Un cabinet d’expertise comptable a procédé à un audit du Programme Pluriannuel d’Appui au secteur de l’Eau et de l’Assainissement initié avec l’appui d’un des Partenaires Techniques et Financiers du Bénin au titre des exercices 2007, 2008, 2009, 2010 et 2011. Le rapport est accablant pour les maires du Bénin. Le cabinet a formulé de nombreuses réserves sur les dépenses effectuées par les communes bénéficiaires. Ces dépenses sont d’un montant total de 1 058 150 476 FCFA dont 79 446 043 FCA au titre des TVA indûment perçues, au 31 décembre 2011. Le cabinet a mis l’accent également sur les paiements peu transparents réalisés au profit des sociétés adjudicataires des marchés publics, les carburants utilisés, les frais de mission et d’autres prestations dans le cadre d’activités autres que celles relatives au programme financé.
Refus catégorique
Sommant les maires incriminés de lui expliquer l’ampleur des irrégularités constatées, le ministre de la décentralisation avait surtout peur des répercussions de telles pratiques sur l’engagement des PTF. Mais, bon nombre de maires n’ont pas daigné répondre à ce courrier. Les PTF adressent alors au gouvernement le 25 Octobre 2012 un courrier dans lequel ils expliquent leur indignation face à cette situation. Ils ont alors annoncé qu’ils se trouveraient dans l’obligation de geler le décaissement de l’avance planifiée au titre de l’année 2012, soit un montant de 2,2 milliards pour le programme 2007-2012, et de ne pas assurer le démarrage de la seconde phase du programme prévue à partir de 2O13, pour un montant d’environ 43,7 milliards de FCFA. C’est pour toutes ces raisons que le ministre Raphaël Edou a laissé entendre en mars dernier que « …force est de constater malheureusement que nos communes retournent à une autre forme de centralisation qui fait du pouvoir local décentralisé un pouvoir fermé, peu transparent, opaque et empêchant le citoyen de comprendre la gestion des affaires de sa commune ». Aujourd’hui, les 43,7 milliards de FCFA ont été sauvés à force de négociations, mais l’on se demande si certains maires ont pris conscience de leurs carences. Le coup de gueule du ministre vendredi dernier sonne alors comme un cri d’alerte face à une situation qui ne pouvait plus durer.