Ils sont encore 3 officiels dont les oreilles n’arrêtent plus de siffler chaque jour depuis le début de la pagaille au sein de la République.
Ça gémit dans tous les sens pour inviter les ex de la Marina, encore en vie, à se mettre au chevet de la maison commune branlante. Il paraît que les vieux Zinsou, Soglo et Kerekou pourraient déverrouiller l’impasse en s’impliquant à la recherche de la paix troublée ces temps-ci. Apparemment, ce ne sont pas leurs âges respectifs relativement avancés qui sont crédités d’un pouvoir de pacification mais plutôt leur passé aux commandes du pays.
En effet, plusieurs de leurs contemporains s’y sont déjà essayés sans succès : Albert Tévoédjrè, Moïse Mensah, Joseph Gnonlonfoun et autres retraités de longue date. N’est pas ex-président de la République, ex-père de la nation, ex-chef du gouvernement, ex-chef suprême des armées qui veut.
Face à la grève qui se généralise, au climat politique qui s’alourdit, aux affaires qui agonisent, aux religieux qui s’affrontent puis enfin à la rareté de personnes ressources encore crédibles, les anciens présidents auraient dû, en effet, être des recours légitimes. Sauf que ceux qui accordent de l’efficacité à ces patriarches font sans doute semblant d’oublier les conditions des K.O électoraux de 2011.
À leurs nez et à leurs barbes la marche forcée vers des élections bâclées s’est poursuivie ; les millions d’électeurs exclus du tristement inhiber électoral, Lepi n’ont pu avoir gain de cause et, deux ans après tout cela, le pays est incapable de tenir le moindre scrutin sans risquer de basculer dans une déflagration ethnico-régionaliste. On se demande alors pourquoi un interventionnisme tourné en dérision en 2011 pourrait faire bouger les choses en 2014 même si les acteurs n’ont pas les mêmes profiles d’une situation à l’autre.
Sans négliger le fait qu’une implication probable des trois anciens présidents de la République surtout sur le front social ne saurait totalement être exemptée de quelques arrières pensées. Prenons le cas Zinsou que l’ont dit déjà très fatigué et sûrement pas très indiqué pour arbitrer de laborieuses négociations Gouvernement-Syndicat.
Ensuite Soglo plus ou moins pris dans la polémique pour avoir autorisé en tant que maire la manifestation des travailleurs à l’origine de la répression policière du 27 décembre 2013. Enfin Kérékou que l’ont dit illuminé par moment et dont la présence devant des syndicalistes anciens bagnards des camps de tortures sous la révolution pourrait provoquer quelques ressentiments. Les pompiers improvisés pourraient donc devenir rapidement des éléments de frustration et de complication, en plus du climat de grande suspicion.
Comment en est-on arriver à manquer de solution à tous les problèmes au sein d’une République à l’image du Bénin ? L’impossibilité de discuter entre partenaire sociaux inquiète tout le monde. De la manière que les acteurs politiques ne parviennent plus à s’entendre sur rien, pas même sur le minimum pouvant permettre d’aller aux urnes alors qu’un mandat en l’occurrence le mandat municipal est échu depuis plus d’un an.
Le patronat ne peut plus discuter avec le gouvernement afin d’assoir une plate-forme sur le partenariat public-privé ; l’Assemblée nationale ne supporte plus les arbitrages d’une Cour constitutionnelle jugés trop manipulée ; des religieux s’invectivent par prêches interposés. Devant un tel désert de dialogue, certains Béninois voudraient voir en ces anciens présidents une once de repère et de référence capable de mettre tout le monde d’accord.