Le président Abdoulaye Bio Tchané a fait un important discours à Abomey hier dimanche 16 février 2014. C’était à l’hôtel Sun City de cette ville, en présence des militants de l’Alliance ABT venus d’Abomey, Agbangnizoun, Djidja et Bohicon. Le choix de la ville historique d’Abomey correspond, a-t-il affirmé, au symbole de patriotisme et de bravoure qu’incarne cette cité. Car, pour Abdoulaye Bio Tchané, le Bénin traverse aujourd’hui une crise grave qui appelle le sursaut patriotique de tous. Il a surtout mis l’accent sur la crise de l’unité nationale qui sévit sous différentes formes. « Nous tenons à affirmer que nous combattons et combattrons, sous toutes leurs formes, le régionalisme et le sectarisme dans la gestion de la vie et de la chose publiques », a souligné le président de l’Alliance ABT. Pour lui, le régionalisme constitue l’ennemi numéro un de la paix, de l’unité nationale et du développement. « Il faut le combattre à tout prix, car il empêche la sérénité dans l’analyse des crises et consacre l’injustice, le despotisme et l’intolérance », a-t-il ajouté. Rappelant son histoire personnelle de fils d’un père originaire de Djougou, mais dont deux des quatre épouses sont du Sud. Elevé par une belle-mère du sud, il a passé une bonne partie de son enfance et de ses études à Porto-Novo. Se prononçant sur la crise sociopolitique actuelle, Abdoulaye Bio Tchané a affirmé son opposition à toute remise en cause des libertés démocratiques. « Les défendre est un devoir sacré », a-t-il soutenu. « Par conséquent, il a lancé un vibrant appel à un dialogue inclusif. Il appelle même le gouvernement à prendre l’initiative d’assises nationales dont l’idée a été lancée par le Front Citoyen. Avant cette rencontre avec les militants de l’Alliance, il a rendu visite au Roi Agoli-Agbo et au collège des cardinaux d’Abomey pour réaffirmer son attachement à l’unité nationale, avec les récents troubles interreligieux qui ont secoué la ville. Au palais privé du roi, Abdoulaye Bio Tchané et sa délégation ont été reçus par la cour royale. Prières et bénédictions ont sanctionné cette visite au terme de laquelle Agoli-Agbo a rappelé la nécessité de l’unité nationale, malgré les divergences.
Lire sa déclaration faite à Abomey le 16 Février 2014
- Militantes et militants de l’Alliance ABT
- Mesdemoiselles, mesdames et messieurs,
- Chers amis, chers compatriotes
Mikoudo aïdjidjon !!!
Mikoudo sourou !!!
Permettez-moi, d’entrée, de saluer et de remercier sincèrement toutes les personnalités, les invités et les amis qui honorent de leur présence cette manifestation et me réservent ce chaleureux accueil en terre d’Abomey, notre capitale historique.
Ensuite, je voudrais féliciter chaleureusement mes camarades militantes et militants de l’Alliance ABT d’Abomey qui ont tout mis en œuvre pour organiser et réussir à donner tout son éclat à la présente manifestation.
Mesdames et messieurs
Depuis quelques jours, vous avez appris sur les ondes et par d’autres canaux d’informations et je l’ai réaffirmé le 14 février lors du lancement de mon site web que j’ai donné rendez-vous à tous à Abomey où j’ai décidé de me prononcer sur la crise que traverse notre pays et décliner la position de notre Alliance sur un certain nombre de questions. Pourquoi l’Alliance a-t-elle choisi Abomey ?
D’abord, Abomey a toujours incarné le centre du Bénin et de ce fait, il répond au besoin œcuménique de notre cause d’aujourd’hui.
Ensuite, parce que c’est la ville historique qui incarne la lutte héroïque du peuple béninois contre l’oppression, c’est-à-dire pour la défense des libertés.
Enfin, nous avons voulu que notre message de ce jour interpelle tous les héritiers que nous sommes du combat contre l’injustice mené par nos aïeux, Béhanzin, Bio Guéra, Kaba ainsi que d’autres illustres figures intellectuelles et politiques de ce pays.
Mesdames et messieurs
Notre pays le Bénin traverse en ce moment une crise à la fois politique, économique et sociale très grave dont l’escalade enregistrée ces derniers mois interpelle tous les Béninois où qu’ils se trouvent.
Avant de vous faire part de la position de l’Alliance ABT sur cette question, j’aimerais affirmer ici que, pour notre Alliance :
- Les libertés fondamentales consacrées par la constitution du 11 décembre 1990 ne sont pas négociables !!! Les défendre est un devoir sacré ;
- L’unité nationale est le repère, le guide et la finalité de toute notre action. L’unité nationale est sacrée ! L’unité nationale est la base et la condition de tout !
- Le dialogue est la voie cardinale dont nous ne saurions nous défaire à aucun moment et dans aucune circonstance. Y renoncer, c’est faire l’option de la voie alternative politique qui s’impose : la violence !!!
L’Alliance ABT proscrit tout recours à la violence.
Les libertés collectives et individuelles sont au cœur de notre système démocratique
C’est au regard de ces valeurs et en nous basant exclusivement sur elles que notre Alliance se prononce sur la crise actuelle et sur des questions aussi et parfois encore, plus préoccupantes.
C’est donc parce que nous ne négocions pas le principe des acquis fondamentaux sur la liberté d’expression, d’association et de manifestation, que nous nous élevons et que nous nous élèverons toujours, contre toute entrave à ces libertés.
Dans le cas de la crise actuelle, nous condamnons fermement et sans appel la répression des travailleurs le 27 décembre 2013 dans l’antre de la Bourse du Travail.
Sur ce point, les syndicalistes ont le soutien total de l’Alliance ABT. Ils devraient bénéficier du soutien de tout Béninois attaché à la défense des libertés et qui se voudrait fier héritier de tous nos aïeux qui ont payé de leur sang pour notre patrie afin que nous gagnions ces libertés.
La réaffirmation du respect de ces libertés est une raison particulière de l’enthousiasme des militants de l’Alliance ABT pour le choix d’Abomey, eux qui, en 2011 ont été victimes dans cette ville d’Abomey, de l’interdiction et de la perturbation de leur manifestation pourtant autorisée.
Notre attachement à la défense des libertés fondamentales, s’explique par notre conviction qu’elles constituent la base de l’édification d’une nation unie, pacifique et prospère.
Mesdames et messieurs
L’unité nationale, facteur de paix et de développement
Nous sommes venus à Abomey pour dire, du haut de cette tribune, combien l’escalade de la crise actuelle menace dangereusement l’unité nationale.
Et c’est au titre de cette préoccupation que nous regardons avec beaucoup d’inquiétude, la rupture du dialogue entre les travailleurs et le gouvernement. Et nous nous étonnons qu’on veuille séparer la cause politique de la cause syndicale dans la situation d’atteinte aux libertés.
Un autre sujet revient de plus en plus sur le débat politique ces derniers temps : la question du régionalisme. En effet, certains esprits malins tentent de réintroduire cette question à l’occasion de cette crise. Nous tenons à affirmer que nous combattons et combattrons sous toutes leurs formes, le régionalisme et le sectarisme dans la gestion de la vie et de la chose publiques.
Mesdames et messieurs,
Votre serviteur n’aurait pas accepté d’être Président de l’Alliance si cette préoccupation n’était pas au centre de sa vision. En effet, mon histoire personnelle et familiale me prédestine à ce combat. Je n’aurais pas décidé d’être candidat en 2011 malgré toutes les pressions si je n’étais convaincu de ce que le régionalisme est l’ennemi numéro un de l’unité nationale, de la paix et du développement du Bénin. Ce fléau est, pour l’Alliance ABT, le plus dangereux des facteurs de déstabilisation de l’unité nationale. Il faut le combattre à tout prix, car il empêche la sérénité dans l’analyse des crises et consacre l’injustice, le despotisme et l’intolérance.
Le dialogue comme facteur de prévention des violences
Oui, l’intolérance ! C’est l’ennemi du dialogue. Et dans la crise actuelle où le Gouvernement et les travailleurs se regardent en chiens de faïence, l’intolérance est en train de se cristalliser. Il urge de faire quelque chose dans ce pays pour dégeler cette situation. C’est pour cette raison que, fidèle à son attachement au dialogue et à la paix, l’Alliance ABT a initié depuis quelque temps et poursuivra une série de rencontres avec les protagonistes de la crise.
Notre souhait et notre profonde conviction sont que le dialogue est la solution à toute crise, à tout conflit latent ou ouvert. Les situations vécues dans nombre de pays au monde nous confortent dans cette conviction, car tous ceux qui ont refusé le dialogue pour aller à la guerre, ont fait appel encore au dialogue pour y mettre fin : Côte-d’Ivoire, Syrie…
C’est pour cette raison que nous ne croyons à aucune approche non inclusive par le dialogue, pour résoudre nos problèmes. Et pour cela, nous appelons au dialogue entre protagonistes avant que la situation n’échappe au contrôle à tous. Chaque partie doit retenir ici que tendre la main au plus faible parce qu’on s’estime être le plus fort ne peut être interprété comme un signe de faiblesse, mais plutôt comme celui d’une grandeur d’esprit et de patriotisme.
De même, c’est fort de cet attachement au dialogue, à la paix et à l’unité nationale que l’Alliance ABT participera à toute assise nationale, convaincue cependant qu’elle ne sera totalement bénéfique que lorsqu’elle est inclusive, donc avec la participation du Gouvernement. Nous appelons le Gouvernement à prendre l’initiative de convoquer ces assises.
C’est le lieu de saluer le Front Citoyen pour avoir lancer l’idée de ces assises.
Mesdames et messieurs
Corriger la LEPI pour éviter à court terme les violences politiques
La crise actuelle semble éclipser d’autres questions d’importance capitale pour notre pays.
C’est pour cette raison que nous n’avons jamais interrompu la veille sur la préoccupante question de la LEPI. Ce qui se passe aujourd’hui dans le dossier LEPI, si nous n’y prenons garde, nous conduira à une crise politique grave. Nous devons tous prendre conscience de la situation, car le retard dans le démarrage de sa correction et l’incertitude de son financement, nécessaire pour conduire à terme la correction, risquent de compromettre la tenue en 2014 des élections communales et locales. Certains observateurs avertis s’inquiètent même pour les élections législatives de 2015 et au-delà, les élections présidentielles de 2016. Tout cela est porteur de germes de conflits politiques dans notre pays. La solution, à notre avis, passe évidemment par la mise à disposition du COS-LEPI de tous les moyens nécessaires à son action.
L’emploi des jeunes comme priorité des politiques économiques
Nous saisissons également cette tribune d’Abomey pour évoquer la plus importante des préoccupations de l’Alliance ABT qui est le chômage des jeunes.
La situation des jeunes au Bénin d’aujourd’hui, se caractérise par une accumulation de chômeurs à une vitesse exponentielle avec un taux de chômage officiel de 40,7% en 2011. Nous savons tous qu’il est plus élevé si on considère des hypothèses de calcul plus large.
Le plus grave, c’est qu’en face, il n’y a aucune solution alternative crédible qui soit proposée pour ralentir le fléau ou l’endiguer.
Dans cette proportion de chômeurs et avec la crise qui perdure dans tous les secteurs, le chômage des jeunes constitue une bombe à retardement contre le peuple béninois. En effet, dans tous les pays où des crises sociales ont dégénéré en conflits ouverts ou en des guerres, ce sont les jeunes chômeurs qui en ont été les ferments mais aussi les principales victimes.
A l’Alliance ABT, nous proposons que la question de l’emploi des jeunes soit au cœur des priorités de la nation.
Militantes et militants de l’Alliance ABT,
Je vous lance un appel, où que vous soyez, afin que vous fassiez connaître et défendre nos valeurs en particulier l’unité nationale, les libertés collectives et individuelles, le dialogue et la paix.
En ce qui me concerne, je réaffirme ma disponibilité à être à vos cotés, dans vos communes, vos arrondissements, vos villages et quartiers de villes.
Mesdames et messieurs,
Au nom de l’Alliance ABT, j’aimerais encore une fois, vous remercier tous pour votre déplacement et renouveler ma profonde gratitude à tous ceux qui ont permis que se tienne la présente manifestation ainsi qu’à tous ceux qui ont contribué de toutes les manières à ce succès éclatant.
Je veux remercier et féliciter chaleureusement nos amis journalistes et animateurs des médias, pour nous avoir accompagnés, et pour le travail formidable qu’ils abattent dans le pays.