Les députés étaient en plénière vendredi 14 mars dernier. Ils ont étudié favorablement deux dossiers relatifs à des autorisations de ratification d’accord de prêt, le tout pour un montant de plus de 43 milliards F CFA.
Les travaux étaient dirigés par le président de l’Assemblée nationale, Mathurin Nago, en présence du gouvernement représenté par le ministre en charge de l’Agriculture, Fatouma Amadou Djibril, assistée de son collègue chargé des Relations avec les Institutions, Bio Toro Orou Guiwa.
Le premier dossier examiné vendredi dernier par les députés porte sur le projet de loi portant autorisation de ratification de l’accord de prêt signé le 9 janvier 2014 entre la République du Bénin et le Fonds africain de développement (FAD) dans le cadre du financement partiel du Projet d’appui aux infrastructures agricoles dans la vallée de l’Ouémé (PAIA-VO).
L’accord de prêt d’un montant de 29,085 milliards FCFA permettra de contribuer à l’amélioration de la performance de l’agriculture béninoise, pour la rendre capable d’assurer la sécurité alimentaire des populations.
Ce qui passe par la maîtrise de l’eau et l’aménagement des terres. Deux objectifs que vient combler cet accord de financement dont la ratification par le gouvernement a été autorisée par les députés à l’unanimité.
Il s’agit d’un projet important, a défendu le ministre en charge de l’Agriculture, Fatouma Amadou Djibril. Puisqu’il concerne 14 communes pour une superficie de 4 770 Km2 avec une population bénéficiaire estimée à 1,4 million.
A en croire le ministre, ce projet permettra de lutter contre le chômage des jeunes. Car, il utilisera 21 mille exploitants agricoles et 126 mille exploitants actifs.
La plupart des députés ont félicité le gouvernement pour avoir initié ce projet attendu depuis des années pour valoriser la vallée de l'Ouémé et faire du Bénin une puissance agricole. Mais ils ont toutefois soulevé quelques insuffisances et inquiétudes du projet.
Le député Sacca Fikara reproche aux rédacteurs du projet de n'être pas déscendus sur le terrain avant de le rédiger. Il en veut pour preuve la non prise en compte par le projet des traitements phytosanitaires.
Pour Jonas Gbénamèto, le problème fondamental qui se pose dans la vallée est l’émiettement des propriétés appartenant à plusieurs personnes. Il se demande par quelle alchimie le gouvernement compte éviter un éventuel conflit entre les propriétaires terriens. Eric Houndété quant à lui, a voulu savoir comment est organisée la participation des communes bénéficiaires ont le montant s'élève à 800 millions FCFA.
Ceci, étant donné que la plupart des communes ne disposent pas de moyens conséquents. Le député de l’Opposition a par ailleurs, dénoncé la floraison de projets dans le secteur agricole et financés à coups de milliards FCFA mais dont les résultats sont invisibles sur le terrain.
Le député Justin Sagui, pour sa part, fait remarquer que le projet n’a pas pris en compte les régions du Centre et du Nord également arrosées par le fleuve Ouémé qui prend d’ailleurs sa source dans les chaînes de l’Atacora.
André Okounlola souhaite aussi que le gouvernement valorise également les autres vallées notamment les vallées du Mono, du Couffo, de la Pendjari pour accroître la productivité agricole au Bénin.
Pour Emile Tossou, l’avènement de ce projet au profit de la vallée de l’Ouémé est la preuve que l’Exécutif est à l’écoute du Parlement qui n’a jamais cessé d’attirer son attention sur l’importance de mettre en valeur la vallée de l’Ouémé.
Célestin Goutolou invite le gouvernement à bien mûrir les problèmes collatéraux de ce projet notamment le problème foncier et celui de la transhumance pastorale pour que les choses se déroulent bien sur le terrain. Prenant en compte cette dernière préoccupation, le député Gaston Yorou propose au gouvernement de sensibiliser en amont les populations avant la mise en œuvre du projet.
Ce qui amène le député Rosine Vieyra Soglo à relever beaucoup d’improvisations et de précipitations dans le dossier. Elle se dit pessimiste pour l’issue de ce projet qui, selon elle, ne donnera rien de concret comme de nombreux autres projets agricoles.
«C’est des milliards qu’on veut jeter encore par la fenêtre», s’écrie-t-elle. Mais le pessimisme de la doyenne d’âge de la sixième législature ne l’a pas empêchée de voter favorablement pour cet accord comme tous les 67 autres députés présents et représentés.