Après une lutte infructueuse de plusieurs mois, le gouvernement vient de décider de marquer une pause afin de repenser sa stratégie de lutte contre l'essence de la contrebande. Ce recul du gouvernement, en plus d'être un aveu de son échec dans la lutte contre le kpayo, parait tout de même responsable puisque des dispositions préalables seront désormais prises pour plus d'efficacité.
Eradiquer l'essence de la contrebande en l'espace d'un mois. C'était la promesse faite aux femmes bénéficiaires de micro finance par le chef de l'Etat en novembre dernier. Une promesse qui, dès son annonce, semblait relever du miracle. A l'évidence, les nombreux Béninois qui s'étaient montrés septiques suite à l'engagement du Chef de l'Etat peuvent se targuer d'avoir eu raison de se garder de faire foi à une promesse du premier magistrat Béninois pourtant confiant aux moments de l'allocution. Après quatre mois de luttes intenses et sous toutes les formes, l'essence de la contrebande dite Kpayo coule toujours à flots. Ni par voies fluviales ou maritimes, ni par voies terrestres, la traque des contrebandiers n'a pu dissuader les auteurs. Même les nombreux soulèvements orchestrés çà et là qui se sont soldés par des pertes en vies humaines n'ont pas suffi pour calmer les ardeurs des acteurs du secteur informel qui s'illustre comme le plus têtu du pays.
Mauvais départ
Il ne fallait pas plus que l'endurance des contrebandiers et la persistance du produit prohibé aux abords de nos voies pour confirmer l'échec de la lutte engagée depuis novembre dernier par le gouvernement. Au cours donc de sa séance du mercredi 20 mars 2013 le conseil des ministres s'est exercé à faire le point de ses actions contre la vente illicite des produits pétroliers frelatés au Bénin. De ce point, les membres du gouvernement ont pu donc se convaincre, sur la base des difficultés sur le terrain que les préalables à la lutte n'ont pas été respectés. C'est alors qu'une nouvelle série d'actions préparatoires est projetée pour parfaire ce combat a priori salutaire pour l'économie nationale.
Remettre la charrue après les bœufs
" (…) des difficultés demeurent, notamment en ce qui concerne la disponibilité des produits du secteur formel, dans certains départements dont ceux de l'Ouémé et du Plateau, en raison de la quasi inexistence de stations-services dans ces départements " a reconnu le gouvernement dans le relevé de son conseil des ministres sus mentionné. Et pour corriger le tir, le Conseil des ministres a donc " instruit le Ministre de l'Industrie, du Commerce, des Petites et Moyennes Entreprises pour rencontrer les opérateurs économiques pour les sensibiliser à l'effet de la construction de nouvelles stations-services et d'en rendre compte au Conseil des Ministres sous huitaine ". Mieux, le ministère de l'économie et des finances est associée à ces nouvelles dispositions. Dans ce cadre, il " devra se mettre en relation avec le ministre du Développement, de l'Analyse économique et de la Prospective afin d'étudier avec les banques de la place les modalités d'appuyer la Sonacop en vue de lui faire bénéficier de garanties bancaires pour le financement de nouvelles stations-services là où elles manquent sur toute l'étendue du territoire national. "
Une lutte dans le temps
La lutte contre le kpayo ne peut se faire du jour au lendemain comme on a semblé le faire croire par le passé. Elle doit se faire dans le temps et avec tact. Le gouvernement semble enfin le comprendre. Des mesures d'accompagnement doivent donc être élaborées pour non seulement assurer la disponibilité et la distribution permanente dans les normes requises des produits pétroliers dans le secteur formel. Evidemment, sans perdre de vue volet social de cette lutte contre l'essence frelatée notamment la réinsertion professionnelle des milliers d'acteurs officiant actuellement dans le secteur.