L'année scolaire et académique 2013- 2014 est en passe de connaître une heureuse issue. C'est le moins qu'on puisse dire après une analyse minutieuse de la crise qui secoue actuellement l'administration en général et le secteur de l'éducation en particulier. Encore trois semaines de grève de plus et les dés seront désormais jetés. L’année en ballotage actuellement sera invalidée par les instances compétentes au plan international selon les experts, spécialistes des questions éducatives.
Paralysé depuis le 07 janvier dernier, le secteur éducatif béninois est entrain d’écrire l’une des plus tristes pages de son histoire. La fin de la grève qui sévit actuellement dans le pays n’est pas pour demain. Le gouvernement et les centrales syndicales, jusque- là, n'ont pu trouver un terrain d'entente. Or, à l'instar de plusieurs autres pays de la sous-région, l'année académique au Bénin compte neuf mois, soit environ trente-six (36) semaines de cours sans compter les congés. Selon le porte-parole du front des trois ordres de l’enseignement, Lucien Glèlè Langanfin, le Bénin dispose encore de trois semaines de marge de manœuvre pour éviter le spectre d’une année Blanche. « J’ose croire que la bonne foi des uns et autres militera en faveur de ce miracle pour le système éducatif béninois », a-t-il déclaré. En effet, renseigne-t-il, pour ce qui est des normes de l’Organisation des Nation pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), il faut un minimum de 23 semaines et un maximum de 35 semaines pour valider une année scolaire. Or l’école béninoise a déjà bouclé 18 semaines de cours jusqu’à la date des débrayages. « En clair, si nous jouons sur les congés de Pâques et une rallonge de l’année qui constitue déjà une jurisprudence au Bénin, il n’y aura pas visiblement péril en la demeure », a-t-il poursuivi, optimiste ce samedi matin depuis son village natal de CANA dans le département du Zou.
Avec la crise actuelle, certains acteurs de l'éducation à l’instar des enseignants et leurs apprenants s’accordent visiblement à reconnaître la perte de neuf semaines de cours pour faits de grèves. Tout calcul fait, il n'en reste que vingt-deux si on y soustrait les congés de fête de fin d'année, de détente et de pâques. Après neuf semaines de cessation d'activités pédagogiques dans les établissements scolaires et universitaires, le Bénin du philosophe Paulin Hountondji, est entrain de passer outre les normes internationales p de l’Unesco pour la validation d’une année académique rappelée plus haut par Lucien Glèlè Langanfin. Si dans les deux plus inférieurs ordres de l’enseignement, l’UNESCO détient la carte de la validation ou non de l’année académique, au supérieur, explique Vincent Houndédako, le Secrétaire Général du Syndicat National des Enseignants du Supérieur, la procédure d’invalidation d’une année est définie par des normes internationales du CAMES. Selon le Professeur Houndédako, le seuil du non retour à atteindre pour passer à l’invalidation de l’année c’est le 15 Mars. Passé ce délai, plus rien ne serait plus possible. Mais dans un esprit rassurant, l’homme pense que la seule manière de pouvoir sauver l’année en ballotage revient au gouvernement qui doit trouver une issue favorable aux négociations actuelles et les enseignants doivent aussi accepter de sacrifier leurs vacances. « Si le gouvernement a du cœur et revient à de meilleurs sentiments, je crois que l’année sera sauvée », a-t-il déclaré très exacerbé par la situation actuelle. Paulin Attinon, adjoint du directeur de l’EPP Cadjèhoun, lui se souvient encore de l’année qu’il a vécue en 1989 où il était encore élève. Il dit trainer à ce jour les séquelles de cette fâcheuse situation qu’il n’est pas prêt d’oublier. Une situation qui lui a fait perdre beaucoup de choses et plusieurs avantages, pour le citer. Pour lui, il conçoit la procédure du blanchiment de l’année ainsi qu’il suit : « Une année est blanchie lorsque l’exécution des programmes n’est atteinte et aussi lorsque le niveau de travail n’est pas atteint et nous n’avons pas pu accomplir le nombre d’évaluations au cours de l’année. De plus le temps dont on dispose est insuffisant pour accomplir les différentes tâches. En ce moment-là on parle d’une année invalide ou blanche ». A la question de prorogation de l’année par l’Etat pour rattraper le temps perdu, optimiste Paulin Attinon estime que pour l’heure, la situation est en passe de retourner à la normale. « Nous devons revoir le temps de grève qui a été et en fonction de cela l’année sera prorogée pour compenser un tant soi peu le temps perdu », a-t-il laissé entendre.
Les conséquences de l’année blanche sur le système éducatif
L’année blanche n’apporte rien d’avantageux au système éducatif et à personne, déclare Paul Attinon. « Même nous qui sommes instituteurs et parents, nous savons que s’il y a année blanche nos enfants perdent beaucoup. Nous voyons aussi nos enfants qui sont retardés quand bien même ils sont surdoués car ils n’ont pas pu affranchir les examens pour aller en classe supérieure. En un mot, l’année blanche régresse le pays parce que c’est avant les conférences que nous avions eu l’année blanche dans ce pays. Donc elle nous arrière encore de pus de 25 ans », a-t-il regretté, confiant que des concessions seront faites de part et d’autre pour sauver l’année en cours. Si par extraordinaire, l’année venait à être blanchie, Paul Attinon entend la supporter comme tout le monde. « Il faudrait que le gouvernement prenne des actes sinon l’année est blanche et tout le monde l’assume. Et cela va en défaveur de tout le monde », a-t-il souhaité.