L’ouverture du capital social de Bénin Télécoms SA (BTSA) et de Libercom, deux sociétés d’Etat, sera une réalité dans quelques mois. Dans le processus qui conduira à faire de ces sociétés des centres de profit, le gouvernement du Dr Boni Yayi a fait deux options : celle de la sauvegarde de l’emploi des travailleurs et de l’éradication de sa précarité, puis celle du maintien des droits acquis.
C’est l’annonce qui a été faite par le ministre Komi Koutché hier, lundi 24 février 2014, aux travailleurs de ces deux sociétés. Contrairement à ce à quoi on pouvait s’attendre, la nouvelle a été bien accueillie par les travailleurs. Certainement à cause de la méthode utilisée par Komi Koutché.
Le processus d’ouverture du capital social de Bénin Télécoms SA et de Libercom est irréversible quels que soient les intérêts que cela bouscule. Selon le ministre Komi Koutché qui était face aux travailleurs de ces deux sociétés d’Etat hier, lundi 24 février 2014, rien ne pourra arrêter ce processus si l’on a vraiment à cœur le bien-être de ceux qui travaillent dans ces deux sociétés d’Etat. Pour le ministre Komi Koutché, c’est d’ailleurs maintenant ou jamais qu’il faut réformer ces deux sociétés.
Les réformes pour lesquelles les travailleurs ont donné leur accord par le sérieux et l’engagement dont ils ont fait preuve depuis six mois seront, selon le ministre en charge de la communication et des TIC, orientées vers les meilleures parties pour tous les acteurs à commencer par les hommes.
Des explications apportées par le ministre, il est à retenir que les réformes qui seront engagées agiront sur trois facteurs : les hommes, la communauté et l’Etat en ayant à l’esprit que l’Etat n’est pas fait pour faire de la concurrence, mais pour créer les conditions d’une concurrence saine…
L’urgence de réformer Bénin Télécoms SA
« Tant que Bénin Télécoms SA ne sera pas réformé, il n’y aura pas d’Internet haut débit au Bénin. De même, le service universel dont on parle si tant sera chancelant si on ne réforme pas l’opérateur historique », a dit le ministre Komi Koutché pour qui Bénin Télécoms SA ne peut pas continuer à être à la fois un opérateur de gros et de services.
Partant du fait que dans une économie libérale cette option ne se justifie pas, le ministre Komi Koutché a annoncé que l’Etat a fait l’option de filialiser les branches ouvertes à la concurrence (Internet, Réseaux filaires et non filaires…).
En clair donc, le capital de Bénin Télécoms SA sera ouvert dans une option raisonnée de préservation des emplois et des acquis sociaux. Bénin Télécoms mère deviendra donc l’opérateur de gestion des infrastructures qui offrira de la capacité à tous les autres opérateurs qui sont dans le détail.
Libercom deviendra Libercom SA
Dans le cadre de Libercom, l’Etat, selon les révélations du ministre Komi Koutché, a pensé qu’il faut aller aussi à la filialisation.
Le capital social de cette société sera donc ouvert par appel d’offres international. Dans ce secteur, a dit le ministre Komi Koutché, il sera fait en sorte que la section téléphonie mobile qui n’est pas une activité du public soit gérée par les privés. « Nous ne pouvons pas tricher dans l’ouverture du capital social de Libercom en disant que l’Etat sera majoritaire alors qu’on sait qu’il ne sera jamais compétitif sur le marché de la concurrence. 80 % du capital de Libercom sera donc ouvert à un opérateur privé de référence internationale à ne pas confondre avec opérateur étranger.
Le choix d’ouvrir le capital dans cette proportion tient lieu de deux choses : ne pas tricher avec les réformes et identifier les opérateurs stratégiques qui peuvent apporter le financement nécessaire pour faire les investissements requis afin de pouvoir permettre à Libercom d’être compétitif sur le marché dans quelques mois.
Comme dans le cas de Bénin Télécoms SA, le gouvernement met l’accent sur deux choses essentielles : le maintien de tous les emplois actuels et dans leur forme conformément au contrat, puis le maintien et la sauvegarde des acquis », a annoncé le ministre Komi Koutché pour qui le maintien des emplois ne signifie pas le laisser-aller, mais plutôt l’engagement de l’employeur et de l’employé. Le rêve ici, a-t-il poursuivi, est qu’au bout de ces réformes l’agent de Libercom SA n’ait rien à envier à ses collègues des autres réseaux mobiles qui gagnent bien leur vie.
L’appel à un engagement non négocié
Au cours des échanges, le ministre Komi Koutché a exhorté les travailleurs de Bénin Télécoms SA et de Libercom à plus d’engagement pour faire aboutir les réformes initiées. « Vous ne travaillez pas que pour vous-mêmes.
Vous travaillez pour gagner. Vous travaillez aussi pour satisfaire la communauté… Tout ce que je voudrais vous demander, c’est qu’on note en vous une volonté de ne pas perdre cette ultime occasion parce que des réformes ont déjà échoué. Entre les moments où ces réformes ont échoué et aujourd’hui, il y a eu une évolution très déliquescente de la situation. Nous devons donc nous dire que ces réformes initiées par le gouvernement constituent celles de la dernière chance pour éviter à Bénin Télécoms SA et à Libercom une mort subite », a conseillé le ministre Komi Koutché.
Des délais rigoureux
Pour ce qui est des échéances, il est à retenir que les travaux à l’interne (c’est-à-dire dans les différentes commissions) vont durer jusqu’au 30 avril 2014. « Le gouvernement aura jusqu’au 30 juin 2014 pour boucler les réformes. Le second semestre de l’année 2014 est prévu pour expérimenter le nouveau format des deux sociétés réformées.
Le 1er janvier 2015 connaitra l’avènement de Bénin Télécoms Infrastructure, Bénin Télécoms Services et Libercom dans sa nouvelle forme et son nouveau format qui seront sur le marché de la concurrence », a annoncé le ministre en charge de la communication et des TIC. Il a donné des instructions pour la poursuite des activités courantes de Bénin Télécoms SA et de Libercom en attendant l’aboutissement des réformes, surtout que de nouvelles politiques commerciales ont été mises en place. Pour lui, pas question d’entendre que les activités ont chuté pendant qu’on est en réforme.
Eviter le syndicalisme aveugle
Le ministre Komi Koutché n’est pas venu devant les travailleurs de Bénin Télécoms SA et de Libercom en dictateur ou en potentat. Au cours des échanges, la parole a été libre. L’occasion a été en effet donnée aux travailleurs de se prononcer sur son exposé. Une seule personne s’est inscrite.
Il répond au nom de Brice Asséréou Agossou, responsable à l’organisation de la Cstb et membre du Syndicat libre des travailleurs de Bénin Télécoms SA. Il a déploré le fait qu’aucun cadre juridique ne sous-tende les réformes engagées par le gouvernement. Ces réformes, a-t-il dit, violent les dispositions de l’article 7 de la loi sur la dénationalisation. Il a aussi évoqué l’absence depuis 1997 d’un programme de formation d’une relève de qualité à Bénin Télécoms SA.
Cette intervention n’a nullement ébranlé le ministre Komi Koutché qui a invité M. Agossou à ne pas faire du syndicalisme aveugle et à ne pas se laisser manipuler. « Je note la pertinence de tout ce que vous avez dit.
Il y a un principe qui a été édicté depuis le début. Il faut être suffisamment inconscient sur le plan professionnel pour faire du syndicalisme aveugle dans la situation de Bénin Télécoms SA. Avec l’ensemble des partenaires sociaux, nous avons retenu qu’il faut taire ce syndicalisme aveugle pour travailler à faire de Bénin Télécoms SA une structure prospère et nous renaissons le syndicalisme…Tel que vous procédez, vous risquez de faire du syndicalisme dans le trou.
Vous voulez revendiquer quoi lorsqu’on dit que Bénin Télécoms SA a plus de 30 milliards de F Cfa de dettes ? Le paiement de ces dettes ou la distribution des découverts en banque ?…Vous avez parlé de formation. C’est pertinent. Mais ce n’est pas en faisant ce que vous faites que vous pouvez espérer obtenir la satisfaction.
Si vous ne voulez pas vous faire écraser par les réformes, je vous invite donc à respecter les principes. Toutes les idées sont bonnes dans la conduite des affaires. Toutes les bonnes idées que avez et dont vous parlez sont les bienvenues. Recensez-les et adressez-les-moi sous forme écrite. Et s’il y a lieu qu’on échange là-dessus, je me rendrai disponible », a conseillé le Ministre Komi Koutché à M. Agossou.