Le gouvernement n’a toujours pas de solutions appropriées à la crise sociale généralisée au Bénin. Après sa première tentative manquée relative à sa demande moratoire de trois mois, l’Exécutif propose la rétrocession des défalcations pour apaiser l’ardeur des travailleurs. Malheureusement, cette nouvelle formule du gouvernement ne convainc pas les syndicalistes qui restent campés sur leurs positions.
L’incertitude persiste et l’impasse devient donc totale, en attendant de trouver une solution miraculeuse pour concilier les deux parties.
Déjà deux tentatives de décrispation de la situation sociopolitique nationale mais toujours pas d’avis favorable de la part des partenaires sociaux. En effet, le 10 février dernier à l’Infosec de Cotonou, les représentants du gouvernement, dans le cadre des négociations générales entre le gouvernement et les responsables syndicaux, ont fait des propositions pour une sortie consensuelle de crise.
L’Exécutif sollicitait un moratoire de trois mois, avec la promesse de la mise sur pied d’une commission pour étudier chacune des revendications des représentants des travailleurs.
Les secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales ont crié à l’imposture et ont simplement maintenu leur position initiale, celle de poursuivre la grève tant qu’il n’y aura pas de propositions concrètes.
Autre lieu, autre action. Le 28 février dernier, journée de la réconciliation nationale et date anniversaire de la clôture des assises de la Conférence nationale des forces vives de la nations de 1990 à Cotonou, le chef de l’Etat, dans un message à la nation, a annoncé la rétrocession des défalcations opérées sur les salaire de janvier et de février 2014 aux grévistes. Toute chose qui, selon lui, galvaniserait le mental des travailleurs pour suspendre les mouvements décriés.
Erreur ! « Aucune conclusion de négociation ne se fait à la télévision nationale. La grève que nous avons enclenchée est-elle d’abord pour la restitution des défalcations ? Non ! Nous avons parlé de nos libertés, et surtout le limogeage de Placide Azandé.
Si Placide Azandé n’est pas limogé, la grève continue » a lancé Pascal Todjinou au lendemain de l’initiative du chef de l’Etat. C’est dire donc que les deux tentatives du gouvernent pour ramener les partenaires sociaux à la raison sont restées lettres mortes.
Revendications banales !
Cinq rounds de négociations sans grandes avancées. Et le Bénin peut continuer de perdre environ 2,5 milliards quotidiennement, par ces temps de morosité économique… le tableau est sombre. Tout ceci face à de banales revendications des partenaires sociaux dont les libertés publiques sont chères. Il s’agit pour eux entre autres, de respecter scrupuleusement la jouissance sans entraves des libertés démocratiques et syndicales, de garantir la sécurité à tous les citoyens, surtout aux responsables syndicaux, aux responsables des partis politiques et organisations ne partageant pas les mêmes points de vue que le pouvoir en place.
Outre ces revendications, les travailleurs béninois demandent également le paiement aux agents de l'Etat, y compris une augmentation de 25% pour les enseignants décidée en 2011, la restitution des défalcations arbitraires sur salaire pour fait de grève licite en 2012 et 2013 et le relèvement du SMIG à hauteur de 60.000 FCFA dans le secteur privé et parapublic. Ce sont les revendications phares pour lesquelles, leur marche du 27 décembre 2013 a été réprimée dans le sang.
C’est après cela que le relèvement de Placide Azandé et Pierre Agossadou, respectivement préfet de l’Atlantique-Littoral et commissaire de la ville de Cotonou, de leur fonction et les défalcations de 2014 ont été exigées par les leaders syndicaux. Même si la majorité des revendications n'ont pas d'incidence financière, le ministre de la Fonctions publique peut se permettre de dénoncer, que dis-je, de menacer les syndicalistes : «Il ne revient pas à la rue et aux centrales syndicales d’exiger le limogeage de hauts fonctionnaires de l’Etat : le préfet et le commissaire central. Sur ce point, nous serons fermes, très fermes ».
Si tel est le cas, les autres points sont donc négociables et nécessitent des solides propositions et autres promesses échelonnées pour que la quiétude soit de mise au Bénin. Ces propositions relèvent-elles du miracle pour que l’on assiste à tout de tohu-bohu ? Les motivations sont certainement ailleurs.