Près de trois mois après la répression de la marche pacifique des organisations syndicales, Me Alain Orounla a analysé cet évènement malheureux qui a plongé le Bénin dans une paralysie sans fin. Sur Océan Fm, mardi 18 mars 2014, l’avocat au Barreau de Cotonou a souligné que l’arrêté préfectoral n°2/388/Dep-Atl-Lit/Sg/Sp-Cp-C du 07 août 2012 (déjà rapporté) interdisant la marche des syndicats est anti constitutionnel.
« L’arrêté sorti par le préfet interdisant la marche pacifique des organisations syndicales est contraire à la Constitution et ne saurait être respecté », a déclaré Me Alain Orounla sur Océan Fm mardi dernier. Reçu comme le tout premier invité de la nouvelle émission « Droits et cité » de ladite radio, ce praticien de droit n’a pas apprécié la conduite observée par le Préfet lors des évènements malheureux du 27 décembre 2013. « C’est un arrêté qui est dirigé contre tout ce qui aura pour velléité de protester. Cet arrêté interdit toute marche qui va en sens contraire de son opinion à soi. C’est non seulement de non-droit, mais c’est aussi de l’anti droit. Et ça commence à être de la dictature parce que c’est à la tête du client », a-t-il fait observer>
Pour lui, les organisations syndicales n’ont fait qu’exercer leur liberté de manifester ; une liberté garantie par l’article 25 de la Constitution et qui s’impose impérativement à tout le monde en République du Bénin. Cela veut dire, a-t-il expliqué, que toute loi qui est obligée de mettre en application cette disposition ne peut nullement être contraire à cet impératif. Et toute entrave doit être bannie. Selon Me Alain Orounla, les marches n’ont pas à être autorisées car une liberté ne doit pas être autorisée. Seulement, il indiquera que pour des raisons de maintien d’ordre public, les manifestations pourraient être encadrées et non réprimées. Et de rappeler : « Quels que soient les raisons et les motifs par lesquels on a tenté de justifier la répression qui a eu lieu, c’est toujours malheureux que l’on oppose la répression à la contestation, à l’exercice d’un droit somme toute fondamental qui consiste pour une partie du peuple à exprimer son mécontentement. La répression a été un triste spectacle que notre pays a donné ». Pour soutenir son argumentaire, l’invité de « Droits et cité » a confié que les images diffusées par les chaines de télévision ont montré qu’ « il y a eu des coups qui ont plu sur les manifestants ». Mieux, a-t-il indiqué, les Secrétaires généraux se sont retrouvés au Centre hospitalier universitaire de Cotonou, ensanglantés et des certificats médicaux sont disponibles.
Problème de formation à l’outil libertaire…
L’avocat soutiendra que les coups de matraque n’ont pas pu être assénés le 27 décembre dernier sans l’intervention des forces de l’ordre. « La police n’a pas agi de son propre chef. Elle a été certainement requise pour opérer cette répression. Est-ce que c’était nécessaire de mater ? C’est à elle de le mesurer. Il y a de gros problèmes de formation à l’outil libertaire. Il y a un fait, c’est qu’il y a eu des coups », a-t-il constaté. Me Alain Orounla a également fait observer que ces interventions musclées de la police nationale sont récurrentes et que cela pose le problème de déficit de culture de libertés.