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Les 4 Vérités N° 456 du 5/3/2014

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Lucien Médjico au sujet de la décrispation de la crise sociale : « Le Chef de l’Etat doit aller plus loin dans ses décisions »
Publié le jeudi 6 mars 2014   |  Les 4 Vérités


Lucien
© Autre presse par DR
Lucien Médjico, Président des Jeunes Turcs de la République


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Par Propos recueillis par C.B. (Collaboration)


La tension sociale sort Lucien Médjico, président des Jeunes Turcs de la République de son mutisme. Dans un entretien qu’il nous a accordé, celui qui se fait communément appeler ‘‘le fou du roi’’ et connu pour son franc parler a salué les dernières décisions prises par le chef de l’Etat pour l’apaisement de la grogne sociale. Cependant il soutient que pour un véritable dégel de la situation, le président Boni Yayi doit aller plus loin que le dernier message qu’il a fait à la Nation. Ceci, en accédant à certaines revendications des syndicats comme le limogeage des personnes responsables de la charge des syndicalistes le 27 décembre 2013. Il n’a pas manqué de dénoncer certaines personnes qui tapis dans l’ombre autour du Chef de l’Etat ne lui facilitent pas la tâche. Mèdjico n’a pas sa langue dans la poche. Il parle et accuse…Entretien.



Depuis quelques temps, notre pays est secoué par une crise sociale, et vous étiez l’un des premiers hommes politiques à appeler le chef de l’Etat à la décrispation, à ramener la balle à terre, que ce soit au plan social, politique et économique. Le Président Yayi vient de lancer un message à la nation pour décrisper la situation. Quelle est votre appréciation ?

Lucien Medjico : Je crois que son excellence, le Président Boni Yayi, que j’appelle mon père a fait une très belle option, mais elle a été faite à moitié, car les actes devraient automatiquement suivre, aussitôt la décision prise. C’est cela le pouvoir. Les caisses de l’économie nationale devraient être ouvertes, deux heures de temps après la prise de cette décision pour que les ayant droits puissent commencer par percevoir ce qui eu est dû dans les défalcations opérées. Ça donnerait déjà une visibilité claire de la décision prise. Il a fait un pas de géant, mais il fallait qu’immédiatement les actes suivent. Je souhaite donc qu’il aille plus loin dans les décisions, il n’y a pas que celle visant à restituer les défalcations. Il y a aussi la question du limogeage du préfet Placide Azandé et du commissaire central de Cotonou. Il le faut aussi parce que nul n’est éternel à son poste. Il faut qu’il le fasse, cela ne lui coûte absolument rien, car ceux qui gangrènent le pouvoir sont encore avec le pouvoir et cela n’est pas normal. Ce ne sont pas les opposants, ce sont nous-mêmes qui sommes autour du chef de l’Etat, qui sommes des gangrènes. Donc, s’il y a une gangrène quelque part, il faut absolument l’amputer.

Ce message ne vous a donc pas apparemment satisfait ?

En tant que partisan du pouvoir, voulant le bien du chef de l’Etat, voulant que mon père soit propre vis-à-vis de la population, et ayant combattu ceux qui sont aujourd’hui autour de lui, et qui le combattaient à l’époque, je souhaiterais que le chef de l’Etat prenne encore des décisions plus hardies.

Pour vous donc, les syndicalistes ont pleinement raison de poursuivre la grève ?

Ils ont raison, et je ne le dirai jamais assez. Il ne faut qu’à leur demander pardon, mille fois pardon. Et si j’étais à la place du président, je le dirai en toute humilité.

Mais le président pense plutôt qu’ils sont manipulés dans cette grève !

Non, ce n’est pas possible. Les gens ne peuvent pas être tabassés de cette manière et on va parler de manipulation. Ce sont après tout des pères de famille, eux aussi. Leurs enfants ont vu leur papa tabasser à la Télévision. Boni Yayi n’avait pas demandé tout cela. Il devrait donc se tirer d’affaire. C’est lui qui est l’élu. Il ne savait même pas que quelque chose se passait. Mais pour démontrer sa bonne foi, il devrait évacuer tout cela en faisant une petite déclaration qui assouplit et qui adoucit les mœurs, qui fragilise un peu les ardeurs. Ne serait-ce qu’un petit mot, et ç’en aurait fini, les Todjinou ne sont pas des dieux. Aujourd’hui, ils sont plus forts parce que Dieu leur donne raison, parce que le sang a coulé. Et grave, on est allé mentir au Chef de l’Etat en disant que c’est le sang d’un chien ou d’un mouton qui a été versé sur les corps des personnes blessées. Ce sont des choses qui ne se disent pas. Et le président s’est laissé piéger.

De manière concrète, qu’est-ce que vous proposez ?

Je propose seulement que la défalcation soit une réalité et que le limogeage l’accompagne et que tout reprenne à travers la réconciliation, le pardon et le dialogue franc.

Au plan économique aussi, les problèmes persistent toujours. Est-ce que vous ne pensez pas que la politique et l’économique s’associent pour aggraver la tension sociale ?

Lorsque l’incompréhension règne entre la politique et l’économie, nous avons toujours les signaux au rouge. Et c’est ce à quoi, nous assistons aujourd’hui. J’ai demandé pardon au chef de l’Etat pour plusieurs raisons : ceux qui font l’économie, c’est les Talon, les Ajavon et autres. Même si personne ne veut entendre leur nom, moi Mèdjico, je continue toujours de le dire pace que je suis un homme visionnaire, politiquement. Je le dis et je le répète, quelque soit l’univers, on ne peut pas du tout écarter ceux-là pour que notre économie prospère. Quelque soit même les maux dont on les accuse. C’est vrai, personne n’est propre. C’est l’argent et c’est l’argent toujours qui en est la cause. Sébastien Ajavon vit aujourd’hui dans une totale inquiétude. Il ne peut plus investir. Patrice Talon est dans la fuite et ne pourra donc plus revenir de si tôt. En tout cas, si l’économique et le politique ne s’entendent pas, voilà donc l’état dans lequel, le peuple peut se retrouver.

Pour vous donc, le Chef de l’Etat doit absolument les pardonner et continuer de leur tendre la main ?

Il n’ya pas autre mesure. Le Président Yayi doit accompagner ce pays avec le pardon. Il doit l’accorder à Talon, à Ajavon et à d’autres. Il a déjà pardonné, certains, qui malheureusement sont en fuite, pour ne pas citer le cas de Me Lionel Agbo. Je lui demande d’en faire, plus, il en a besoin, le peuple en a besoin, la nouvelle génération qui doit le succéder en a besoin également.

Vous l’appelez souvent « mon père », sans doute parce que vous lui vouez une affection personnelle. Mais on a comme l’impression qu’il ne vous écoute pas, parce qu’il y a bien longtemps que vous lui demandez de pardonner, sans succès ?

Le pré-carré religieux oblige. Vous savez que je ne suis pas au gouvernement, ni un conseiller technique. Je ne suis qu’un simple électron autour de l’atome qu’il constitue, et les électrons les plus proches, ce sont les ministres et les conseillers techniques qui sont autour de lui. Alors, ces électrons, accrochés à leurs postes, ne lui permettent pas de nous écouter.

Qu’entendez-vous par pré-carré religieux ?

C’est un groupuscule d’hommes qui mettent en avant leur foi religieuse pour séduire le chef de l’Etat et le convaincre de l’utilité de travailler avec lui. Je peux même citer des noms comme les Djènontin, les Edou, les Sounton, etc. Ils sont nombreux à goupiller le chef de l’Etat, à goupiller mon papa. C’est mon père, je m’attribue le nom, parce que j’ai voté pour ce monsieur et je me suis laissé abattre. Je sais la traversée que j’ai connue dans cette affaire. Ceux-là étaient où ? Ils n’étaient nulle part. Allez chercher dans les archives politiques et vous verrez ? Ils ne pouvaient même pas intervenir sur l’affaire Dangnivo encore moins Icc-Services. Nous savons ce que nous avons connu avec ce monsieur. Ce n’est pas pour rien qu’on nous appelle, les fous du roi. Les gens m’appelaient, le chien d’attaque de Boni Yayi. Et ce n’est pas pour rien. Saviez-vous que j’avais menacé les syndicalistes qui font grève aujourd’hui de kidnapping ? Ce n’est pas n’importe qui pouvait le dire. Les gens avaient même menacé de me traduire en justice. Pascal Todjinou est encore là. Mais lorsque la grève avait commencé, j’étais le premier à aller le voir dans son bureau et on a discuté de père en fils. Je vous le dis sincèrement, si demain Boni Yayi meurt politiquement, sachez que c’est à cause des types de ministres et conseillers qu’il a aujourd’hui. Ce sont eux qui l’ont religieusement conduit dans le décor. Et ils cherchent à nous nuire, nous qui sommes des menus fretins du pouvoir. Ils cherchent par tous les alibis pour nous foutre en prison. Je leur ferai comprendre tout cela le moment venu.

On avait connu un Lucien Médjico qui défendait bec et ongles les actions du Chef de l’Etat Boni Yayi, aujourd’hui, il les remet en cause. Est-ce à dire que vous regrettez finalement de l’avoir soutenu dans le temps ?

Non, je ne le regretterai jamais, et je ne vais jamais reculer derrière lui, parce que j’ai voté pour lui et je suis prêt à mourir pour ses idéaux. Je ne vais donc jamais le lâcher. Je vais toujours m’accrocher à lui comme un nid d’oiseau, même si je n’ai rien trouvé dedans, puisque apparemment, je n’ai rien trouvé.

Pourquoi apparemment ?

Oui apparemment , parce que si j’ai trouvé quelque chose, c’est la vie, je continue de vivre, dans la sécurité, cela est bien et c’est déjà important, puisqu’avec vie, vous pouvez tout avoir.

Vous attendiez quelque chose ?

Absolument, lorsque vous travaillez pour un pouvoir, vous devez être nourri et entretenu par ce pouvoir. Ce n’est pas de l’hypocrisie. Moi je ne sais d’ailleurs pas être hypocrite. Il y a des gens qui sont nommés aujourd’hui ministres, mais qui n’avaient rien fait pour lui, et qui ont même lutté contre lui. Quand on travaille avec un pouvoir, c’est pour rester ensemble et manger ensemble. Aujourd’hui, nous ne mangeons plus ensemble, chacun va de son côté. Il n’y a aujourd’hui donc qu’un groupuscule qui se retrouve autour du Chef de l’Etat pour continuer à cogner les verres.


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