« L’eau de puits que j’ai puisée hier a laissé de résidus rougeâtres au fond du récipient. Cette eau n’est pas potable pour la consommation mais, c’est elle que nous utilisons pour tous nos besoins ici à Togba », déplore Judith, une habitante de la zone.
Comme elle, beaucoup d’autres encore vous diront la même chose ou plus. Les élèves, les enseignants et même les travailleurs qui doivent aller au boulot ou à l’école le matin ou à une heure donnée se trouvent confrontés au problème de l’eau.
Arnaud, élève à Tokan n’a pas caché la souffrance qu’il vit chaque matin avant d’aller à l’école. « Je me lève à 05h 30mn quand j’ai cours à 08h et à 05h lorsque c’est à 07h parce que je dois chercher de l’eau pour moi-même, pour mes frères et pour les travaux de la cuisine.
Cela me prend environ 30mn ». Pour avoir de l’eau dans les quartiers de Calavi, il faut disposer de l’énergie car puiser de l’eau n’est pas chose aisée, le puits qui est dans notre maison est profond de 24 m et il faut tirer la corde accrochée à un seau à l’aide d’une poulie pour obtenir de l’eau, explique-t-il. Aucune couche de la société n’échappe aux difficultés liées à l’eau dans Calavi. Dame Valentine lance un appel : « Je vends du fromage de soja et de l’akassa, ces deux mets demandent beaucoup d’eau pour leur cuisson, je fais donc appel aux jeunes dames ou jeunes garçons qui puisent de l’eau pour moi. Ils puisent le tonneau à 600FCfa et j’utilise deux tonneaux au moins par jour. Ce n’est pas du tout facile ».
Pour cela, la plupart des maisons habitées par des personnes nanties, abritent des châteaux stores installés grâce à des tuyaux reliés au puits. Ceci épargne des soucis de cordes à tirer et c’est des robinets qui permettent de recueillir l’eau, mais là encore, subsiste un autre problème. « Chaque deux semaines, il faut laisser couler l’eau, en vue de nettoyer le récipient qui sert à garder l’eau pour le robinet, sinon l’eau n’est pas agréable à la consommation.
En plus, c’est l’énergie électrique qui fait fonctionner ces forages », affirme Clément. D’après ses explications, pour obtenir l’eau de puits de bonne qualité et en toutes saisons, il y a aussi des dispositions préalables qui sont prises. Il faut savoir à quel moment construire le puits, choisir un puisatier professionnel et éviter de mettre à l’intérieur des puits des briques communément appelées “buses’’ conçues par des maçons.
« L’eau de puits ici dans notre localité a différents goûts. Parfois, c’est fade, cela dépend de comment vous avez construit votre puits, mais après tout, la meilleure boisson vitale c’est l’eau qui est propre ; que les autorités se souviennent donc de nous », lance un riverain de Ouèdo. « L’eau que nous buvons à Tokan est limpide, propre à vue d’œil. Mais nous ne savons pas les microbes qui sont présents dans cette eau, alors que c’est avec elle que nous faisons tout même les bains, ce qui n’arrange pas surtout la femme », regrette madame Charlotte.
Le cri de détresse des populations a poussé les autorités à la base à apporter un tant soit peu l’eau de pompe dans quelques quartiers à Abomey–Calavi.
« Dans mon quartier, ils sont à peine quatre à disposer de l’eau de la Soneb alors que nous sommes au moins 250 habitants. Cela ne nous arrange pas », rétorque Charles. Suzanne complète : « Mon seul souhait, c’est l’eau de pompe parce que tout citoyen a droit à l’eau potable.
Ici dans les quartiers de Calavi, l’eau constitue notre souci majeur ». Une chose est claire, les populations d’Abomey-Calavi ont des besoins en eau potable. Et, elles ne font que réitérer leur appel au secours à l’endroit des autorités politico-administratives. Car, pour elles, aucun privilège n’est plus grand que d’avoir à sa portée, une boisson naturelle et propre à la consommation.