Ce mercredi 4 mars est retenu, jour des cendres par la communauté chrétienne catholique. Les fidèles se verront imposer la cendre au front. Un rituel qui marque le début du carême chrétien. Quelle est sa signification? Que revêt ce rituel multi séculaire ? Le père Pierre Tohou, aumônier de l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest apporte des clarifications dans un entretien qu’il nous a accordé.
Par Didier Pascal DOGUE et Christos ADANDE (stg)
Le port de la cendre au front constitue, selon le père Pierre Tohou, aumônier de l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO), un rituel traditionnel en Orient qui sert à matérialiser sa tristesse, son humilité. Là-bas, on se recouvre de cendre et cela constitue un geste de pénitence, de deuil. Même en Afrique, il y a des peuples qui s’y adonnent toujours avec une connotation d’humilité.
Mais dans la religion catholique, cela veut dire «Je faisais mal mais désormais, je prends l’engagement de m’améliorer», explique le père Pierre Tohou. Le signe de croix, selon lui, pour signifier que désormais, je me convertis et je crois à la bonne nouvelle.
Pour Pierre Tohou, la période de carême signifie retour à la foi, aux exigences, à la conversion, le retour à Dieu. Il s’agit donc d’une considération traditionnelle de la culture hébraïque que l’église a reprise.
Ainsi, ce rituel permet à celui qui a mal fait de demander pardon. « Celui qui a mal fait se recouvre de cendre ; la cendre pour signifier que nous ne sommes rien : tu es poussière et tu redeviendras poussière », confie le père Tohou.
Pour l’aumônier de l’UCAO, n’importe quelle cendre pourrait servir à exécuter ce rituel mais c’est généralement la cendre des rameaux qu’on utilise.
Le message pour la jeunesse est qu’elle doit méditer l’Evangile, une parole qui porte fruit et qui touche. « Pendant ce temps, tout le monde doit s’efforcer d’aller à la messe, car la liturgie est choisie à dessein.
Cela se passe comme une retraite et tu entends ce que Dieu te dit », souligne le père Pierre Tohou.
Pendant cette période, le prêtre porte un ornement violet pour symboliser le deuil. On supplie beaucoup plus Dieu et le chrétien doit pratiquer la théorie des 3 P. qui veut dire Prière (on prie intensément, avec dévotion), Partage, (une période où on jeune et où l’on doit beaucoup partager) et Pénitence (pardon et réconciliation). C’est en quelque sorte ce qu’on doit faire pour retourner au Père.
Le jeûne c’est beaucoup plus notre cœur
Ainsi, le jeûne, c’est beaucoup plus notre cœur, et cela permet de faire l’expérience de la faim et ceux qui en avaient l’habitude vont méditer la parole.
Pour le jeûne chrétien catholique, le retour à Dieu doit lui permettre d’avoir la maîtrise de soi.
« On se prive ou on s’abstient; pas de bière, pas de facebook, encore moins de téléphone », a rappelé l’aumônier de l’UCAO. Ainsi, poursuit-il, au cours de cette période, on doit se soustraire à ses obligations habituelles pour se consacrer à Dieu. C’est également, a précisé le père, le temps de faire des largesses c'est-à-dire l’aumône.
Pour lui, on ne jeûne en réalité que le mercredi des cendres et vendredi saint. Les autres jours étant consacrés à l’abstinence.
En fait, explique le père Pierre Tohou, les 40 jours constituent un symbole, un temps d’entraînement où on s’allège pour aller allègrement à Dieu. On prie intensément et au lieu de 30 mn, on va à une heure.
Le message à l’endroit des jeunes est de ne pas avoir peur de revenir à la Parole, car elle donne vie et accorde le pardon.
Dans le contexte du carême, on est plus préparé et l’ambiance spirituelle vous met dans les dispositions du carême.