Le Conseil national du patronat du Bénin a tenté de remettre les Béninois au travail en demandant vendredi 14 mars 2014 aux leaders syndicaux d’accorder un moratoire au gouvernement dans la crise sociale qui frappe le pays depuis trois mois. Mais au-delà de cet objectif, c’est le Chef de l’Etat que le patronat met devant ses responsabilités.
Le patronat veut éviter au Bénin les déconvenues des mouvements sociaux qui le paralysent. Mais avant, il veut obliger le président Yayi Boni à assumer ses responsabilités. Sans conteste, on peut soutenir avec plusieurs analystes que la séance de travail tenue avec les organisations syndicales à Azalaï Hôtel de la plage vendredi dernier est bien le premier acte concret de cette volonté affichée.
En effet, en demandant aux leaders syndicaux d’observer un moratoire d’un mois pour permettre au gouvernement de satisfaire leurs revendications, l’homme d’affaires Sébastien Ajavon a l’intention d’arracher des concessions auprès des travailleurs.
« Je comprends vos préoccupations. Mais je vous demande de baisser la garde. Je sais que je peux compter sur vous. Je sais que vos mandants vous font confiance et que vous pouvez les persuader », a-t-il déclaré pour désarmer les leaders syndicaux.
L’objectif du patron des patrons du Bénin est d’aider les travailleurs à faire de leur repli stratégique un instrument de pression pour faire plier le gouvernement. C’est aussi de montrer que les travailleurs ne sont pas des jusqu’au-boutistes comme certains de leurs détracteurs tentent de le faire croire et que le gouvernement a intérêt à mener des discussions sérieuses et fructueuses.
Des analystes confient que si Sébastien Ajavon réussit à obtenir ce moratoire, le patronat pourra mettre le gouvernement et son Chef en difficulté car dans l’opinion, ils passeront pour la partie ayant une lourde partition à jouer dans la résolution de la crise sociale. Seulement, les mêmes analystes craignent que le Chef de l’Etat évite une fois encore d’assumer ses responsabilités comme c’est le cas dans le cadre du dialogue Public-Privé.
Un dossier auquel l’homme d’affaires, Sébastien Ajavon a fait allusion vendredi dernier. Il faut rappeler que depuis l’organisation de la table ronde économique fin octobre 2012 à Cotonou, le partenariat Public-Privé n’a pas évolué outre mesure. Le rapport de ladite rencontre est jeté aux oubliettes et le dialogue réclamé par l’Etat et le secteur privé se meurt.
Malgré la relance faite à maintes reprises par les acteurs du secteur privé, les décideurs politiques se sont jusque-là murés dans le silence. Cet état de chose révèle bien la perte du sens de responsabilité au sommet de l’Etat. Une réalité qui pourrait encore se confirmer à l’aune de la gestion de la crise sociale que vit actuellement le Bénin. Et si cela advient, seuls le gouvernement et son Chef seront comptables des nombreuses déconvenues.