Abréger les mots dans une phrase permet quelque part de gagner du temps. Mais ce phénomène devient alarmant, en ce sens que les apprenants font aujourd’hui des abréviations arbitraires.
Il est désormais impossible de lire une phrase dans le cahier d’un apprenant sans y découvrir des abréviations de toute nature. Noms, adjectifs, verbes, adverbes et autres subissent chez les élèves et étudiants cette loi sans mesure de l’abréviation. On découvre des mots comme « scse pour signifier la science ; conce : connaissance, fie : philosophie ; paxaj : passage ; 1e : une ». Certains apprenants trouvent que cet exercice est pratique et permet de gagner du temps, surtout lorsque l’enseignant dicte son cours et ce de manière rapide. Pour Gisèle, élève en classe de 1ère au Ceg Gbégamey, l’abréviation des mots se fait de plus en plus remarquable dans les matières telles que la Philosophie et l’Histoire-géographie. « Ce sont des matières dans lesquelles les professeurs dictent assez rapidement les cours. Et pour se mettre au même niveau qu’eux, on est souvent obligé d’abréger les mots ». dit-elle, de façon désinvolte. Gédéon en classe de 4ème, ne s’adonne pas tellement, quant à lui, à cette pratique. « Mes professeurs écrivent tout le cours au tableau et nous copions. Nous ne recevons pratiquement pas de pression », dit-il.
Les “Sms’’, éléments influents
La mauvaise qualité de l’expression chez les apprenants s’explique aisément. Pour le conseiller pédagogique en Histoire-géographie, Dénis Adjanonhoun, les messages téléphoniques généralement appelés « Sms » contribuent fortement à la dégradation de l’écriture. Les apprenants, selon lui, ont pris aujourd’hui l’habitude de transmettre entre eux ou à leurs parents, des messages téléphoniques, à tout instant et en tout lieu. Ce faisant, regrette-t-il, l’utilisation des mots courts devient intense. L’habitude étant une seconde nature, les apprenants transposent ces écritures abrégées dans leurs cahiers de cours et même sur leurs feuilles de composition. Céphas Gbénou Sagbohan, Inspecteur en Français va plus loin et affirme que les mêmes causes produisent les mêmes effets. « En abrégeant les mots dans les messages, il est tout à fait normal que cet état de choses rejaillisse sur l’écriture des apprenants. Ceci est également dû au manque de lecture qui les amène à ne plus se concentrer sur les mots qu’ils écrivent », indique-t-il. Les fautes liées à l’écriture, à en croire l’Inspecteur Dénis Adjanonhoun, ne sont pas sanctionnées de manière trop rigoureuse. « Dans une situation d’évaluation, nous notons deux critères, à savoir, le critère minimal et celui de perfectionnement. Quelle que soit la nature de la faute de grammaire et d’orthographe ou de conjugaison, l’enseignant n’a le droit de sanctionner que dans le critère de perfectionnement qui est noté sur 2 points répartis comme suit : la propreté, la clarté et l’originalité », précise-t-il. Ces thèses sont réfutées par le Conseiller pédagogique Fidèle Houngbo qui trouve que les « Sms » n’ont aucun impact sur le niveau des apprenants. « Les abréviations fantaisistes sur les copies ne sont pas dues aux Sms en ce sens que les apprenants font assez attention aux abréviations des Sms lorsqu’ils écrivent dans leur cahier ou sur leur copies », indique-t-il. Néanmoins, les multimédias ne cessent d’influencer sur le niveau des apprenants.