Outre la crise sociale et le grand théâtre autour de la correction de la Lépi, l’affaire d’appel d’offres pour la fourniture de matériels de branchements à la Soneb est l’actualité qui fait grand bruit au Bénin. Alors que Le Fonac dénonce de graves faits de corruption dans ledit dossier, le Dg-Soneb le contredit pour laver son honneur. In fine, c’est l’Autorité nationale de lutte contre la corruption qui endosse le tablier d’arbitre dans ce dossier et annonce son verdict pour très bientôt. Après une longue période de léthargie, l’Anlc passe donc son premier test de crédibilité et d’efficacité.
L’appui financier de l’Ambassade du royaume des Pays-Bas dont la Société nationale des eaux du Bénin (Soneb) a bénéficié continue de faire objet de polémiques. Alors que le président du Front des organisations nationales contre la corruption (Fonac) persiste qu’il y a eu malversations, le Directeur général de la Soneb a répondu pour justifier ses choix dans la passation de marché querellée.
Si le président Jean-Baptiste Elias était déjà bien connu dans les médias pour ses dénonciations dans les affaires de corruption et autres infractions connexes, il n’en est pas de même pour le Directeur de la Soneb David Babalola qui occupe bien l’espace médiatique béninoise ces derniers jours.
Guerre médiatique
En effet, Le président du Fonac dénonce, documents à l’appui, des cas de malversations dans la gestion de l’appui financier de l’Ambassade du royaume des Pays Bas. Il fustige le non prélèvement des frais de douane du montant hors-taxes avant la notification du dossier au soumissionnaire retenu au niveau de la direction du contrôle des marchés publics.
Jean-Baptiste Elias dit ne pas comprendre pourquoi la Direction du contrôle des marchés publics a pu retirer seulement la Tva et laisser les frais de douane avant de notifier le marché au soumissionnaire, ce qui amène l’Etat béninois à perdre plusieurs millions.
Pour sa part, le Directeur général de la Soneb reconnait bien la valeur de l’accompagnement du Fonac dans la réussite de sa mission, sauf qu’il rejette toutes ses allégations relatives à la l’appel d’offres pour la fourniture de matériels de branchements particuliers à la Soneb.
Selon lui, la Société qu’il dirige fait partie des rares sociétés béninoises qui respectent encore toutes les règles des marchés publics. Le Dg-Soneb explique donc que le soumissionnaire dans l’ensemble de son offre a proposé des prix en DDU (Delicered Duty Unpaid), ce qui veut dire hors taxes, hors douane contrairement au DDP (Delivered Duty Paid) qui signifie Toutes taxes comprises (TTC).
Au-delà de la médiation…
A bien y voir, le débat autour d’une affaire aussi sensible ne devrait se faire dans les médias. L’Autorité nationale de lutte contre la corruption l’a surement compris en se mettant au milieu des deux antagonistes. Lors d’une rencontre tenue ce jeudi 6 mars 2014 à son siège, les deux parties se sont expliquées face aux responsables de l’Anlc qui ont promis de les départager dans les tous prochains jours.
Mais de l’avis des observateurs, la très attendue décision de l’Anlc revêt deux enjeux fondamentaux. Primo, elle permettrait de faire la part des choses et surtout de situer les responsabilités dans le présumé dossier de corruption qui risque fort de compléter la longue liste des scandales financiers sous le régime en place.
Secundo, l’arbitrage de l’Anlc passe bien pour un coup d’essai pour l’Autorité nationale de lutte contre la corruption qui a besoin de se mettre enfin et véritablement au service de la lutte contre la corruption au Bénin. Toutes choses qui lui permettraient de confirmer la notoriété et l’efficacité requises pour sa mission.