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Le Matinal N° 4300 du 3/3/2014

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Gouvernement/ Syndicats : le bras de fer se poursuit
Publié le lundi 3 mars 2014   |  Le Matinal




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A qui donner raison, à qui donner tort dans le bras de fer Gouvernement-Syndicats ? L’interminable levée de bouclier s’enchaîne avec désormais des actions très musclées. La suite n’est pas simple à envisager.


Qui fera plier qui dans le bras de fer gouvernement syndicats ? Le vendredi 28 février 2014, le Chef de l’Etat, Chef du gouvernement, Président de la République Yayi Boni a décidé de la restitution des défalcations opérées sur le salaire des travailleurs depuis le démarrage de la grève en janvier 2014. Un point essentiel des revendications vient donc d’être évacué, peut-on se dire. Mais la suite ne rassure pas puisque la réaction des syndicalistes ne valide pas la bonne foi affichée par le Président de la République. Pour eux, le Chef de l’Etat ne peut pas prendre une décision de restitution en pleine négociation. Ils battent du revers de mains cette intrusion du Président de la République et se campent. Le second argument qu’ils brandissent est l’effectivité de la restitution avant tout démarrage. Ils affirment qu’une décision seulement ne rassure pas et qu’il faut absolument la matérialisation de la mesure de restitution avant une quelconque concession dans ce sens. Le troisième argument qu’ils avancent est qu’il faut absolument que la décision de restitution prenne en compte les défalcations effectuées en 2012 sans quoi aucune reprise n’est possible. Et pour corroborer le tout, ils exigent que soient absolument limogés le Commissaire central de la ville de Cotonou et le Préfet Placide Azandé. Apparemment, on n’est pas au bout de la peine. Le gouvernement comme on pouvait s’en douter a mené la contre offensive. Le Ministre de la fonction publique Martial Sounton a menacé les travailleurs qui ne souhaitent pas voir leur salaire du mois de mars amputé, de reprendre le travail ce jour. Pour lui, les travailleurs sont dans l’erreur en conditionnant la reprise à l’effectivité de la restitution de leur salaire. « La restitution ne se fait pas du jour au lendemain. C’est tout une procédure. Il faut du temps pour que tous les travailleurs rentrent en possession de leurs fonds. Cela sera progressif », a-t-il fait savoir.

Le scénario douanier ?

Il y a quelques années le gouvernement de Yayi Boni avait fait plier les syndicalistes douaniers qui lui demandaient des excuses publiques. Le Chef de l’Etat avait décidé de radier systématiquement les douaniers grévistes et de les faire remplacer par les anciens retraités qui avaient même déjà commencé par se constituer. La pression était telle que les tenants du mouvement avaient commencé par se ranger. On a encore à l’esprit la phrase mythique de Yayi Boni qui rappelle les moments forts de la grève des douaniers : ‘’Ils sont gonflés’’. En l’espèce, on n’est pas loin du scénario des douaniers. Les syndicats demandent au gouvernement de radier le Préfet Placide Azandé et le Commissaire central de Cotonou, Pierre Agossadou. Lassé d’entendre la même ritournelle, Yayi peut demander le remplacement systématique de tous les travailleurs grévistes, un peu comme dans le cas des douaniers. Les choses se précisent d’ailleurs car quand on écoute les déclarations du ministre Martial Sounton sur Canal 3, on peut se faire une idée claire de ce que sera la suite. Le gouvernement n’entend faire aucune concession par rapport à la question de limogeage des autorités et semble visiblement prêt à opposer aux travailleurs toute forme de résistance. Martial Sounton a d’ailleurs été péremptoire. Pour lui, il ne revient pas aux travailleurs de réclamer un quelconque limogeage d’un cadre de l’Administration. Le gouvernement a fait le sacrifice de la restitution et bombe désormais le torse contre tout bras de fer des syndicalistes. Ceux-ci annoncent aussi des heures de résistance. Si ce coup de force était à envisager, et si les travailleurs ne sont pas divisés, la suite sera difficile pour le pouvoir. Mais si la stratégie de démobilisation payait, c’est évident que les travailleurs grévistes en perdront les plumes à la fin car une grande partie des travailleurs se serait désolidarisée. On est à quelques nuances près très sûr de la position actuelle du gouvernement de remplacer les grévistes. Mais on n’est pas non moins sûr de la force de mobilisation des syndicalistes pour faire front au gouvernement. Dans un sens comme dans l’autre, les choses ne vont pas s’améliorer avec la force. Chaque acteur doit consentir un minimum de sacrifice pour permettre d’avancer.


Hospice Alladayè

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