La crise énergétique aigue que traverse le Bénin depuis quelques semaines était, le dimanche 31 mars, au cœur des échanges dans l’émission « Zone Franche » de Canal 3. Pour l’ancien directeur général de la SBEE, Philippe Hounkpatin, le Bénin souffre de la gouvernance de son secteur énergétique au Bénin.
Les multiples pénuries d’énergie électrique auxquelles se trouve confronté le Bénin ne sont pas le fruit du hasard, selon Philippe Hounkpatin. Ingénieur en génie électrique de formation, ancien Directeur des projets et des études de la Communauté électrique du Bénin (CEB) et surtout ancien directeur général de la Société béninoise d’énergie et d’eau (SBEE), Philippe Hounkpatin estime, en effet, qu’« au Bénin, on ne capitalise rien ». A en croire ses explications, la situation actuelle résulte de la non prise en compte des initiatives amorcées depuis des années dans le secteur énergétique dans le cadre de la CEB conjointement portée sur les fonts baptismaux en 1968 par le Bénin et le Togo. Or, explique-t-il, pour parvenir à la souveraineté énergétique, « les décisions que l’on prend ne doivent pas ignorer les études antérieures » ; toute chose qui n’est pas le cas avec les multiples décisions des gouvernants. Il en est ainsi, selon Philippe Hounkpatin, avec l’annonce de la construction du barrage hydro-électrique de Kétou au détriment de celui d’Adjaralla pourtant déjà identifié par des études précédentes à cette fin. « On ne peut pas parler de Kétou sans Adjaralla », estime l’ancien DG/SBEE.
Sauver le secteur par une meilleure gouvernance
Pour l’ancien directeur général de la SBEE, si « ce qui se passe est gravissime », des pistes sont susceptibles d’êtres explorées pour la juguler. Il en est ainsi de l’amélioration de la gouvernance à la tête de la SBEE, du renforcement de la mission communautaire de la CEB pour un meilleur approvisionnement en énergie électrique du Bénin. Il en est de même des investissements à réaliser dans le secteur pour le renouvellement ou la conservation des équipements. A en croire les explications de Philippe Hounkpatin, le Bénin souffre de la vétusté de ses équipements électriques faute d’investissements pour leur mise en état. C’est, selon lui, le cas pour les centrales d’Akpakpa, de Parakou et de Porto-Novo. Dans ce sillage, l’ancien DG/SBEE préconise la mise en place d’un meilleur système de distribution de l’énergie électrique, d’un meilleur système de tarification et un recours à l’énergie solaire en milieu rural. Somme toute, pour Philippe Hounkpatin, une meilleure gouvernance du secteur énergétique s’impose pour sortir le Bénin de sa situation actuelle.