Le Bénin paie un lourd tribut aux virus B et C des hépatites, appelés serial killers (tueurs en série), avec plus de 800 000 personnes infectées par le virus B et plus 500 000 pour le virus C. Hier mercredi 5 mars 2014 au Chambre de froid de Cotonou, le professeur Nicolas Kodjoh, chef service des maladies digestives et du foie au centre national hospitalier universitaire a lancé un S.O.S. à tous les secteurs de la chaine, tout en pointant du doigt le ministre de la santé et le Chef de l’Etat.
Les hépatites constituent la troisième cause de morbidité et de mortalité en Afrique de l’Ouest en général et au Bénin en particulier. La fin du calvaire des malades souffrant des hépatites B et C n’est pas pour demain. Puisque les autorités n’ont pas encore trouvé les stratégies de lutte appropriées. Le constat aujourd’hui est que, selon le professeur Nicolas Kodjoh les Béninois sont exposés à un abandon sanitaire, et à un massacre ministériel qui interpellent l’Organisation Mondiale de la Santé et la conscience du Chef de l’Etat.
L’autre massacre opérés par le ministre Dorothée Kindé Gazard et le Dg Cnhu, avoue le conférencier est la cessation d’activités du Centre d’explorations digestives, et la quasi paralysie du secteur Hospitalisation, suite au refus du recrutement des Docteurs Aboudou Raimi Kpossou et Khadidjatou Saké Alassan. Mieux les engagements ministériels pris lors de la commémoration de la journée mondiale de l’hépatite en juillet 2012 et 2013 en vue de la mise en place du Plan stratégique National de lutte contre les hépatites sont restés sans suite.
Les statistiques
Pour le point focal Bénin de l’initiative Panafricaine de Lutte contre les Hépatites et porte parole des malades d’hépatites sans voix exclus des programmes nationaux de santé Nicolas Kodjoh, la situation épidémiologique des hépatites est particulièrement préoccupante au Bénin.
Prenant en compte les chiffres, 30% des hépatites chroniques B et 20%des hépatites C évoluent vers la cirrhose, et que plus de 15% des cirrhoses B et 20% des cirrhoses C évoluent vers le cancer du foie. Il apparait clairement que 340 000 Béninois (dont 240 000 pour l’hépatite B et 100 000 pour l’hépatite C) sont soumis au risque de cirrhose, et que parmi eux, 56 000 sont soumis au risque de développer le cancer du foie. Ces deux complications sont la cause habituelle de décès prématuré chez les malades atteints d’hépatite au Bénin.
Ces chiffres estimés sont ahurissants, et seule la prise en compte de la question des hépatites dans les programmes nationaux de santé permettront de déterminer l’ampleur réelle du phénomène par des enquêtes nationales afin d’adapter la riposte. Par ailleurs rassure le conférencier, Le mal peut être attaqué à la racine par la vaccination systématique des nouveau-nés et le dépistage.
Sergino Lokossou
SOS. - Décès en série des Béninois par hépatites :
A quand la fin de l’hécatombe ?
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé [OMS], avec une mortalité mondiale en 2013 de 1 800 000 décès pour le sida, 1 400 000 pour la tuberculose, 950 000 pour les hépatites B et C, et 660 000 pour le paludisme, les hépatites sont devenues la troisième priorité de santé publique dans le monde, particulièrement en Afrique au Sud du Sahara en général et au Bénin en particulier, loin devant le paludisme. Plus de 13% des Béninois (dont plus de 8 % pour l’hépatite B et plus de 5 % pour l’hépatite C) soit 1 300 000 de nos concitoyens sont frappés par ces maladies et sont actuellement injustement exclus du système national de santé.
Pour corriger cette injustice, le Ministre de la Santé le Pr Dorothée Kindé Gazard, a pris à deux reprises face à la nation, lors de la commémoration de la Journée Mondiale de l’Hépatite en juillet 2012 et 2013, l’engagement solennel de mettre en place le Plan Stratégique National de Lutte contre les Hépatites. En effet, le Bénin paie un lourd tribut aux virus B et C des hépatites, appelés serial killers (tueurs en série), avec plus de 800 000 personnes infectées par le virus B et plus de 500 000 pour le virus C.
La restitution le 5 avril 2012, au Ministre de la Santé et aux Directions Centrales du Ministère de la Santé, des conclusions de la Conférence Internationale des acteurs de la lutte contre les hépatites en Afrique tenue à Dakar en 2011, et la croisade déclarée contre l’hépatite à l’occasion de la Première Journée Nationale de l’Hépatite le 30 septembre 2013 (Cf. LA NATION N° 5834 du mardi 1er OCTOBRE 2013 et LA PRESSE DU JOUR N° 1983 du mercredi 2 octobre 2013) avaient pour objectifs entre autres, de sensibiliser les cadres décideurs des directions centrales du Ministère de la Santé, afin qu’ils soutiennent les engagements du Ministre et œuvrent pour organiser la riposte contre la menace redoutable que représentent les hépatites.
Les recommandations issues de cette restitution sont restées sans suite, notamment la création du Programme National de Lutte contre les Hépatites [Cf. Rapport du Directeur National de la Santé Publique en date du 20 avril 2012 sur l’atelier de restitution]. De même les engagements ministériels n’ont pas été suivis d’effet ; les malades restent les ‘’oubliés’’ des programmes nationaux de santé, abandonnés à leur sort, sans aucune possibilité d’avoir accès aux traitements pour la très grande majorité d’entre eux.
Il est grand temps de prendre au sérieux la dangerosité de ce silence ministériel qui garantit incontestablement aux Béninois une mort prématurée, malheureuse et pourtant évitable. Suite à cela, viennent s’ajouter les fuites flagrantes des responsabilités ministérielles dans l’accompagnement des prestations médicales que la Clinique Universitaire d’Hépato – gastroentérologie et le Centre d’Explorations Digestives dont je suis le Chef, sont capables d’offrir aux populations.
Je m’exprime ainsi pour notifier à l’opinion publique que le recrutement des Médecins Spécialistes en Hépato – gastroentérologie, les Docteurs Aboudou Raïmi Kpossou et Khadidjatou Saké Alassan, compétents et qualifiés dans la manipulation des équipements médicaux ultra - modernes d’endoscopie et d’échographie acquis à coup de centaines de millions pour soigner les victimes des maladies digestives et des hépatites, est systématiquement saboté et rejeté malgré les multiples courriers adressés au Ministre Dorothée Kindé Gazard et au Directeur Général du Centre National Hospitalier et Universitaire [DG/CNHU], [Courriers N° 51/MS/CNHU-HKM/CU-HGE/CED du 15 novembre 2012, portant sur la pertinence et l’urgence de recrutement de Médecins Spécialistes, N° 52/MS/CNHU-HKM/CU-HGE/CED du 15 novembre 2012, et N° 55/MS/CNHU-HKM/CU-HGE/CED du 5 décembre 2012 transmettant les dossiers de demande de recrutement des Docteurs Aboudou Raïmi Kpossou et Khadidjatou Saké Alassan.
Même l’autorisation à accorder à ces Spécialistes pour fournir des prestations au CNHU et être payés sur un pourcentage de ce qu’ils auront rapporté a été refusée alors que cette manière de les utiliser pour le bien des malades n’entraine aucune incidence financière à la charge du CNHU.
En conséquence,
Considérant le non – respect, par le Ministre Dorothée Kindé Gazard, de ses engagements solennels devant la nation de juillet 2012 et 2013 de mettre en place le Plan Stratégique National de Lutte contre les Hépatites,
Considérant le bafouillage du recrutement des médecins spécialistes qualifiés pour la manipulation salvatrice des équipements médicaux ultra - modernes destinés à soigner les Béninois au CNHU,
le constat aujourd’hui est indiscutable que les Béninois sont exposés à un abandon sanitaire, et à un massacre ministériel qui interpellent l’Organisation Mondiale de la Santé et la conscience du Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement béninois, le Docteur Boni Yayi. D’autres conséquences de cet abandon sanitaire et de ce massacre ministériel opérés par le Ministre Dorothée Kindé Gazard et le DG/CNHU, est la cessation d’activités du Centre d’explorations Digestives, et la quasi paralysie du Secteur Hospitalisation, suite au refus du recrutement des Docteurs Aboudou Raïmi Kpossou et Khadidjatou Saké Alassan privant ainsi nos concitoyens de bénéficier des prestations de ces Services, et le CNHU de jouer son rôle d’Hôpital de référence nationale dans ces unités de soins. Compte – rendu a été fait en son temps au Chef de l’Etat, garant de la santé de la population, des dysfonctionnements créés et entretenus dans ces Services par ces deux autorités [Cf. S.O.S. au Chef de l’Etat par lettre N° 41/MS/CNHU-HKM/CU-HGE/CED du 13 septembre 2012].
Il est aberrant qu’un système national de santé continue d’ignorer la troisième cause de morbidité et de mortalité dans un pays. En effet, la situation épidémiologique des hépatites est particulièrement préoccupante au Bénin. Prenant en compte les chiffres annoncés ci – dessus, sur la base que, selon les données de la littérature, 30 % des hépatites chroniques B et 20 % des hépatites chroniques C évoluent vers la cirrhose, et que plus de 15 % des cirrhoses B et 20 % des cirrhoses C évoluent vers le cancer du foie, il apparait clairement que 340 000 Béninois (dont 240 000 pour l’hépatite B et 100 000 pour l’hépatite C), sont soumis au risque de cirrhose, et que parmi eux, 56 000 (dont 36 000 pour l’hépatite B et 20 000 pour l’hépatite C) sont soumis au risque de développer le cancer du foie. Ces deux complications sont la cause habituelle de décès prématuré chez les malades atteints d’hépatite dans notre pays.
Les chiffres estimés sont ahurissants, et seule la prise en compte de la question des hépatites dans les programmes nationaux de santé permettront de déterminer l’ampleur réelle du phénomène par des enquêtes nationales afin d’adapter la riposte.
Quand on a à charge la santé des citoyens d’une nation, ou les usagers d’un Hôpital de référence national, continuer à perpétuer la situation actuelle, c’est continuer d’exclure du système de santé 1.300 000 de la population, c’est être indifférent et sourd à leur détresse, c’est cautionner et être complice et comptable des décès en série pourtant évitables provoqués par les hépatites.
De tels comportements, de la part de ceux qui ont la mission d’œuvrer pour le bien – être et l’amélioration de la santé de nos populations, sont non seulement répréhensibles et pure trahison, mais constituent un crime sanitaire devant la nation et devant Dieu, l’auteur de la vie, selon ce qui est écrit :
‘’Qui sait faire le bien et ne le fait pas commet un péché’’ [Jacques 4 : 17] et corroborent la maxime selon laquelle ‘’science sans conscience n’est que ruine de l’âme’’.
C’est pourquoi il urge que le Ministre Dorothée Kindé Gazard et les cadres des Directions Centrales du Ministère de la Santé, notamment ceux de la Direction de la Programmation et de la Prospective, et ceux en charge du Plan Triennal de Développement Sanitaire en cours d’élaboration, prennent effectivement en compte dès à présent, le Programme National de Lutte contre les Hépatites.
Professeur Nicolas KODJOH
CNHU. Service des Maladies Digestives et du Foie.
Point Focal Bénin de l’Initiative Panafricaine de Lutte contre les Hépatites (IPLH).
Porte – parole des malades d’hépatites sans voix exclus des programmes nationaux de santé.