Au Bénin, le ridicule ne tue malheureusement pas. Sinon il aurait déjà été le cas hier, lundi 10 février 2014, à l’Infosec à Cotonou. Lieu choisi par le gouvernement pour abriter les négociations avec les partenaires sociaux.
L’échec de la première rencontre, le lundi 03 février 2014, pourrait, dans une certaine mesure, être amputé aux responsables des Centrales et Confédérations syndicales. Puisqu’ils ne voulaient pas entamer les négociations en présence de certains de leurs collègues non signataires de la motion de grève. Mais l’échec des pourparlers des deux suivantes rencontres est inexplicable. Mercredi dernier, le gouvernement, après avoir pris connaissance des revendications «essentielles» des partenaires sociaux, -ce qui était déjà incompréhensible- a demandé un report de quelques jours pour les examiner. Alors, les deux parties se sont retrouvées hier, lundi 10 février 2014, au même lieu. Populations, grévistes, élèves, parents d’élèves, usagers de l’administration publique…tout le monde croyait que quelque chose de positif sortirait des assises cette fois-ci. Erreur ! Le gouvernement, après une pause, est revenu sans proposition concrète à l’endroit des partenaires sociaux. Tout ce que voulait l’Exécutif, c’est un moratoire de trois mois pour continuer les discussions. Ce que naturellement les responsables de Centrales et Confédérations syndicales ont rejeté. Pour eux, cette demande de moratoire est incompréhensible. C’est même un piège pour ne pas satisfaire les revendications des travailleurs, disent-ils. Conséquence : la grève se poursuit, et de la plus belle des manières. Le pays sera encore paralysé pour longtemps, le temps qu’il plaira au gouvernement de rétablir le pont des négociations. Et a priori, tout porte à croire que la tension sociale n’est pas prête à tomber. Car la délégation gouvernementale dit ne pas être en phase avec les partenaires sociaux sur les points de la rétrocession des défalcations sur salaires puis de la révocation du préfet de l’Atlantique-Littoral et du commissaire central de Cotonou. Revendications sur lesquelles les grévistes n’entendent faire aucune concession. Aujourd’hui, l’on est tenté de dire que le gouvernement encourage le débrayage puisqu’il se montre incapable de satisfaire à la moindre revendication des partenaires sociaux.
Un ouf de soulagement dans le secteur de la santé
Avec l’incapacité du gouvernement d’arrêter la grève dans la fonction publique, les médecins et praticiens hospitaliers ont écouté leurs cœurs en suspendant l’opération «hôpitaux morts» qui devait commencer hier, lundi 10 février 2014. Réuni en Assemblée générale extraordinaire, ils ont décidé de suspendre cette opération, donnant un moratoire de dix jours au gouvernement pour satisfaire certaines de leurs revendications jugées importantes. Par contre, la grève hebdomadaire de 96 heures se poursuit sans service minimum. «Le gouvernement sera tenu seul responsable des déconvenues» des débrayages, a averti l’Assemblée générale des médecins et praticiens hospitaliers. Une dernière chance peut-être pour encore sauver des vies humaines. Le gouvernement va-t-il la saisir ? Boni Yayi et son gouvernement ont dix jours pour se décider.