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La Nation N° 5935 du 27/2/2014

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Filière des taxis-ville à Cotonou: Un secteur qui résiste malgré la rude concurrence
Publié le jeudi 27 fevrier 2014   |  La Nation


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© Autre presse par DR
La ville de cotonou


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Le transport en milieu urbain jadis assuré exclusivement par les taxis-ville est aujourd’hui envahi par d’autres acteurs.

En dehors des conducteurs de taxi-motos (zémidjan), les minibus, les tricycles et même les bus des municipalités de Cotonou et d’Abomey-Calavi aussi sont rentrés dans le jeu. Du coup, les acteurs originels se trouvent confrontés à une concurrence rude à laquelle ils résistent.

Le marché n’est plus trop favorable pour les taxis-ville à Cotonou. Le secteur est en proie à la concurrence des zémidjan, des tricycles et minibus des particuliers ainsi que des bus des municipalités de Cotonou et d’Abomey-Calavi. Pourtant, cette situation ne décourage pas outre mesure les acteurs de ce secteur qui tiennent à sauver la corporation.

Reconnaissant l’effectivité de cette concurrence, Abraham Agboakounou, secrétaire administratif du bureau national de l’Organisation des conducteurs de taxis-ville des communes du Bénin (OCTAVIC), indique qu’elle n’est pas seulement le fait des particuliers à travers les taxis-motos et les minibus.

Les mairies aussi se livrent à l’exercice de l’activité du transport urbain. Il considère cela comme une concurrence «déloyale» exercée par les municipalités à leur corporation. S’il semble comprendre le cas des particuliers, il désapprouve le cas des municipalités. Abraham Agboakounou reproche notamment aux autorités des municipalités de Cotonou et d’Abomey-Calavi le peu de cas qu’elles font de leur corporation. Aujourd’hui, il ne doit plus avoir en circulation de véhicule sous immatriculation provisoire ayant expiré. Mais les bus de transport en commun de la mairie de Calavi fonctionnent toujours sous cette immatriculation. A ce niveau, il dénonce une sorte d’injustice à l’égard de sa corporation.
Car, un taxi-ville ne saurait circuler dans les mêmes conditions sans être interpellé, relève-t-il.

L’injustice ne s’arrête pas là. Alors qu’obligation est faite aux conducteurs de taxis-ville d’avoir sur eux le livret de bord de leur véhicule, les conducteurs de bus des municipalités n’en portent pas sur eux.

A ce sujet, il confie avoir enquêté auprès d’eux. «Ces conducteurs nous ont révélé qu’ils n’ont jamais les livrets de bord», dénonce-t-il, ajoutant que cela fait croire que ces véhicules intervenant dans le transport urbain ne sont pas astreints à cette obligation. En outre, le secrétaire administratif du bureau national de OCTAVIC fait observer que la surcharge, interdite aux taxis-ville, ne semble pas concerner les bus des mairies de Cotonou et d’Abomey-Calavi qui prennent plus de passagers qu’il n’en faut. Poursuivant ses dénonciations, il affirme que ces bus qui disputent le marché avec eux remplissent les formalités.

A ce propos, il indique, entre autres, qu’ils ne paient ni impôts ni taxes. «Avec l’assurance, toutes ces formalités nous coûtent près de 300 000 FCFA par an», estime-t-il avant de demander que les mairies mettent elles aussi à jour toutes les pièces administratives requises pour faire du transport urbain.

Devant cette rude concurrence, confie Abraham Agboakounou, les conducteurs de taxis-ville ne se contentent plus de circuler seulement dans Cotonou.

Ils vont dans d’autres localités telles qu’Abomey-Calavi, Pahou, Allada, voire Ouidah. «Si on doit s’arrêter à Cotonou ou à Abomey-Calavi, on n’aura rien. Ce n’est plus rentable aujourd’hui. C’est celui qui a la chance qui fait trois tours à raison de 2000 FCFA de recettes par tour. De ce montant, il faut déduire les frais de carburant», dit-il avant d’ajouter que difficilement «on gagne 3000 FCFA par jour».

Ce qui fait la force de la filière

Pour Léonard Kidjè, secrétaire administratif de l’Union des conducteurs de taxi-ville du Bénin (UCOTAVIB), un syndicat en gestation, la résistance du secteur face aux taxi-motos est liée à la commodité qu’offrent les quatre roues.

«Nous résistons à la concurrence des motos parce qu’il y a une grande différence entre voiture et moto», relève-t-il.

Quant à son homologue de l’OCTAVIC, Abraham Agboakounou, il se montre plutôt prudent quant à ce qui fait survivre le secteur malgré la concurrence. Selon lui, révéler ce qui favorise la survie du secteur, c’est livrer des secrets professionnels aux concurrents qui pourront s’en servir pour en finir avec eux. Toutefois, il se contente de préciser que le savoir-faire et l’expérience des conducteurs des taxis-ville constituent leurs forces de résistance.

A cela, il ajoutera la fidélité de certains passagers. Ces derniers, explique-t-il, préfèrent les taxis aux zémidjan parce qu’ils s’y sentent plus en sécurité. Il s’agit surtout des dames ayant dépassé la quarantaine et qui ne supportent pas d’être transportées sur moto même si le conducteur est leur propre fils.

«Considérant la densité du trafic, elles ont peur des accidents par chute de moto et préfèrent voyager par véhicules quatre roues pour se rendre au marché Dantokpa», observe Abraham Agboakounou. Mieux, à part la sécurité de leurs personnes, ces dames, souligne-t-il, jouissent également de la sécurité de leurs biens. «Si un passager perd son colis, il suffit qu’il se rapproche de notre bureau ici ou d’un responsable à la base et donne des précisions.

Dès lors, on trouve solution à sa situation», rassure le secrétaire administratif de l’OCTAVIC. D’autre part, selon lui, si certains passagers préfèrent encore les taxis-ville aux minibus et bus aux tarifs pourtant plus bas, c’est parce que les taxis-ville ne traînent pas autant que leurs concurrents avant de démarrer.

Faire survivre la corporation

Dans la perspective de redonner le goût du transport par taxis-ville aux populations, Abraham Agboakounou annonce certaines actions. Entre autres, les responsables de la corporation envisagent de procéder à un assainissement du secteur. Cela passera, selon lui, par l’enregistrement systématique des taxis-ville, des propriétaires et des conducteurs. Cette mesure permettra de recenser au niveau national les taxis-ville. Ainsi, en cas d’infraction, assure-t-il, il suffit de fournir des renseignements sur le véhicule pour que le fautif soit identifié.

Ce n’est qu’après cette opération qu’on pourra, à son avis, donner un chiffre exact sur le nombre de taxis-ville en activité à Cotonou. «Toutes les informations seront contenues dans une base de données et seront actualisées chaque fois qu’un changement intervient», révèle-t-il.

Par ailleurs, l’autre réforme concerne le jumelage des villes pour donner un second souffle au secteur qui bat de l’aile devant la concurrence.

Avec cette réforme, les conducteurs de taxis-ville peuvent circuler dans plusieurs cités urbaines et non plus seulement à Cotonou, qui estime-t-il, est saturée. «Ainsi, le taxi-ville sera opérationnel dans plusieurs centres urbains», se réjouit-il par anticipation....

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