Depuis que la courbe de la tension sociopolitique du Bénin est ascendante, les acteurs politiques ont décidé d’avoir une présence remarquable sur le terrain. Les sorties médiatiques se multiplient donc et chacun y va de son show. Pour L’Union fait la nation (Un), l’alliance ABT, le parti du renouveau démocratique (Prd) et mêmes les acteurs de la mouvance présidentielle, toutes les occasions sont bonnes pour remobiliser les électeurs en cette période préélectorale.
Du coup, l’on est amené à se demander les réelles motivations de l’activisme de ces acteurs politiques : défendre les intérêts de leurs camps politiques ou décrisper le climat social national ?
Les mouvements de grève déclenchés par les centrales et confédérations syndicales de notre pays durent deux mois. Plusieurs points sont inscrits dans leur plateforme revendicative corporatiste. Il s’agit entre autres de la restitution des défalcations arbitraires sur salaires pour fait de grève illicite, du respect scrupuleux et la jouissance sans entrave des libertés démocratiques et syndicales, du relèvement de Placide Azandé, préfet des départements de l’Atlantique et du Littoral et Pierre Agossadou, Commissaire central de la ville de Cotonou de leurs fonctions, de l’annulation pure et simple du concours frauduleux organisé par le ministère de la Fonction publique au profit du ministère de l’Economie et des Finances les 28 juillet et 25 août 2012, du relèvement du Smig à hauteur de 60.000 FCFA au moins par mois dans le secteur privé et parapublic. Les leaders syndicaux ont bénéficié de plusieurs soutiens locaux et internationaux. Dans le même temps, plusieurs acteurs du monde politique béninois font de la crise sociopolitique leurs choux gras.
Naissance de creusets...
Dans l’Ouémé-Plateau, le congrès constitutif du Mouvement des
enseignants soutenant les actions du ministre d’Etat François Abiola,
(Mesap-Abiola) a eu lieu le samedi 1er mars 2014 à la maison des
jeunes de Djègan Kpèvi à Porto-Novo. Ce mouvement est composé des
conseillers pédagogiques et syndicalistes les plus remarquables dans
l’enseignement primaire et secondaire. Le bras de fer
gouvernement-syndicats n’a pas empêché les enseignants de porter leur
choix politique sur François Adébayo Abiola.
Le cercle des partis politiques au Bénin est toujours plus grand.
L’acte de naissance du parti Rassemblement démocratique béninois (Rdb)
a été signé le mardi 25 février 2014. Aux dires du Maire d’Allada,
Cyprien Togni, le Rdb fait son entrée sur la scène politique nationale
dans un contexte où la conjoncture sociopolitique caractérisant
actuellement notre pays est non seulement une opportunité, mais aussi
un défi pour le parti naissant. Dès les premières heures de sa
naissance, le Rdb selon sa Majesté Octave Houdégbé Kokpon Awouignan de
Kpomassè, s’engage à soutenir le gouvernement de Boni Yayi dans sa
lutte de développement, de paix, d’acceptation du prochain et de
prospérité partagée pour un Bénin émergent et prospère.
Dans la même veine, Christine Gbédji-Vyaho a créé le Pisad pour
soutenir Boni Yayi. Depuis le week-end du 28 février 2014, en effet,
le Parti pour l’impulsion de la solidarité agissante et du
développement (Pisad) de Mme Christine Gbèdji-Vyaho mène ses activités
au Bénin. L’avènement de cette formation politique, indique sa
présidente, permettra de donner du sang neuf aux leaders de la 10ème
circonscription électorale de façon générale et de la commune de
Glazoué de façon particulière.
Les anciens sur le terrain
Le discours d’Abomey prononcé par Abdoulaye Bio Tchané le 16 février
2014 est intervenu dans un contexte marqué par la montée du
régionalisme et du népotisme. Cette situation créée à dessein est
exploitée en effet pour approfondir les clivages entre les Béninois.
C’est pourquoi, l’Alliance ABT a senti la nécessité de lancer l’appel
d’Abomey pour appeler à l’unité nationale et à la fin des sectarismes
rétrogrades qui font dévier les acteurs des objectifs de développement
de notre pays.
L’Union fait la Nation (Un) de son côté s’active sur le terrain et
contre le régime en place. Elle ne se contente plus des déclarations à
l’Assemblée nationale et des communiqués de presse. Ses leaders sont
de plus présents sur le terrain politique où ils sont au contact avec
les populations à la base. Le 30 janvier 2014, l’Union fait la Nation
a donné un point de presse à son siège à Cotonou pour dénoncer la
mauvaise gouvernance sous Yayi Boni. Le 1er février 2014, l’alliance
Force-Clé de Lazare Sèhouéto, se réclamant de l’Un, était en Conseil
national. Sacca Fikara également leader de cette coalition était le
même jour en meeting à Dangbo. Le 06 février 2014, une forte
délégation s’est rendue au siège du Cos/Lépi pour s’enquérir de
l’évolution de la correction de la Lépi. Le 8 février 2014, le
président de l’Un, Bruno Amoussou et ses lieutenants ont organisé un
géant meeting à Lokossa.
Le député Prd Charlemagne Honfo a été reçu quant à lui sur une radio
de la place le dimanche dernier. Pour lui, le Prd a son candidature et
pourrait venir d’une alliance politique avec tous les partis
politiques de l’opposition. Il n’exclut pas les formations de la
mouvance présidentielle car parmi les Fcbe, << il y a des gens à qui le
président Yayi ne fait pas honneur >>,a-t-il précisé. Mieux, le parti
peut explorer une candidature interne 100% Prd. La troisième piste est
une candidature externe que le Parti peut porter de toutes ses forces.
Mais la priorité, c’est d’abord la correction de la Lépi.
C’est dans cette atmosphère que Le démarrage de l’opération de
correction de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) est
annoncé pour ce jour vendredi 7 mars 2014. La tension sociale a bien
pu servir aux politiques qui ont suffisamment occupé le terrain, mais
sans rien apporter pour a sortie de crise. Des gouvernants aux
partenaires sociaux en passant par les politiciens, chacun en trouve
donc pour son compte dans la crise généralisée dans le pays qu’ils
utilisent d’ailleurs à leur guise.