Le député Sacca Lafia a affiché ses tendances régionalistes, le vendredi 14 février 2014 lors de la 3ème soirée politique de la Friedrich-Ebert Stiftung (Fes). En présence d’une partie du gotha politique national, il a réaffirmé que l’Union fait la Nation (Un) est un rassemblement politique du Sud-Bénin qui ne mérite pas le soutien des électeurs du septentrion. Des insinuations plutôt graves qui menacent l’unité nationale.
L’ancien ministre et député proche du pouvoir, Sacca Lafia a été vivement interpellé vendredi dernier. L’un des participants à la soirée politique de la Fes a reproché à cet élu des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) de s’être acoquiné avec un groupe de ressortissants du septentrion ayant appelé lors d’une rencontre tenue à Bassila à la veille de la présidentielle de 2011 à ne pas voter pour le candidat de l’Un. L’intervenant a rappelé que ce groupe de cadres du Nord-Bénin soulignait que si les "Unionistes" remportaient les élections, aucun fils du Nord ne devrait plus accéder au pouvoir pendant cinquante ans. Confondu, Sacca Lafia n’a pas nié avoir été membre d’un tel groupe. Devant le public composé entre autres de diplomates étrangers en poste à Cotonou, il a reconnu avoir adhéré à un tel discours. Un acte gravissime qu’on ne peut s’empêcher de condamner. Plus inquiétant, le député a promis de récidiver lors de la prochaine campagne présidentielle. Le comble. A l’entendre, c’est un argument politique efficace dont on peut se servir pour obtenir des victoires incommensurables. « Propos régionalistes, irresponsables et dangereux », avait laissé entendre un intervenant visiblement exaspéré. Plusieurs analystes politiques ont aussi déploré la posture régionaliste de Sacca Lafia et son entêtement à persévérer dans l’ethnocentrisme et le régionalisme. Et à analyser de près, plus qu’une plaisanterie mal inspirée, c’est une gaffe que le député a commise vendredi dernier en tentant de justifier un discours désobligeant et désintégrateur. Sous d’autres cieux, cette posture devrait lui coûter très cher politiquement. D’autres observateurs ont qualifié cette maladresse de « bêtise » devant être inconditionnellement condamnée. Ce constat les a d’ailleurs poussés à déplorer l’immaturité de certains politiques béninois encore amateurs de discours brut et moins circonspect.
A tout le moins, ce discours tenu ouvertement par des cadres du septentrion et qui fait l’apologie du régionalisme, menace la cohésion nationale. Et il est urgent d’obliger Sacca Lafia et ses acolytes à y renoncer. Car, contrairement à l’air insouciant qu’il a affiché en passant le message scandaleux vendredi dernier, toute récidive risque bien de pousser le Bénin dans le décor. L’acceptation de l’autre doit être la règle d’or.