La Fondation Friedrich Ebert a organisé à son siège à Cotonou, le vendredi 14 février 2014, un grand débat sur la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Cette activité s’inscrit dans le cadre de la troisième édition de son initiative « Soirées politiques ». A l’occasion, il est révélé que la Lépi telle qu’elle est conduite ne peut pas faire la paix aux lendemains des prochaines élections. Raison pour laquelle, il a été proposé par l’assistance que le peuple béninois mette de côté cette Lépi et aille à une liste électorale ad’hoc.
La Liste électorale permanente informatisée (Lépi) du Bénin avec son état actuel, même si elle est corrigée, ne pourra pas gagner la confiance des Béninois. Et pour les prochaines élections communales, il y a lieu qu’une liste ad’hoc soit retenue afin d’éviter des crises post électorales sans précédent. C’est la synthèse que l’on peut faire des propositions faites à l’issue du débat qu’a organisé Friedrich Ebert Stiftung sur la Lépi le vendredi dernier. « Regards croisés des acteurs politiques et de la Société civile sur la Liste électorale permanente informatisée », tel était le thème de la soirée qui a réuni politologues, juristes, acteurs politiques et de la société civile, membres du corps diplomatique et d’institutions internationales accréditées au Bénin, journalistes et autres citoyens intéressés par le sujet. Sur un plateau modéré par Georges Amlon, les honorables Sacca Lafia et Basile Ahossi, président et membre du Cos-Lépi, puis Aurélien Agbénonci et Orden Alladatin ont, durant quatre vingt dix minutes environ, donné leurs regards sur la liste électorale permanente informatisée. Quelle est l’importance de la Lépi ? Sur cette question qui a donné le top de ce débat, les conférenciers ont été unanimes sur les avantages de la Lépi si elle était bien réalisée. A la question de savoir l’Etat de lieu de la mise à jour de la Lépi, les avis sont partagés. Pour Orden Alladatin et l’Honorable Ahossi, la Lépi a été faussée depuis la première phase qu’est la cartographie censitaire jusqu’à l’enregistrement où il y a eu un cafouillage qui ne dit pas son nom. A la phase de la cartographie, le travail a été confié aux non professionnels qui ne savent pas manipuler le GPS. Aussi, tous les ménages n’ont pas été enregistrés. « Résultats, la Lépi n’a pas amélioré le système électoral tel que l’ont souhaité les Béninois pour les élections de 2011 », a déploré Orden Alladatin. Sur ce point, le fonctionnaire international Aurélien Agbénonci a exprimé son regret de ne pas voir la Lépi, cet outil de développement, de ne pas la voir prospérer au Bénin comme dans les pays de la sous-région à l’instar du Mali qui a organisé sans contestation ses élections présidentielles avec la Lépi aux lendemains d’une guerre. Pour l’honorable Sacca Lafia, la Lépi ne doit pas faire l’objet de polémique car tout ce que l’on entreprend a toujours des hauts et des bas. D’après lui, la Lépi est malade de son « é ». Les failles peuvent êtres corrigées. Des interventions des invités qui étaient sur le plateau circonstanciel de Georges Amlon, il ressort que la Lépi a du plomg dans l’aile. Et comment faire pour surmonter les difficultés?
Une liste ad’hoc pour sauver le pays
Pas question de surmonter les difficultés. La Lépi du Bénin telle qu’elle a été montée ne répond plus aux objectifs autrefois fixés, ont déploré le panel des conférenciers et l’assistance. Pour eux, cette Lépi n’est plus à corriger. Car la corriger, c’est gaspiller les ressources financières du contribuable béninois, ont-ils estimé. Il faut donc carrément la reprendre. C’est ce qu’ont laissé entendre les différents intervenants. A l’instar de Orden Alladatin et de Aurélien Agbénonci, bon nombre de participants ont souhaité qu’en attendant la reprise de cet outil de développement, le peuple fasse vite l’option de s’entendre sur une liste consensuelle qui servira pour les prochaines élections communales. Mais pour l’Honorable Sacca Lafia, il n’en est question ; à ses dires, la présente liste électorale corrigée peut bien servir aux prochaines élections si le Gouvernement met à la disposition du Cos Lépi les moyens qu’il faut.
La satisfaction du public
Pour les participants, cette soirée politique de Friedrich Ebert Stiftung a été une réussite. Ce grand débat sur la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) entre dans le cadre de la périodique rencontre de Friedrich Ebert Stiftung intitulée «soirées politiques». Il vise à promouvoir le dialogue politique entre acteurs d’horizons divers et à apporter une contribution significative aux débats sur les questions socio-politiques et économiques au Bénin. Aux dires du représentant résident de Friedrich Ebert Stiftung, Constantin Grund, à l’entame de la soirée, la Fondation Friedrich Ebert n’a pas d’opinion sur la mise à jour de la Lépi. L’espoir de la Fondation, à travers la soirée, est de pouvoir toucher les questions de fond sans courir le risque de dévier de la trajectoire principale ou de s’engloutir dans la marre des préjugés et des clivages.
