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La Nation N° 5942 du 10/3/2014

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Promotion du genre et de l’égalité des sexes : La redevabilité comme terrain privilégié de lutte
Publié le lundi 10 mars 2014   |  La Nation




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La célébration de la Journée internationale de la femme, le 8 mars de chaque année, est une occasion de choix pour mettre en relief les problématiques en lien avec le genre et l’équité entre les sexes. Il est déplorable qu’au Bénin les questions de fond, notamment l’obligation qui échoit au gouvernement d’honorer ses engagements, soient délaissées au profit de la débauche de table.

Par Paul AMOUSSOU


8 mars, Journée internationale de la femme. Comme l’intègre une pratique sociologique faisant de toute occasion l’instant rare de festivité et de bonne chère (y compris lors des obsèques), il est une constance au Bénin de voir les femmes drapées en wax chatoyants et rivalisant de belles coutures, au rythme des tubes du moment.
C’est tout et c’est peu, car ce faisant, les questions de fond qui justifient l’institutionnalisation de cette journée, restent… dans le fond d’où elles ne sortent qu’au détour de discours de principe tenant plus de déclamations circonstancielles et de profession de foi. Que fait-on des enjeux en la matière ?
En l’occurrence, le Bénin, à l’instar d’autres Etats, a adhéré et ratifié de nombreux accords internationaux et pris de nombreuses lois visant à corriger les discriminations à l'encontre des femmes, les pratiques qui violent les principes de l'égalité des droits et du respect de la dignité humaine, notamment celles qui entravent la participation des femmes, dans les mêmes conditions que les hommes, à la vie politique, sociale, économique et culturelle de leur pays.
Ces textes consacrent non seulement l’égalité des sexes comme un droit humain fondamental, mais font également valoir que sa réalisation a des ramifications socioéconomiques énormes. L’autonomisation des femmes, clament les experts de la question, est notamment indiquée comme une amphétamine pour des économies florissantes, en ce qu’elle favorise la productivité et donc la croissance.
Toutes ces dispositions partent du principe que les inégalités de genre restent profondément ancrées dans toutes les sociétés et que ces inégalités constituent des obstacles pour les femmes de servir leur pays dans toute la mesure de leurs possibilités et qu'elles empêchent par ricochet l'accroissement du bien-être de la famille et de la société.

Des engagements formels aux actions

Au nombre de ces conventions internationales, on peut citer l’une des plus populaires qu’est l’agenda du Sommet du Millénaire décliné à travers les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ; il y a aussi la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF), un traité international des droits humains pour les femmes, adopté le 18 décembre 1979 par l’Assemblée générale et entré en vigueur depuis le 3 septembre 1981 ; autre engagement majeur, est le Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique, encore appelé Protocole de Maputo. Adopté le 11 juillet 2003, lors d’un sommet de l’Union africaine au Mozambique, il reste un instrument majeur de protection des droits des femmes en Afrique.
Car, il contient un certain nombre de dispositions assez avant-gardistes qui garantissent notamment les droits civils et politiques des femmes africaines, leur intégrité physique et psychologique, et leur émancipation économique. Très exhaustif, il garantit, entre autres, le droit des femmes à la santé sexuelle et reproductive et contient des dispositions intéressantes sur la lutte contre le viol et autres formes de violences sexuelles à l’égard des femmes.
Tout comme de nombreux autres engagements internationaux à l’instar de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing lors de la 4e Conférence mondiale sur les femmes, il engage en particulier la responsabilité des États dans la protection des femmes. D’où l’obligation redditionnelle, car ces engagements ne doivent pas être des professions de foi.
En effet, après adhésion et ratification, les Etats y compris le Bénin se font champions de l’inaction, passé l’adoption des lois nationales de mise en œuvre.
Des avancées s’observent surtout sur le plan législatif et institutionnel. Mais c’est au niveau de l’application de ces mesures que le bât blesse, à la fois à cause de l’ignorance de leur existence par les agents du système judiciaire et de sécurité en charge de leur application mais aussi par le fait que les femmes elles-mêmes ignorent très souvent les droits qui leur sont garantis. D’où la nécessité de faire une dissémination plus large de tous ces textes et surtout continuer à lutter contre les stéréotypes de genre qui persistent au sein de nos sociétés.
Autant d’actions qui nécessitent l’affirmation de leadership au plus haut niveau de l’Etat devant se traduire par des politiques et axes programmatiques qui intègrent la promotion du genre. Les fonds alloués à ces enjeux dans le budget national étant l’indicateur le plus important, le signal fort de l’engagement étatique.
Aussi, le gouvernement doit-il rendre compte aux citoyens au nom de qui il s’est engagé au travers des traités internationaux, des mesures qu’il prend pour leur traduction en des actions concrètes.
Toute célébration de la Journée internationale de la femme qui ne porte pas au premier plan les enjeux connexes est vaine.


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