Les responsables des confédérations et centrales syndicales, signataires de la motion de grève en cours au Bénin étaient sur le terrain ce lundi 17 mars 2014. But de la descente, rendre compte aux travailleurs à la base et de recueillir les avis sur la poursuite ou non de la grève. Après avoir fait le tour du pays, les leaders syndicaux se retrouveront ce mercredi 19 mars 2014, pour faire le point des tendances et en tirer les grandes conclusions qui s’imposent. A voir les positions diverses et variées exprimées par les travailleurs, on peut déjà imaginer les difficultés qui pourront être celles des responsables syndicaux qui ont pour défi de répondre à l’aspiration de tous leurs militants.
Les Béninois retiennent leur souffle en ce qui concerne la décision finale des leaders syndicaux au sujet de la poursuite ou non des mouvements de grève en cours actuellement au Bénin. En effet, les leaders syndicaux, lors de la rencontre avec le chef de l’Etat la semaine dernière, ont décidé de rencontrer leur base afin de leur faire le point de l’évolution des négociations entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Donc depuis quelques jours, ces responsables syndicaux sont sur le terrain pour exposer à leurs mandants les petites avancées notées dans les négociations sociales en cours. De Porto-Novo à Parakou en passant par, Lokossa, Abomey… les avis n’ont pas été les mêmes. Chaque section y va de ses arguments pour justifier l’opportunité de la poursuite ou non des mouvements de débrayage.
Suspendre ou non ?
En Assemblée générale ce lundi 17 mars 2014, les travailleurs de plusieurs villes du Bénin ont estimé entre autres que le gouvernement manque de précision dans ses mesures dans la perspective du dégel. C’est le cas de la commission qui est chargée d’étudier les autres points des revendications : à ce niveau, ils ont cherché à savoir les membres qui la constitueront, A quand le démarrage effectif des travaux de celle-ci ? Quelle sera la durée des travaux et l’assurance de la mise en application effective des résultats issus des travaux de ladite commission ? Au sujet des 1.25, les enseignants veulent avoir des réponses précises et dans un délai raisonnable afin de pouvoir accorder un quelconque moratoire au gouvernement. Sans ces différentes précisions très attendues par les travailleurs à la base, ils ont estimé que la suspension provisoire de la grève n’est point possible. A Porto-Novo, Lokossa, Parakou, les travailleurs ont manifestement décidé de la poursuite de la grève en attendant une énième réaction du gouvernement.
A Abomey par ailleurs, la tendance pour la poursuite de la grève était tellement forte que le moratoire demandé par l’un des responsables locaux n’a pas été du goût des travailleurs. Cette rencontre s’est finalement achevée à queue de poisson. Les leaders syndicaux, Dieudonné Lokossou, Laurent Mètognon, en mission à Lokossa et Abomey ont déclaré que cette réaction au niveau d’Abomey, pèsera à coup sûr dans la balance au moment de prendre la décision finale entre les leaders syndicaux. Avec Noël Chadaré de la Cosi Bénin, en mission à Parakou, la position des travailleurs est un peu plus claire : Les travailleurs sont prêts à respecter la décision nationale de poursuite ou non de la grève générale.
Un difficile dégel
Les actions se multiplient aussi bien avec le gouvernement que d’autres acteurs mais les travailleurs ne semblent toujours pas être dans la logique du dégel de la crise. Du moins, ils veulent voir satisfait avant tout, une bonne partie de leurs revendications. Après le message du chef de l’Etat à la nation le 28 février, sa rencontre avec les responsables syndicaux le mardi 11 mars, à l’issue de laquelle d’autres mesures ont été prises, le conseil des ministres du jeudi 13 mars dernier s’est encore penché sur les mesures visant à apaiser la tension sociale tendue. Outre la confirmation de la restitution des défalcations de 2014, le gouvernement s’est engagé à faire de même pour celles de 2012. Après six rounds des négociations entre membres du gouvernement et partenaires sociaux soldés par des échecs répétitifs, le chef de l’Etat a décidé de rencontrer personnellement Pascal Todjinou, Paul Essè Iko, Dieudonné Lokossou, Noël Chadaré, Christophe Dovonon et Laurent Mètongnon. Les Béninois s’attendaient à ce que la crise prenne fin assez tôt. Mais à la date d’aujourd’hui, bien malin qui pourra dire avec précisions la fin de cette grève. La proposition du patronat béninois qui a sollicité la clémence des partenaires sociaux vient d’être rejetée par le tiers des travailleurs.
Au regard de la détermination des travailleurs à la base qui militent pour la poursuite de la grève, quelle sera alors la position des leaders syndicaux demain au terme de leur Assemblée générale ? La position des travailleurs de l'Atlantique et du Littoral qui sera connue ce jour pourra-t-elle renverser la tendance? Les prochaines heures nous le diront.
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