La révélation a été faite mardi 25 février 2014 par Issa Tchiroma Bakary le ministre de la Communication, à l’occasion d’un point de presse donné dans la salle de conférence de son département ministériel.
Le gouvernement camerounais ne pouvait pas rester indifférent. Car depuis le 18 février dernier, date de signature du décret du chef de l’Etat portant commutation et remise de peines, les débats vont dans tous les sens. Certains observateurs avertis de la scène politique nationale soutiennent mordicus que Paul Biya a fini par céder à la pression de François Hollande, qui ne manquait plus une seule occasion d’exiger la libération de son compatriote Michel Thierry Atangana. Celui-ci était incarcéré depuis 17 ans dans une cellule de la prison spéciale de Kondengui logée dans l’enceinte du secrétariat d’Etat à la Défense (Sed).
Mais à la suite du décret du chef de l’Etat, ce Franco-Camerounais ainsi que l’ex ministre de la Santé publique Titus Edzoa, ont finalement été libérés lundi soir. Issa Tchiroma a tenu à rappeler lors du point de presse donné mardi dernier à Yaoundé, que le Cameroun est un Etat souverain n’ayant des ordres à recevoir de personne. «Le président français accompagne, assiste et conseille le Cameroun dans la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics. Il est donc incompréhensible que d’aucuns pensent que le décret a été pris sous la pression. Car même le droit international proscrit toute ingérence d’un pays dans les affaires internes d’un autre pays souverain», clame Issa Tchiroma Bakary, le ministre de la communication.
Et pourquoi cet empressement à libérer prioritairement Michel Thierry Atangana et Titus Edzoa? Réponse du Mincom. «Il n’ont eu aucune priorité. Les gens sont libérés sur toute l’étendue du territoire progressivement. Ne perdez pas de vue que 24.000 personnes sont concernées par la mesure présidentielle. Dès que les formalités administratives sont remplies, ceux devant être libérés le sont sans aucune autre forme de procès», rassure-t-il. Des sources dignes de foi annoncent pour les prochaines heures, la libération de l’ancien ministre des Postes et télécommunication, Mounchipou Seidou, lui aussi condamné pour détournement des deniers publics. Mais Pierre Disiré Engo ne bénéficiera pas de ce décret présidentiel, car il a encore des affaires en instance.
Sur la plainte de Michel Thierry Atangana contre l’Etat du Cameroun pour mauvaises conditions de détention, le Mincom balaie cela du revers de la main. « Ce monsieur avait déposé une plainte auprès du groupe de travail de la Commission des droits de l’Homme des Nations-Unies, accusant l’Etat du Cameroun de l’avoir fait arrêter par des éléments de la force spéciale pour son soutien aux opposants. Nous avons établi un rapport objectif adressé à ce groupe de travail qui en a tiré les conséquences », se défend-il face à la presse.
Et sur la réinsertion socioprofessionnelle de ces deux détenus alors ? Le Mincom reste évasif. «Je connais le niveau de magnanimité du chef de l’Etat. Si monsieur Titus Edzoa formule une demande pour quoi que ce soit adressée au président de la République, il sera satisfait. C’est seulement ainsi qu’on peut les aider à se réinsérer dans la société», ergote Issa Tchiroma Bakary tout en invitant les hommes de médias à faire preuve de patriotisme chaque fois que les institutions de la République sont attaquées.