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Le Matinal N° 4292 du 19/2/2014

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Que reste-t-il des acquis de la Conférence nationale ?
Publié le jeudi 20 fevrier 2014   |  Le Matinal




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Les Béninois ont pratiquement « réinventé » leur Etat en 1990. Lors de la Conférence nationale de février de la même année, le peuple a pris plusieurs résolutions fondamentales pour garantir une marche réussie vers la prospérité ;

le développement véritable et harmonieux, comme le souligne bien le préambule de la Constitution du 11 décembre 1990. Il s’agit entre autres de l’Etat de droit, de la démocratie pluraliste et des libertés fondamentales. Après les assises nationales, le Bénin avait été désigné comme un modèle.


On parlait même de « laboratoire de la démocratie en Afrique ». Mais aujourd’hui le « modèle béninois » subit les critiques des « désenchantements de la liberté ». Il semble avoir perdu de son exemplarité au point que de plus en plus de voix s’élèvent pour affirmer que « rien ne change ». Des critiques très acerbes mais compréhensibles.

En effet, 24 ans après la Conférence nationale, les choix fondamentaux faits le peuple béninois pour en finir avec un régime dictatorial ne sont pas tout à fait respectés. L’Etat de droit est fortement menacé. Les juges qui jouent un rôle fondamental dans la construction de l’Etat de droit sont actuellement sous pression au Bénin.

L’Exécutif est décidé à les mettre au pas, mais ceux-ci résistent. Selon l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab), l’indépendance et la sécurité du juge béninois ne sont plus garanties. Une situation qui sape plutôt les efforts et les sacrifices consentis par les Béninois depuis plusieurs années. Pour ce qui est de la démocratie pluraliste, on note certes de différentes sensibilités politiques et religieuses au Bénin. Mais le gouvernement a de plus en plus propension à contrôler voire réduire l’espace d’expression des forces politiques.

Depuis l’amorce de l’ère du Renouveau démocratique, c’est sous le Changement et la Refondation que les médias publics ont piteusement joué leur rôle. Ils sont instrumentalisés. En effet, seule l’opinion des forces politiques proches du pouvoir est abondamment relayée par la télévision nationale.

Autre recul noté, c’est la violation des libertés publiques. Le gouvernement s’est beaucoup illustré dans la répression des mouvements de protestations (interdiction des marches de protestations de l’opposition et des organisations syndicales). La liberté de manifestation et le droit de grève sont fortement restreints ces dernières années.

Or, en touchant ces droits, composantes importantes des libertés publiques, elles aussi éléments déterminants des libertés fondamentales, le gouvernement fragilise un pilier de la démocratie. Ces coups de boutoirs portés à l’Etat de droit et à la démocratie ajoutés aux pratiques malsaines (népotisme, régionalisme et clientélisme) montrent incontestablement que le Bénin est malade. Certains acquis de la Conférence nationale sont fortement remis en cause par les gouvernants. Et il y a lieu d’y pallier.

A S

Professeur Maurice Ahanhanzo-Glèlè

« Pourquoi bavarder encore sur la Conférence nationale ? Nous devons avoir honte de ce que nous en avons fait. C’est l’Etat de droit ça ? »

Pierre Osho, ancien ministre d’Etat du général Mathieu Kérékou

« Qu’est-ce que je n’ai pas encore dit sur la Conférence nationale ? Cela m’attriste profondément…La Conférence nationale est en train d’être vidée de sa substance ... Qu’est-ce que vous pensez de la mandature de Robert Dossou (un des acteurs de cette Conférence) à la Cour constitutionnelle ? Depuis 2011, je me suis retiré de la scène politique et j’ai décidé de ne plus me prononcer … »

Professeur Paulin Hountondji

« L’une des choses les plus importantes est qu’il y a 24 ans, nous avons vaincu la peur. Comme le disait Albert Tévoèdjrè nous avons vaincu la fatalité. Mais avant de vaincre la fatalité, nous avons fait un gros effort sur nous de ne plus avoir peur de dire ce que nous pensions…

Nous avons gardé au moins la liberté d’expression, la liberté de dire librement ce que nous pensons, la liberté d’association et la démocratie pluraliste…La liberté démocratique est un acquis irréversible. Je ne dis pas que le pouvoir écoute toujours les meilleurs avis que lui donne ou que peut lui donner la population…

Sur le plan de l’unité nationale, quand nous voyons ce qui s’est passé récemment en Côte d’Ivoire, ce qui se passe en République Centrafricaine ou dans le nord du Nigeria, nous pouvons nous estimer heureux. Mais nous devons faire attention car il est illusoire de croire que de tel malheur n’arrive pas qu’aux autres. Il faudrait qu’on fasse attention. Je reste malgré tout optimiste que ce que les gens de ma génération n’ont pu faire, les générations montante vont le faire ».

Propos recueillis par Jacques Boco

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