Pascal Todjinou, Paul Essè Eko, Dieudonné Lokossou, Noel Chadaré et Christophe Dovonou serrent les poings. Ils crachent dans la soupe servie par le Chef de l’Etat. A entendre ce qui se dit, on a peur pour les nôtres des écoles, lycées et collèges du Bénin. Les nouvelles ne sont pas bonnes et si à la rage des partenaires sociaux, le gouvernement en rajoutait, on risque d’avoir une bonne ‘’sauce’’ de pagaille que les biceps policiers ne pourront pas contenir.
Ce que les sages avaient prédit risque sans doute de se produire. La paix au Bénin ne tient qu’à un fil. N’ayons plus peur de le dire désormais. Le tournent sinueux qu’on emprunte est décadent et le moindre faux pas risque de nous entraîner loin.
La grève dans l’Administration publique prend l’allure d’une rivalité entre un gouvernement qui estime avoir fait l’essentiel et qui ne tardera pas à réagir et la majorité des travailleurs qui sont visiblement prêts à tout sacrifier pour arracher les acquis. A les entendre hier à la bourse du travail, ils ne comptent pas reculer ni devant un quelconque remplacement, ni devant une initiative d’intimidation.
Mais à écouter le récent discours du Chef de l’Etat qui a décrété en tout cas oralement la restitution des défalcations, on peut se demander ce que cherchent vraiment les travailleurs. Beaucoup seraient même en train de leur donner tort et ceux qui le font n’auront pas mal agi car à voir ce qui est ostensiblement affiché, on a des raisons fondées de l’affirmer.
Mais le raisonnement des syndicalistes n’est pas dénué de fondement puisqu’il semble qu’il y a un problème de bonne foi qui se pose. En fait, selon les syndicalistes, le gouvernement du Président Yayi Boni a décidé d’entrer en négociation pratiquement un mois après le lancement du mot d’ordre de grève des travailleurs. En dépit de ce retard, ajoutent-t-ils, il a estimé que la grève est illégale et a procédé aux défalcations des deux mois de restriction de travail.
Au moment même où ses émissaires sont encore en négociation sur les points objets de revendications, le Chef de l’Etat annonce le vendredi 28 février 2014 la restitution des défalcations et appelle les travailleurs à reprendre le travail, battant ainsi en brèche tous les points sur la table de négociation.
Les syndicalistes trouvent que c’est un comportement non rassembleur qui n’arrange rien du tout. Ce qui les irrite davantage, c’est la menace du gouvernement de procéder au remplacement pur et simple des syndicalistes grévistes. Le ministre de la fonction publique Martial Souton l’a martelé partout.
Le ton est péremptoire et selon certaines informations cela ne va pas tarder à intervenir. Les syndicalistes, quant à eux, sont fermes et disent ne reculer devant rien. Ils appellent à la résistance quoiqu’en soit la menace. Si dans un sens comme dans l’autre, les intentions arrivent à se concrétiser, la situation risque d’être vraiment compliquée pour le Bénin. Au-delà de l’année blanche qui se profile, on tombera forcément dans une confusion aux contours imprévisibles.
La base en ébullition
Selon les informations reçues, les syndicalistes à la base sont plus que jamais décidés à mener jusqu’au bout la résistance. Ils disent ne jamais plier face à la menace du gouvernement. On pensait que ce sont les responsables syndicaux qui attisent le feu, mais la position des syndicats affiliés est de plus en plus rugueuse. Si le gouvernement arrivait à mettre en application sa mesure de remplacement, il faut craindre le pire. Si l’on sait ce que représente un emploi pour un Béninois, on n’osera jamais emprunter ce détour.
Ce dont on est sûr, c’est que cette mesure fera beaucoup d’émules si elle arrivait à être effective. Le gouvernement actuel a un plaisir surprenant d’utiliser la force pour régler les problèmes. C’est sûr que les hommes en uniforme seront très sollicités dans l’application de la mesure, mais on a encore à l’esprit les nombreux Béninois qui ont trouvé la mort suite aux séries d’affrontements occasionnés par la mesure de suppression de trafic d’essence frelatée. Les prochains jours s’annoncent chauds. Il est urgent de tuer les passions pour éviter le pire.