Un haut responsable du Parti du Renouveau Démocratique (PRD) qualifie la démission du maire Moukaram Océni de « non évènement», en même temps qu’il estime que c’est un «ouf de soulagement » pour les militants et les responsables à divers niveaux. Il n’y aura pas de réaction officielle émanant du PRD, selon lui, à la suite de cette nouvelle démission.
Il affirme aussi qu’elle était la plus attendue depuis que Moukaram Océni a commencé à travailler, « à visage découvert », à le croire, avec l’alliance au pouvoir, FCBE. De plus, il dit avoir constaté que depuis qu’il fait objet de suspension provisoire par la Direction exécutive nationale du PRD, Moukaram Océni, aurait enclenché une « lutte féroce » contre tous les intérêts du parti, comme par exemple, les limogeages systématiques et successifs qu’il aurait opérés dans les rangs des militants du PRD en fonction à la mairie de Porto-Novo.
Quant à l’affirmation du démissionnaire selon laquelle, son remplaçant a été désigné au sein du parti pour le poste qu’il occupait, alors qu’il n’était pas encore définitivement exclu, le PRD dément, précisant plutôt qu’il a été opéré une cooptation, conformément aux textes du parti.
Sous sanction depuis novembre 2013, Moukaram Océni a estimé, dans sa déclaration de démission, qu’il ne pouvait rester éternellement dans cette posture, mais le Prd pense ici qu’il ne s’agit pas d’une question de durée. «J’ai fait tout ce que je pouvais pour renforcer le PRD pour qu’il soit porteur de mes projets au sein du conseil municipal.
Après près d’une année de tentatives et de patience, après tous les efforts déployés pour défendre l’indéfendable parfois et pour préserver l’image du parti à l’extérieur. Il ne me reste plus qu’à me rendre à l’évidence : Sortir de ce Parti », avait aussi notifié le démissionnaire à la presse, jeudi dernier où il annonçait officiellement sa démission.
Comment le départ massif des maires fragilise le PRD
Les premières réactions de certains responsables du Parti du Renouveau Démocratique (PRD), au lendemain de la démission du maire Moukaram Océni, laissent croire qu’il s’est agi d’un évènement mineur. Mais il n’en demeure pas moins que ce nouveau départ vient alourdir la liste des maires élus PRD qui ont claqué la porte à ce parti ces dernières années.
Perdre le maire de la plus grande ville du fief électoral est une donne qui ne manquera pas d’agir d’une manière ou d’une autre sur la vie de ce parti, lorsqu’on sait que Moukaram Océni, au fil du temps, a pu constituer une base électorale dont le PRD s’est servie aux élections antérieures. L’image de cette énième démission, en elle-même, n’est pas bonne pour un PRD qui se présente aujourd’hui comme un parti en déliquescence, depuis la dernière élection présidentielle de 2011, où son leader charismatique, Adrien Houngbédji, a connu un nouvel échec, pour une toute dernière participation.
La saignée au PRD est en tout cas visible aujourd’hui, avec la démission du maire Moukaram Océni, qui emboîte ainsi le pas au maire de Pobè, Saliou Akadiri, d’Avrankou, Georges Nounagnon, d’Adjarra, Yaya Saka, de Sèmè-Kpodji, Mathias Gbèdan. Le fief traditionnel de Me Houngbédji ne s’envole-t-il pas ainsi en éclats ? Sans doute que oui.
Les maires étant des pions centraux pour des partis politiques au Bénin comme ailleurs, il est évident que le PRD en ressentira le coup à l’occasion des élections prochaines. Les données d’hier où la figure emblématique qu’incarnait Me Adrien Houngbédji emportait sur tout le reste, ne semblent plus être les mêmes aujourd’hui au regard des variations subséquentes que subissent les partis politiques au Bénin.
Outre les maires démissionnaires, les autres départs, comme ceux de Moukaram Badarou, actuel préfet des départements de l’Ouémé-Plateau, ou encore du Professeur Joël Aivo, ancien Directeur de cabinet de Me Houngbédji, n’ont pas manqué non plus d’émousser les ardeurs au niveau de la jeunesse du parti, qu’ils incarnaient de fort belle manière.
Les raisons alors évoquées par ces deux derniers, à savoir que tout se résumait aux seuls desiderata du président du parti, avaient fait douter d’un réel climat de démocratie à l’interne, quant ils insinuaient entre autres, que des jeunes ne seraient pas souvent les plus en vue dans les positionnements des membres du parti à divers postes de candidatures électorales, ou autres opportunités de promotion.
Du reste, on observe que le PRD connaît davantage de déchirures en son sein avec la flopée des départs de ses figures de proue. Pourra-t-il affronter en l’état les prochaines élections avec les succès d’antan ? On attend de voir.