Le Chef de l’Etat veut obtenir le dégel de la crise sociopolitique qui frappe le Bénin depuis quelques mois. La rencontre qu’il a eue hier lundi 10 mars 2014 avec le président de l’Union fait la Nation (Un) Bruno Amoussou révèle selon plusieurs observateurs une volonté d’appeler les ténors de l’opposition à la rescousse.
Yayi veut mobiliser la classe politique pour le retour de la sérénité dans l’environnement sociopolitique national. Sa démarche d’hier en dit long, du moins. Et des observateurs penchent plutôt pour cette lecture. Pour eux, en se rendant au domicile du président de l’Un, Yayi Boni nourrit comme projet de convaincre l’opposition d’adoucir son discours et d’ ̏ intercéder ̋ pour le gouvernement auprès des Forces sociales pour la fin de la paralysie de l’administration publique.
Il faut souligner que depuis trois mois, l’Ecole béninoise ne tourne presque plus. Les élèves et étudiants désapprennent et la rue continue de gronder. Malgré les maigres compromis obtenus le vendredi 07 mars dernier tard dans la nuit lors du 6ème round des négociations entre le gouvernement et les syndicats et dont Le matinal du 10 mars 2014 a relayé les échecs, des incertitudes pèsent toujours sur la reprise des activités dans les secteurs en grève. Ce sont des incertitudes qui inquiètent certainement le président de la République et l’ont persuadé à entamer la démarche d’hier.
Une démarche bien appréciée par le président Bruno Amoussou. « Je suis sûr que la démarche d’humilité qu’il a faite à mon endroit, contribuera à l’aider dans la tâche qui est la sienne et nous tous, nous sommes en état de l’aider pour que notre pays comme d’autres, emboîte le pas du développement, de la concorde, de la paix », a-t-il en effet déclaré (Lire ci-dessous un extrait de son propos).
Tout porte donc à croire que Yayi Boni s’engage désormais à travailler pour la décrispation de la situation politique. Hier face aux caméras, le Chef de l’Etat a affiché l’air d’un homme disponible à écouter les autres, l’air d’un président de la République prêt à accepter la contribution de ses adversaires politiques dans la résolution de la crise.
Cependant certains s’interrogent sur la sincérité de l’initiative. Ce geste que d’aucuns qualifient de grand acte politique est en réalité aux antipodes des discours du 27 janvier et de 28 février 2014.
La démarche contraste en effet avec les attitudes de pure provocation dignes d’un pyromane qu’avait affichées le président Yayi Boni. Ce qui fait dire à de nombreux observateurs que le Chef de l’Etat doit aller encore loin s’il veut des résultats.
Encore plus...
La plupart des réactions indiquent que le Chef de l’Etat doit montrer plus de cohérence dans sa démarche s’il compte œuvrer pour le retour à la normale dans le pays. Certes, il a déjà fait un grand pas en se rendant au domicile du président de l’Un, mais il doit poursuivre sa démarche afin de renforcer la crédibilité de l’initiative en prenant langue avec d’autres têtes d’affiche de la scène politique nationale.
Après Bruno Amoussou et Rosine Soglo, de nombreux citoyens espèrent que le patron de la Marina écoutera et échangera avec le leader des « Tchoco-tchoco » qui s’est montré un peu modéré dans ses critiques envers le gouvernement ces dernières semaines.
Yayi Boni doit également essayer de convaincre le président de l’Alliance pour un Bénin triomphant (Abt) Abdoulaye Bio Tchané sur ses réelles intentions afin de démontrer sa capacité de conduire à bon port le navire Bénin en cette période de crise.
Ces ténors de l’opposition ont des capacités établies d’influencer la crise sociopolitique. Ce qui fait penser à beaucoup d’analystes que le Chef de l’Etat gagnera en travaillant pour un dialogue arrangé avec ces leaders politiques. Yayi Boni a donc de bonnes cartes à jouer face à ce climat de crise qui persiste et qui écorche son image au sein de l’opinion.
Allégresse Sassé
Extrait des déclarations de Bruno Amoussou
« Je voudrais d’abord remercier le Chef de l’Etat de l’honneur qu’il m’a fait en me rendant visite à mon domicile. Ce n’est pas courant hein. Je suis très heureux qu’il m’ait donné la possibilité d’échanger avec lui. Bien sûr, nous avons parlé des questions nationales et internationales mais au-delà des sujets abordés, l’important a été d’échanger les points de vue sur les différentes questions, les évaluations que chacun de nous fait de la situation et les convergences ou les divergences, c’est cela qui me paraît être la chose importante (…)
Il est heureux que dans notre pays, de telles rencontres puissent se faire. Le Chef de l’Etat a pris sa voiture, s’est rendu au domicile de quelqu’un comme moi pour échanger avec lui parce qu’il trouve que ce serait utile qu’il en soit ainsi.
Je pense que si nous pouvons conserver dans notre pays cette convivialité, cette possibilité d’échanges, cette ouverture d’esprit et cette humilité, si nous pouvons conserver tout cela, alors les espoirs sont permis. Il n’y a pas de sujet particulier sur lequel on doit insister à tel ou tel moment.
L’essentiel, c’est d’avoir le cadre, le contexte, de savoir comment et par quelle voie on peut aborder la discussion de ce sujet-là. Le Chef de l’Etat a certainement écouté les quelques avis que j’ai pu donner et je suis très heureux d’avoir partagé avec lui, les préoccupations qui sont les miennes.
C’est lui qui a la commande du pays. Je suis sûr que la démarche d’humilité qu’il a faite à mon endroit, contribuera sûrement à l’aider dans la tâche qui est la sienne et nous tous, nous sommes en état de l’aider pour que notre pays comme d’autres, emboîte le pas du développement, de la concorde, de la paix.
Nous parlons beaucoup de cela mais voilà un exemple concret, une démarche précise, concrète qui contribue à mon avis à l’instauration de ce climat que nous recherchons tous… »
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