De retour au pays après 60 jours de soins en France suite à l’agression perpétrée sur sa personne dans la nuit du lundi 9 décembre 2013, le président de l’Organisation non gouvernementale Association de Lutte contre le Racisme, l’Ethnocentrisme et le Régionalisme (ONG ALCRER) a organisé hier jeudi 27 février, une sortie publique suivie d’une conférence de presse. L'objectif est de se prononcer sur les évènements qui ont marqué sa vie depuis ce malheureux incident.
Par Josué F. MEHOUENOU
Physiquement, Martin Assogba n’arien perdu de sa superbe forme, même si son visage semble avoir pris plus de rides, certainement en raison des nombreux jours passés à garder le lit. Mais il a perdu de la voix et son timbre ordinairement aigu et retentissant s’est affaibli et est devenu tremblant.
Et c’est cet homme qui se fait appeler par certains « ressuscité » ou encore «miraculé» qui a organisé hier sa première sortie publique.
Plutôt rassurant, le président de l’ONG ALCRER a laissé entendre qu’il se porte bien après l’épreuve qu’il a traversée et qui a failli lui coûter la vie.
« Je voudrais rassurer tout le peuple béninois que je suis en bonne santé et prêt à continuer de porter, à ma modeste échelle, sa voix et ses aspirations », s’est-il exclamé devant la foule de collaborateurs, d’acteurs de la Société civile, de représentants de partenaires au développement et autres personnalités venus lui apporter leur soutien.
Après 60 jours de soins à la clinique de la Pitié-Salpétrière de Paris en lieu et place des 30 prévus pour son rétablissement, Martin Assogba garde encore dans son corps, deux des huit balles qui y ont été logées par ses agresseurs.
«Vous êtes atteints à des endroits très sensibles. Si nous cherchons à vous opérer, vos quatre membres seront paralysés», lui auraient fait savoir les médecins à Paris. Son seul espoir à ce niveau, c’est qu’au fil des années, l’effet des médicaments conduise à l’éjection desdites balles.
Dans ces multiples épreuves, il reconnaît avoir été soutenu et se réjouit alors de ce que « le peuple béninois n’a pas encore perdu les valeurs d’amour du prochain, de solidarité et de compassion».
A l’endroit du chef de l’Etat et des membres de son gouvernement, ''le miraculé'' du lundi 9 décembre 2013 a tenu également à « témoigner sa profonde gratitude» pour «l’attention particulière à l’endroit de sa modeste personne ».
Malgré une enveloppe financière de dix millions de francs CFA qu’il aurait reçue de la part d’une délégation ministérielle venue à son chevet après son évacuation de l’hôpital de zone d’Abomey-Calavi vers le Centre hospitalier universitaire Hubert Maga, Martin Assogba affirme avoir «mobilisé des ressources propres et bénéficié de contributions financières» de certains citoyens «en guise de soutien dans l’épreuve » pour faire face aux dépenses liées à l’achat des médicaments et autres frais imposés par son séjour parisien.
Qu’en est-il alors de l’apport gouvernemental ? A cette préoccupation, le président de l’ONG ALCRER attend lui aussi des clarifications. «J'ai interdit à ma famille d’utiliser cet argent jusqu’à ce que je sois convaincu qu’il n’est pas en porte-à-faux avec les principes que je m’évertue à promouvoir et à défendre», a-t-il laissé entendre, invitant, par ailleurs, ses donateurs «à éclairer l’opinion publique sur la nature de ce don aux fins de lever toute équivoque ».
« Je pardonne. Toutefois… », dixit Martin Assogba
«Je pardonne à ceux qui ont voulu m'ôter la vie. Toutefois, il n’est pas de mon pouvoir d’arrêter ou de faire arrêter l’enquête en cours parce qu’il s’agit d’une tentative d’assassinat…
Je ne saurais constituer une entrave au travail de la justice ». Ce sont là, les propos tenus par Martin Assogba hier au sujet de la suite à donner à l’agression dont il a été victime dans la nuit du 9 décembre alors qu’il se rendait à son domicile à Ouèdo, commune d’Abomey-Calavi.
Il exige aussi que toute la lumière soit faite dans cette affaire, afin que tout le monde soit édifié sur les mobiles, les auteurs et éventuellement les commanditaires de «cet acte crapuleux» qui aurait pu lui coûter la vie. L’aboutissement de cette affaire, pense le président de l’ONG ALCRER, «permettra de mettre un terme au cycle infernal des affaires non élucidées et de redorer le blason de notre justice».
Cette même préoccupation est partagée par d’autres acteurs, à l’instar du secrétaire général de la Confédération des syndicaux autonomes (CSA-Bénin), Dieudonné Lokossou qui a plaidé pour l’aboutissement des enquêtes afin que le cas Assogba ne connaisse pas le même sort que ceux de Bernadette Agbossou Sohoudji et Urbain Pierre Dangnivo.