Mercredi 20 mars à 21 heures 58 minutes, l’artiste Chèkpo Atindoda Ulysse Aymar, alias Riss Cool a rendu le tablier de la vie. C’était sous mes yeux impuissants, ceux de sa compagne Paulette Gbèmanonzin et quelques uns de ses jeunes frères au service des Urgences du Centre national Hospitalier universitaire Hubert Koutoucou Maga (CNHU). Retour sur les ultimes instants, la maladie et la vie d’un artiste aux talents reconnus.
Mercredi 20 mars 2013. Il est 21 heures 58 minutes. Nous sommes au service des Urgences du Centre national hospitalier universitaire Hubert Koutoucou Maga de Cotonou (Cnhu-HKM). Chèkpo Atindoda Ulysse Aymar connu sous son nom d’artiste, Riss Cool, a poussé son dernier soupir. Il s’est éteint après y avoir été admis un jour plutôt. Placé sous oxygène, l’artiste n’a pas pu survivre à son mal qui l’immobilisait déjà depuis 7 mois. A sa compagne Paulette Gbèmanonzin avec qui il a passé les derniers moments de sa vie avant de trépasser, l’artiste a fait des confidences qui valident le mystère qui entoure ce mal ayant attaqué sa jambe gauche et qui a fini par l’emporter. Selon Paulette avec qui j’ai échangé deux heures avant sa mort au Cnhu mercredi, Riss Cool voyait des choses qui n’existaient pas dans le monde réel. « Il m’a dit, par exemple, le jour que nous avons quitté Hêvié pour rejoindre Cococodji où il avait loué, qu’il apercevait un chat qui ne cessait de le regarder. Il m’a demandé si je ne le voyais pas. Et quand je refuse, il pense que je ne dis pas la vérité », a confessé Paulette. Et ce n’est pas tout. Riss Cool entendait aussi des choses qui semblaient bien bizarres. « Deux jours plus tôt avant que sa santé ne soit complètement dégradée, il me disait qu’il entendait des bourdonnements dans ses oreilles qui ressemblaient à un téléphone portable qui vibre », a-t-elle ajouté>
Selon les propos de Paulette, l’artiste aurait adopté des comportements inhabituels. En effet, comme il nous a confié dans l’interview exclusive qu’il a accordée au quotidien L’Evénement Précis le 6 mars 2013 dernier, il vivait chez un groupe d’évangélistes qui lui assuraient d’intenses prières à Hêvié cumulativement avec des soins qu’il suivait au Centre de santé Bupdos Anastasis d’Agla. Mais, curieusement, il y a environ une semaine, il a pris la décision de rejoindre Cococodji, là où il avait loué une chambre. « Il y a une semaine, contre toute attente, il m’a sommé de l’emmener à Cococodji, là où nous avons loué. Je lui ai opposé un refus catégorique, mais il ne voulait rien entendre. Le pasteur dans la main de qui il était placé étant en voyage, il lui a demandé de patienter jusqu’à son retour. Mais, il a instruit pour qu’on lui ramène, sans attendre, son véhicule afin qu’il rentre. C’est comme ça que nous avons quitté Hêvié pour Cococodji », a indiqué Paulette au bord des larmes. Et pourtant, selon toute vraisemblance, tout allait bien. Chaque fois que j’appelais l’artiste pour m’enquérir de ses nouvelles, il m’assurait qu’il allait de mieux en mieux. Et ceci était conforté par les propos de Fadji, une tête de pont du groupe H2O, celui-là qui l’a particulièrement assisté dans ses souffrances. « La troisième fois que j’ai rendu visite à Riss Cool à Hêvié, j’ai constaté que son état s’améliorait progressivement », nous a confié Fadji. Et à la compagne de l’artiste d’ajouter : « Sa décision de rejoindre Cococodji, je n’y ai rien compris. Tout allait pourtant bien quand on était à Hêvié ».
De quoi est réellement mort Riss Cool ?
Dans l’entretien exclusif qu’il nous a accordé le samedi 2 mars et que nous avons publié dans notre parution du mercredi 6 mars dernier, Riss Cool nous confiait : « En réalité, tout a commencé après un spectacle que j’ai donné à Bohicon. Comme il est de son habitude, le maire de Bohicon, Luc Attrokpo qui aime vraiment les artistes m’a invité pour animer un concert pour les élèves vacanciers de sa commune. Le jour-là, on s’est sérieusement amusé en compagnie de plusieurs autres artistes. Fatigué, j’ai dû dormir là-bas avec mes amis. Le lendemain, j’ai pris moi-même mon véhicule pour revenir à Cotonou. Sur le chemin, à hauteur de Lokossa, j’ai commencé par sentir une douleur atroce au niveau de ma jambe gauche. Heureusement pour moi, j’avais à côté, dans la voiture, un frère qui sait conduire. J’ai dû donc lui céder le volant et c’est ainsi que le mal a commencé », avait-il révélé. Une thèse qui semble être confirmée par son médecin traitant. Selon le Certificat médical établi par Docteur Vodougnon D. Charlemagne, médecin exerçant au Centre de santé Anastasis sis au quartier Agla qui a reçu en consultation l’artiste le 20 février 2013, on retient après l’interrogatoire et l’examen physique, d’importantes informations. Selon le médecin, il est noté « un début progressif, il y a quelques mois, d’un syndrome d’altération de l’état général, un syndrome anémique compensé, une plaie en cours de cicatrisation à la face médiale de la jambe gauche, un syndrome inflammatoire local du genou gauche avec raideur articulaire, source d’impotence fonctionnelle du membre pelvien homolatéral ». Voilà le diagnostic du professionnel de la santé, Docteur Vodougnon D. Charlemagne, le médecin traitant de l’artiste.
Qui est réellement Riss Cool ?
Né le 23 octobre 1980 au quartier Hountondji à Abomey, Chèkpo Atindoda Ulysse Aymar s’est imposé au public béninois par ses chansons atypiques qui inspirent généralement la pitié sous le pseudonyme de Riss Cool. Spécialisé dans le rythme Tchinc System pour avoir fait ses premières armes de danseur aux côtés du roi du Tchinc system, Stan Tohon, l’artiste a usé de sa belle voix et de ses talents pour dénoncer la mesquinerie et l’hypocrisie qui caractérisent les humains. A son compteur discographique, il y a six (6) albums ayant respectivement pour titres, « Gbèmin », « Sègbè », « Ok, J’ai compris », « Je suis bleu », « le silencieux », puis « Ma question ». Père d’une fille âgée de 13 ans, Arelle Chèkpo, Riss Cool vit aujourd’hui en union libre avec sa compagne Paulette Gbèmanonzin après sa brutale séparation avec Noémie Bitiboto. Une femme avec qui il a vécu pendant 5 ans après la séparation avec la mère de son unique enfant. Issu d’une famille polygame, il a une sœur et 4 frères utérins. C’est bien sans compter ses frères consanguins. Environ une heure après son décès, son corps a été déposé à la morgue du même centre hospitalier en attendant ses obsèques.
