Comme l’œil de Caen, l’Affaire ICC-Services et consorts hante toujours le sommeil du gouvernement du Dr Boni Yayi. Dans cette affaire où plus de 100 milliards de F Cfa ont été spoliés aux populations avec la complicité de certains barrons du régime du changement, le bout du tunnel n’est visiblement pas pour demain. En désespoir de cause, le gouvernement veut désormais compter sur la justice.
Les spoliés de ICC-Services ne sont visiblement pas encore au bout de leur peine. Après une si longue attente, ce n’est visiblement pas encore le bout du tunnel pour eux. Les déclarations faites hier, mercredi 12 février 2014, par Mme Sévérine Lawson, Agent judiciaire du Trésor, à sa sortie d’audience avec le Président de la République ne sont malheureusement pas de nature à rassurer. A l’allure où vont les choses et en désespoir de cause face au supposé refus de collaboration des promoteurs de ICC-Services, le gouvernement du Dr Boni Yayi préfère désormais se confier à la justice. Un procès en bonne et due forme pourrait s’ouvrir incessamment pour situer les responsabilités et fixer les spoliés, a laissé entendre Mme Sévérine Lawson à sa sortie d’audience. A quand le démarrage de ce fameux procès ? C’est en tout cas la question que se posent aujourd’hui plusieurs observateurs béninois qui voient plutôt à travers les déclarations de Mme Sévérine Lawson une manière pour le gouvernement du Dr Boni Yayi d’étouffer la marche de protestation que projettent d’organiser des spoliés de ICC-Services et consorts. Ces derniers d’ailleurs ne croient plus au dilatoire du Gouvernement. « Trop c’est trop ! Cela fait huit ans que ce gouvernement nous tourne en bourrique. Qu’ont-ils fait avec les sous issus de la vente des biens meubles, notamment des voitures saisies auprès des promoteurs de ICC-Services ? Qu’ont-ils fait des immeubles saisis pour être aujourd’hui incapables de nous rembourser comme cela a été maintes fois promis par le Chef de l’Etat ? Ce que Mme Sévérine Lawson a dit n’engage qu’elle seule », nous a confié Norbert, un spolié dont la vie a failli basculer.
« C’est bien dommage qu’après huit années de navigation à vue, le gouvernement décide aujourd’hui de confier ce dossier à la justice ! Qui ces gens-là veulent-ils tromper. Pas nous en tout cas. Car ce n’est pas maintenant que l’appareil judiciaire est bloqué qu’on va nous parler de justice. C’est du dilatoire et rien d’autre », pense Athanase, un autre spolié qui refuse de croire aux déclarations de Mme Sévérine Lawson. «…Nous sommes au stade presque final avant le procès. Mais le Chef de l’Etat a voulu savoir s’il n’est toujours pas possible de faire procéder au remboursement de certains déposants sur la base des sommes qui ont été mobilisées par la vente des biens meubles. Bien évidemment, je lui ai fait comprendre que l’obstacle qui était à ce niveau était celui de l’indisponibilité de la liste des déposants… », a dit en substance Mme Sévérine Lawson relayée par nos collègues de LC2 Télévision.
2011-2014 : statu quo
Lorsqu’on remonte le temps, on se rend compte que le Chef de l’Etat et son gouvernement n’ont aucune solution pour les spoliés de ICC-Services. Il suffit de parcourir cet extrait du discours de candidature que Boni Yayi a prononcé le 31 janvier 2011 pour s’en convaincre. « »J’ai fait de la lutte contre la corruption le pilier central de ma politique depuis 2006, car ce fléau sape systématiquement tout effort de développement, mine la confiance dans les institutions démocratiques et facilite la criminalité transnationale. Force est de constater que les résultats sont encore mitigés parce qu’il y a une tolérance sociale qui protège et développe ces pratiques criminelles dont nos populations pauvres sont les victimes impuissantes. Je fais allusion par exemple au drame vécu par certains de mes compatriotes qui ont déposé leur argent auprès des structures illégales de placement de fonds. Je comprends leur détresse car ils ont été abusés. C’est pourquoi en réponse à la situation déplorable créée par les structures illégales de collecte de l’épargne et de placement de fonds, j’ai pris des mesures hardies pour mettre un terme aux activités illicites et immorales des fraudeurs et me suis employés avec l’appui de mon gouvernement à faire réparer par les auteurs, les préjudices financiers causés aux populations. Les actions menées ont déjà permis de faire rembourser à 63000 épargnants un montant de plus de six milliards de F Cfa. Si je suis élu, je renforcerai le dispositif actuellement à pied d’œuvre afin de contraindre les structures illégales à restituer les fonds indument perçus. J’en ferai alors une grande priorité dès le début du deuxième mandat sollicité et je renforcerai le rôle de facilitateur du gouvernement dans le dénouement de la crise des structures illégales de placement de fonds. C’est le moment d’inviter tous les acteurs du pouvoir judiciaire à écouter les cris de détresse des épargnants en accélérant davantage les procédures enclenchées contre certains des acteurs de la vaste fraude financière ». Le temps a fait son œuvre. Rien n’a malheureusement changé.