06 avril 2011-06 avril 2013 : deux ans déjà que le gouvernement de Boni Yayi II gère le Bénin. Que retenir ?
Avec un retentissant K.O : 55 % des voix contre 35 % pour son principal concurrent Adrien Houngbédji, au terme du scrutin présidentiel du 13 mars 2011, le président Boni Yayi a été réélu dès le premier tour. Il s'est engagé, dès sa prise de fonction, à ne pas modifier la Constitution dans le but de briguer un troisième mandat et quittera donc ses fonctions en mars 2016, à l'issue des prochaines élections présidentielles. Le pays est passé de la philosophie du changement à la refondation. Mais peu de Béninois y comprennent quelque chose. Les députés ont doté le Bénin de plusieurs lois dont celles relatives au code foncier au Bénin, les violences faites aux femmes… Du 18 au 20 novembre 2011, les regards du monde entier étaient tournés vers le Bénin qui a servi de base à la signature de l'exhortation apostolique par le pape Benoît XVI qui effectuait sa première visite, la troisième d'un évêque de Rome au Bénin. Benoît XVI à qui le chef de l'Etat a promis partir en 2016 a quitté les responsabilités pontificales assez tôt laissant le Bénin dans une situation confuse. Du 20 janvier 2012 au 20 janvier 2013, Boni Yayi, élu président de l'Union Africaine, a fait parler du Bénin dans le monde. Des usines de transformation des produits agricoles sont installées dans le pays par le gouvernement. Le deuxième compact du Millenium challenge account (Mca) a été obtenu au grand bonheur du peuple béninois. Les Carder sont de retour afin d'accompagner la révolution verte…
Les réformes portuaires ont été engagées ; le Programme de vérification des importations de nouvelles générations (Pvi-Ng) dirigé par l'homme d'affaire Patrice Talon a été suspendu mettant des centaines de citoyens au chômage. L'opposition au régime en place n'est plus remarquable et réduite au silence et le chemin semble être balisé pour le chef de l'Etat. Depuis le bras de fer Talon-Yayi-Ajavon, c'est le silence total chez les opérateurs économiques, comme si tout est désormais parfait dans leur monde. Autant de réalités qui poussent à s'inquiéter. Dans une démocratie, ce n'est pas bon signe.
Et le délestage est de retour : depuis plusieurs semaines, les Béninois passent plus de temps sans l'énergie électrique. Tout tourne au ralenti. Le projet de construction de turbines à gaz à Maria Gléta, sur fonds propres, a été lancé. Sur initiative du Chef de l'Etat, le pays a pu négocier et obtenir des engagements de fourniture d'énergie chez le grand voisin de l'Est et chez des pays comme la Côte d'Ivoire et le Ghana. Mais tout mène aujourd'hui le Bénin dans le noir. Simplement parce qu'on n'a pas été préventif.
Le processus électoral à la Chambre de commerce et d'industrie du Bénin (Ccib) est suspendu depuis deux ans environ. Et la guerre se poursuit entre opérateurs économiques. Le cadre de concertation et de négociation entre le gouvernement et les centrales syndicales peine à reprendre ses activités : les syndicalistes crient leur ras-le-bol. Les marches de dénonciation sont interdites contrairement aux marches de soutien.
La correction de la Liste électorale permanente informatisée et la date du déroulement des élections communales et locales relèvent toujours d'un mystère.
Les complots se suivent et... se ressemblent : trois tentatives de coup d'Etat ont été déjouées. L'un devrait transiter par les syndicalistes ; suivi de la supposée tentative de coup d'Etat dont le commanditaire serait Patrice Talon et la supposée atteinte à la sûreté de l'Etat. Autant de réalités qu'a connues le Bénin en deux ans sous le second mandat de Boni Yayi.