois de moratoire pour étudier les revendications témoigne de ce que le gouvernement n’est pas prêt à faire le nécessaire.