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Regards de l’étranger sur le Bénin : la situation sociopolitique nationale diversement appréciée
Publié le samedi 1 mars 2014   |  actubenin.com


Ouverture
© AFP par SEYLLOU
Ouverture de la 17ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d`Etat et de Gouvernement de l`UEMOA
Jeudi 24 octobre 2013. Dakar. Plusieurs chefs d`Etats sont arrivés à Dakar où ils prendront part à la 17ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d`Etat et de Gouvernement de l`UEMOA et au sommet extraordinaire de la CEDEAO.Photo : Boni Yayi, président du BENIN


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La situation réelle du Béninois préoccupe aussi l’étranger. Si l’environnement sociopolitique national semble très préoccupant pour certains observateurs, forces sociales et politiques nationaux, l’Union européenne, elle, à travers le président du Conseil européen en a une lecture presque radieuse. Les Américains ne sont pas, eux, tout à fait satisfaits de la qualité de la gouvernance.

En visite les 20 et 21 février 2014 à Cotonou, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy a fait des observations très flatteuses sur la situation sociopolitique nationale. A l’écouter, « le Bénin est une démocratie florissante ». Ce haut responsable de l’Union européenne (Ue) soutient donc que les institutions démocratiques fonctionnent bien et que les droits des citoyens garantis par la Constitution sont respectés. Et venant de M. Van Rompuy, ces observations sont certainement celles de la Délégation de l’Ue au Bénin. En tout cas, ce sont des remarques dont le ministre des Affaires étrangères, Nassirou Bako-Arifari s’est réjoui dans la nuit du vendredi 21 février 2014 durant de longues minutes dans le journal télévisé de l’Ortb. Il s’était gargarisé de formules presque héroïques. Le Chef de la diplomatie béninoise a trouvé ces observations justes parce qu’elles vendent bien l’image du Bénin à l’étranger. De nombreux Béninois ont trouvé que le président du Conseil européen n’a pas l’information vraie et que le Professeur Nassirou Bako-Arifari, celui-là même qui a été le président de la Commission politique de supervision de l’établissement de la liste électorale permanente informatisée (Lépi), n’a pas fait preuve de bonne foi.

Triste réalité…

Beaucoup ont crié au scandale en suivant le ministre des Affaires étrangères en début du week-end dernier. Ils l’ont taxé de politique propagandiste qui refuse d’admettre la triste réalité. En effet, la réalité est que le Bénin va mal. Et il n’y a pire bonimenteur que celui qui ne veut pas le reconnaître. Ces dix dernières années, le pays a connu un recul certain. Les populations qui vivotent craignent pour leur avenir. Les institutions démocratiques connaissent des dysfonctionnements. Les trois derniers mois montrent à suffisance que la situation du pays est très critique. Devant les caméras de la presse, les forces policières sous l’ordre du préfet de l’Atlantique et du Littoral et du commissaire central de Cotonou, ont ensanglanté les Secrétaires généraux des Centrales et Confédérations syndicales le 27 décembre 2013. Le pouvoir de Yayi Boni venait ainsi de violer une énième fois les droits et libertés élémentaires des travailleurs. Pour atteindre ses objectifs, le gouvernement a désigné des hommes de confiance qui n’ont cure des libertés. Dans un arrêté liberticide rapporté récemment, le préfet de l’Atlantique et du Littoral, avait interdit toute marche de protestation dans les Communes relevant de sa juridiction. Or dans le même temps, on marchait pour louanger le Chef de l’Etat dans d’autres départements. Par ailleurs, de nombreux observateurs confient que le gouvernement continue d’afficher sa propension à contrôler les autres pouvoirs. On reproche à la Cour constitutionnelle d’être sous l’influence de l’Exécutif. Les forces politiques de l’opposition avaient, elles, jugé infondée la position adoptée par la Haute juridiction lors de la bataille qui l’a opposée à l’Assemblée nationale au sujet du vote du projet de loi de finances, exercice 2014. La Convention patriotique des forces de gauche avait montré que la décision la décision Dcc 13-171 du 30 décembre 2013 qui faisait injonction aux députés à voter la loi de finances apparaît comme une décision d’opportunité. Car, soutient-elle, « elle vise essentiellement à trouver une sortie honorable à l’Exécutif et plus précisément au Chef de l’Etat. » Une décision, rappelons-le, contre laquelle le Parlement avait vivement protesté et dénoncé indirectement le déséquilibre flagrant qu’elle révélait. Alors que le Bénin traversait ces grands dysfonctionnements qui sapent les bases de sa démocratie, le Chef de l’Etat a menacé le 27 janvier 2014 de « bondir » sur ses opposants ainsi que les forces sociales qui bataillent pour la protection des droits de l’homme. Un Bénin, ont constaté des analystes, qui contraste bien avec celui décrit par l’Union européenne.

Le Bénin, un nid de corruption

C’est une situation sociopolitique bien triste qui est aux antipodes de celle appréciée par le président du Conseil européen. Les Béninois savent ce qu’ils vivent. Et de leur côté, les Etats-Unis, grand partenaire bilatéral du Bénin, semblent détenir des informations concordantes sur la situation nationale. En effet, en reportant sine die en décembre dernier la signature du 2ème compact du Millenium challenge account (Mca), les Américains avaient sanctionné le peu d’efforts que fournit le Bénin pour réduire le taux de corruption. Au-delà de la corruption, soulignent certains observateurs, c’est toute la gouvernance de régime actuel qui est remise en cause. La situation sociopolitique est donc préoccupante. Le citoyen lambda le sait. Il est aussi conscient du sacrifice à consentir pour faire changer la gestion actuelle qui semble être l’une des gouvernances les plus mauvaises.

Allégresse Sassé

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