Me Joseph Djogbénou soutient que la persistance du mouvement de grève au Bénin cache une réalité inquiétante. Sur Océan Fm, hier dimanche 16 février 2014, il a démontré que si le gouvernement ne veut satisfaire les revendications des organisations syndicales c’est parce que « le pays est en état de cessation des paiements ».
L’Etat béninois a de la difficulté à payer ses fonctionnaires. Du moins, c’est la lecture que l’avocat au Barreau du Bénin, Joseph Djogbénou fait de la fronde sociale qui perdure depuis plusieurs semaines. Invité hier dimanche sur l’émission « Cartes sur table » de la radio Océan Fm, il a indiqué que les réactions du gouvernement face aux revendications des organisations syndicales révèlent que « l’Etat est en état de cessation des paiements ». « Si l’on n’est pas en mesure d’assurer les salaires, il faut le dire. J’ai l’impression qu’on stimule les grèves pour mieux dire qu’après des défalcations successives, nul ne peut bénéficier de son salaire. Ce qui se fait, ce sont des subterfuges pour maintenir une situation sous sérum », a-t-il laissé entendre. Pour lui, les points des revendications des travailleurs sont objectifs et le gouvernement cache bien la réalité au peuple en faisant du dilatoire. « On a parlé des problèmes de libertés. Par rapport à la justice, on a parlé des problèmes d’indépendance et de sécurité du juge. C’est l’une des rares fois dans ce pays que les forces syndicales se coalisent pour l’indépendance, pour la liberté et pour des idées qui rentrent dans la culture de ce pays », a affirmé l’Agrégé de droit privé.
Mobilisation de la classe politique
Pour le Professeur Joseph Djogbénou, le Bénin traverse une situation sociopolitique très grave et il faut bien une concertation de la classe politique pour trouver des solutions durables. « Il faut que ceux qui s’abstiennent de se prononcer, se prononcent… Mais M. Boni Yayi est qui pour être au-dessus de ce pays ? Il est qui ? Pour être le président de la République, c’est un fils de ce pays. Il faut qu’il entende des choses », a craché l’invité.
« Yayi veut la tête
de Talon »
Joseph Djogbénou qui reste aussi l’un des avocats de l’homme d’affaires Patrice Talon est revenu sur la situation de ce citoyen béninois exilé depuis plusieurs mois en France. Au micro de Ricardo Kpékou, il a déconseillé à son client de retourner au Bénin tant que Yayi Boni est au pouvoir. « Je serai à sa place, je ne rentrerai pas. Lorsque vous avez le profil de Boni Yayi, il veut la tête de M. Talon dans un plateau. Ecoutez-le. Quand la pluie ne tombe pas, le complot, c’est M. Talon. Lorsque les usines ne fonctionnent pas, c’est M. Talon… Ce n’est plus un problème juridique. C’est un problème de personne. Il y a en quelque sorte un conflit psychologique. Et j’ai l’impression que les psychanalystes vont nous en dire davantage sur la réalité du problème », a-t-il fait observer. Réagissant aux déclarations faites par le Chef de l’Etat à propos de la richesse de l’homme d’affaires, Me Joseph Djogbénou a répondu : « Peut-être qu’il (Yayi Boni, Ndlr) sait de quoi il parle. Peut-être qu’il a assuré une proximité très agréable avec la richesse supposée de Patrice Talon et il doit lui aussi rendre compte. Il ne faut pas qu’il s’arrête en si bon chemin. Il faut qu’il dise ce qu’il sait. Est-ce qu’il a été receleur de la richesse de Talon ? Parce que maintenant quand on est riche, c’est un crime… Dans l’entourage du Chef de l’Etat, tout le monde appelle Talon, papa et tonton. Jusqu’à quel niveau ils (Talon et Yayi, Ndlr) ont été ? Dans un Etat organisé, il (Yayi Boni, Ndlr) aurait dû s’expliquer sur leurs liens véritables ». Et d’ajouter au sujet des affaires de tentatives de coup d’Etat et d’empoisonnement : « C’est un vain espoir de la part du Procureur général d’espérer que la Cour suprême va examiner les faits. La Cour suprême n’examine pas les faits… Je pense que pour ces affaires, c’est fini. Je ne pense pas qu’il y ait d’autres charges qui pèseraient sur M. Talon. »
« Je combattrai Yayi jusqu’au bout »
Le Professeur Joseph Djogbénou a également exposé les ambitions du nouveau parti dont il est le Président d’honneur depuis quelques semaine. Selon lui, « Alternatives citoyenne » sera très engagé dans le combat politique. « Ce qui nous arrive, c’est le problème de la distance de l’élite avec la politique. J’ai été sans doute complice de cela. Il faudra que les bonnes gens soient aux bonnes places. L’élite, c’est elle qui porte la lampe… Vous avez un chef d’Etat qui décide du jour au lendemain de fermer les entreprises sans savoir, derrière, les personnes qui sont employées. Je le combattrai jusqu’au bout. Et pour mieux le combattre, il faut faire de la politique », a-t-il affirmé. Selon lui, « Alternative citoyenne » veut offrir une autre façon de voir, de construire et de penser. Interrogé enfin sur sa probable candidature en 2016, l’Agrégé de droit privé a souligné qu’il a le pouvoir et le droit d’aspirer aux hautes fonctions et qu’il se réserve le droit d’aviser en son temps.