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Le Matinal N° 4312 du 19/3/2014

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Partenariat public/privé : signer un contrat avec le régime Yayi est dangereux
Publié le mercredi 19 mars 2014   |  Le Matinal


Conseil
© Autre presse par Presidence
Conseil de l`entente: réunion des chefs d`Etat et de gouvernement à Niamey.
Mardi 17 Décembre 2013, à Niamey (Niger). Tenue de la 2 ème session ordinaire de Conférence au sommet des Chefs d`Etat et de Gouvernement du Conseil de l`Entente. Photo : Le president Boni Yayi.


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Pour relancer l’économie nationale, tous les pays au monde et surtout ceux africains ont l’impératif de s’attacher les services du secteur privé, créateur par excellence de la richesse. Si dans les pays de la sous-région ouest africaine l’expérience de ce qu’on appelle aujourd’hui le partenariat public/privé se déroule sans anicroche, au Bénin, ce n’est pas le cas.

Du moins, l’actuel régime politique fait un jeu flou avec les opérateurs économiques privés qui s’engagent crédulement avec l’Etat. Les désillusions sont énormes dans le rang des hommes d’affaires.


S’il est une méthode de gestion qui est connue aux gouvernants actuels de la République du Bénin, c’est bien la maladresse de tromper à chaque fois leurs interlocuteurs dans maintes domaines d’activités relevant du secteur social et surtout économique.

Des exemples pullulent en effet. Ils sont à inscrire dans le passif du régime de Yayi Boni qui donne souvent l’impression d’être aux commandes des fausses manœuvres dans lesquelles, lui et ses obligés au gouvernement embarquent leurs cocontractants.
Comme s’ils n’ont pas encore saisi que leurs interlocuteurs tant du domaine social et économique ont déjà compris leur jeu d’enfariner leurs vis-à-vis, ils continuent d’exceller sur ce terrain suicidaire.

Et pourtant, ils ont proclamé vouloir atteindre une économie prospère qui passera par le Changement, le Bénin émergent, la Refondation… et patati patata. Rien que des slogans vides, dénués de tout contenu. C’est en quelque sorte les pratiques des régimes dictatoriaux qui endorment leurs gouvernés pour conduire leurs pays dans l’abîme.
C’est ce gouffre bien organisé par le régime Yayi Boni qui caractérise les dossiers Pvi-Nouvelle génération et Sodéco.

En fait, pour le dossier dit affaire Pvi-Nouvelle génération (Programme de vérification des importations), le gouvernement de Yayi Boni, après un appel d’offres international avait retenu et contracté avec la Société Bénin Control S.a. en mars 2011.

Mais contre toute attente, ce même pouvoir revient à la charge pour arracher unilatéralement dans une confusion totale, l’exécution de ce Programme à Bénin Control S.a. Alors que le promoteur de Bénin Control S.a, Patrice Talon a pris de l’argent dans les banques de la place pour le lourd investissement qu’a nécessité la mise en œuvre du Pvi-Nouvelle génération.

Risques et périls

Comme si cette pirouette gouvernementale ne suffisait à faire prendre conscience au chef de l’Etat et son équipe, c’est dans un autre égarement qu’ils engagent les intérêts de la République par la suspension de la convention portant création de la Société de développement du coton (Sodéco).

En effet, c’est par une convention régulière que l’Etat central (gouvernement Yayi Boni) a décidé en toute conscience et liberté de procéder à la privatisation du secteur de production et de commercialisation du coton, culture de rente du Bénin. Une fois encore, tel un altruiste, Patrice Talon (ndlr : ne vous trompez pas, c’est un homme d’affaires) décide de contracter avec le régime Yayi Boni qui lui concède la totalité des usines d’égrenage de coton et d’approvisionnement en intrants.

Mais voilà qu’aujourd’hui, ces deux contrats que l’homme d’affaires Patrice Talon a cru devoir signer honnêtement avec le gouvernement de Yayi Boni ont été suspendus. Car, un seul homme en a décidé ainsi au mépris de toutes les règles légales en la matière.

Conséquence : le Bénin se retrouve aujourd’hui en plein contentieux devant la Cour commune d’arbitrage d’Abidjan qui connait des différends économiques entre ressortissants de l’espace Ohada en Afrique francophone. Mais ça, Yayi Boni n’en a cure. Il s’en fiche, on dirait à la limite.

La preuve, alors que la saisine de la Cour d’Abidjan fait obligation aux deux parties d’attendre le jugement de cette juridiction communautaire, le chef de l’Etat et son gouvernement décident de réattribuer le Pvi-Nouvelle génération sous une nouvelle formule dénommée Programme de certification des valeurs en douane (Pcv). Et pour ce fait dans le communiqué du Conseil des ministres du jeudi 13 mars 2014, c’est avec stupéfaction que le peuple béninois y lit ce qui suit :

« …En approuvant cette communication, le Conseil des ministres a instruit les ministres chargés des Finances, du Développement, de l’Economie maritime et de l’Evaluation des politiques publiques de procéder au lancement : de la demande de propositions pour le recrutement d’un prestataire de services pour la mise en œuvre du Programme de certification des valeurs (Pcv) en douane, conformément aux dispositions de l’article 45 du Code des marchés publics ; de l’appel d’offres pour le recrutement d’un partenaire en vue de la création d’une société d’économie mixte (Partenaire 51% et Etat 49%), pour la fourniture, l’installation et l’exploitation d’un scanner mobile à Cotonou-Port et d’un scanner à bagages à Cotonou-Aéroport… »

Comment Yayi Boni et ses obligés du Conseil des ministres peuvent-ils penser qu’un opérateur économique, fut-il Patrice Talon, peut-il encore avoir confiance en ce régime pour contracter avec lui. C’est se foutre le doigt dans l’œil que de vouloir contracter avec le gouvernement de Yayi Boni dans ces conditions où tout est sur un versant abracadabrantesque dans ce dossier Pvi-Nouvelle génération ou si vous voulez le Pcv pour contenter les amuseurs de galerie du Palais de la Marina.

Dans cette situation de Pvi querellé, aucun opérateur économique ne peut prendre le risque de contracter avec le gouvernement de Yayi Boni. Celui qui s’aventurait, l’aurait fait à ses risques et périls. Car, il y a bel et bien un contentieux pendant devant une Cour de justice.

La duperie ambiante

Ce qui est encore plus grave à en croire l’extrait du communiqué du Conseil des ministres du 13 mars dernier, le chef de l’Etat veut faire réattribuer le Pvi à un autre prestataire sans appel d’offres contrairement à ce qui a été fait pour Bénin Control S.a en 2011, comme d’ailleurs l’a fait tous les régimes politiques qui ont précédé le Changement.

Qu’il s’agisse du Cotecna sous le régime Nicéphore Soglo ou du Bivac sous le président Mathieu Kérékou, c’est par appels d’offres internationaux en bonne et due forme que les différents Programmes de vérification des valeurs en douane ont été attribués aux prestataires privés.

Ce qui est encore curieux, c’est que le gouvernement Yayi Boni a fait croire dans son communiqué de Conseil des ministres cité plus haut, qu’il y a un appel d’offres à lancer. C’est du bluff… c’est du pipeau comme le dirait l’intrépide député Candide Azannai.
Tenez, le Pvi a deux volets : le contrôle des valeurs en douane depuis l’importation puis l’installation et l’exploitation de scanners mobiles à Cotonou-Port et de scanners à bagages à Cotonou-Aéroport.

De ces deux volets, c’est le premier qui est le plus gros lot en terme de coûts. Et, c’est justement ce volet-là que le gouvernement Yayi Boni veut attribuer gré à gré. Certainement qu’il y a anguille sous roche. Car, quand on sait que ce régime politique égrène ses derniers jours au pouvoir, on s’interroge pour savoir si des gens ne s’activeraient pas à assurer leurs arrières. Le délit d’initié rode certainement par-là.

Mais que l’opérateur économique qui s’hasarderait à se mettre le couteau au cou en se faisant attribuer le Pcv sache que le prochain pouvoir de mars 2016 ne se privera pas de faire le ménage. Qu’il se le tienne pour dit. Dans le même temps l’homme d’affaires Patrice Talon est aussi sur le chemin pour que le droit soit dit par la justice.

Fieffés roublards

Comme si cela leur colle à la peau telle une sangsue, la roublardise s’invite souvent dans les décisions que prennent les gouvernants du Bénin d’aujourd’hui. Sébastien Ajavon, encore un autre homme d’affaires a fait l’amère expérience.

Alors qu’à la sortie de la Table ronde économique avec le secteur privé organisée en octobre 2012, le président du patronat béninois s’attendait à voir mettre en application les résolutions qui en sont issues, c’est à une diversion voire une digression que Sébastien Ajavon fait face.

Ce dernier s’est senti rouler dans la farine. Car, depuis lors, rien n’est mis en application et le secteur privé continue d’être pressuré pour le paiement d’impôts et taxes exorbitants.

Des devises dont se servent Yayi Boni et ses obligés pour se la couler douce surtout à travers des promenades gouvernementales qu’ils organisent, de temps à autre, pour aller intoxiquer les paisibles populations du "Bénin profond" en guise de contre offensive quand ils se retrouvent en situation difficile face aux partenaires sociaux.

Et oui, parlons-en, les partenaires sociaux ; ceux-là qu’on a appelle les syndicats ne sont plus prêts à se laisser enfariner par le gouvernement de Yayi Boni. La preuve s’est observée la dernière fois où, après six rounds de négociations sociales soldées par des échecs successifs, le chef de l’Etat se décide à rencontrer lui-même les responsables syndicaux ; il n’est pas parvenu à les faire démordre.

La raison, à en croire, les Sg des Centrales syndicales, ils ont été déjà vaccinés contre les promesses sans lendemain de Yayi Boni et son gouvernement. Conséquence : la parole du chef de l’Etat n’a plus aujourd’hui de valeur pour les partenaires sociaux qui se sont plutôt montrés accessibles et pénétrés par les paroles du président du patronat béninois, Sébastien Ajavon qui a tenté de faire fléchir les responsables syndicaux le week-end dernier.

Alors dans une République où la parole de son chef ne suscite plus respect et confiance, il va falloir que les investisseurs fassent beaucoup attention pour ne pas se faire rouler dans la farine.

C’est pourquoi, des analystes politiques avertis se demandent si dans ces conditions où plus rien n’est à sa place, le Bénin peut-il encore raisonnablement espérer gagner du pays de l’Oncle Sam, le Millénium challenge account (Mca) ?

Est ce que nos dirigeants n’ont pas encore compris qu’il faut que le Bénin dise, dès à présent, bye bye à ce programme américain très intéressant et très important pour booster l’économie nationale ? De telles pratiques empreintes de roublardise gouvernementale, Barack Obama et tous les Etats unis d’Amérique ne s’en accommodent pas. Autrement, ils ne seraient pas à ce niveau de développement.

Emérico Adjovi

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