Entretien avec ARIMI SOGLO, Guide animateur du Parc Archéologique d’Agogointo dans le ZOU : « Les politiciens peuvent contribuer à réhabiliter les abris souterrains au lieu d’organiser à coup de millions des marches… »
Au détour d’une visite guidée sur le site des maisons souterraines d’Agogointo à Bohicon dans le département du ZOU, votre journal Educ’Action a donné la parole au guide animateur ARIMI SOGLO qui travaille sur ce site depuis sa mise en service le 16 Juin 2008. Avec une clarté légendaire, il retrace les origines de la découverte de ces maisons, parle des problèmes du site et surtout invite les béninois à découvrir et à valoriser ce lieu riche de notre histoire.
Educ’Action : Comment les maisons souterraines d’Agogointo ont-elles été découvertes ?
Arimi Soglo : Ces découvertes ont été faites en 1998 au moment où le goudron était en construction dans le cadre du projet Abok - Abomey Bohicon Kétou. Le bulldozer qui déblayait la voie est venu décaper la partie supérieure des abris souterrains qui s’étaient effondrés. Donc c’était une entreprise danoise qui réalisait les travaux dont les responsables n’avaient aucune idée de l’existence de ces maisons souterraines. Pour eux, c’était une découverte et pour la communauté locale sur place ce n’est pas une découverte parce que ces sont des endroits où ils descendaient pour aller puiser de l’eau, pour aller faire la chasse au rats et autres. Pour eux c’est leur quotidien tandis que pour l’entreprise qui réalisait le goudron c’était du nouveau.
Que s’est-il passé après la découverte de ces abris souterrains ?
Après la découverte, les Danois ont jugé utile d’aller plus haut en passant par la préfecture jusqu’au ministère pour que des dispositions soient prises pour valoriser le site. Et c’est comme cela que le site est né. Mais le gouvernement a effectivement saisi le dossier et en a fait le sien puisqu’il y a eu trois communications en conseil des ministres. C’était sous le président Kérékou en 1998 et en 2001. Le gouvernement a instruit le génie militaire, l’actuel Uac, de faire une descente afin d’évaluer le potentiel archéologique et touristique qui est sur place pour la rédaction de la Mission Bédache – Mission Bénino-Danoise d’Archéologie codirigée par le professeur Clark A. et le professeur Alexis Adandé de l’Uac.
Combien a coûté la restauration du site ?IMG 0127
Nous avons entendu le jour de l’inauguration le 28 Août 2008 dans les discours que la mise en valeur de ce site tel que c’est et présenté aux visiteurs aujourd’hui y compris les recherches archéologiques et autres auraient coûté 529.000.000 de francs cfa.
Cette restauration a-t-elle été financée par le gouvernement du Bénin?
Je pense que la grande partie de ce fonds a été mobilisée par le royaume du Danemark bien sûr par le biais de l’Ambassade du Royaume de Danemark à Cotonou. Le reste c’est la mairie de Bohicon qui a eu à mettre sur la table la contre partie.
Que peut-on visiter sur ce site?
C’est un site où se côtoient beaucoup de choses. Nous avons bien sûr l’archéologie, l’histoire, la protection de la nature et les artisans qui sont aussi présents. C’est une salade où vous avez beaucoup de choses
Combien de maisons souterraines trouve-t-on ici ?
IMG 0127Sur le site ici, il y a 56 maisons souterraines réparties sur deux zones. Une zone A où vous avez 20 maisons souterraines et une zone B où il y a 36 maisons souterraines. Ensuite, il y a une partie au milieu qui fait la jonction entre les deux zones. Et comme c’est une ville, nous avons jugé utile de mettre un espace de jeux pour des enfants afin de permettre aux parents qui viennent accompagnés de leurs enfants de les laisser là le temps de finir la visite et de passer les récupérer.
Il y a-t-il dans ces 56 maisons des galeries souterraines ?
Non, au fait chaque maison est indépendante et spécifique. Il n’y a pas de galeries souterraines qui les relient
Combien y-a-t-il de ces maisons ouvertes au public aujourd’hui puisse qu’on en voit d’inaccessibles ?
En dehors du fait qu’il y a certains parmi ces abris souterrains ouverts au public, les autres sont bien identifiés, mais comportent quelques risques si on veut y descendre. On peut dire que pour la visite, il y a une seule maison souterraine aménagée où on peut descendre pour la visite. Mais dans le cadre des recherches, il y a plusieurs maisons souterraines qu’on peut voir à l’état brut.
Combien de visites recevez-vous par an en moyenne ?
On en reçoit beaucoup mais je ne peu pas vous donnez un chiffre.
Quels sont les problèmes que ce site aujourd’hui ?
IMG 0129Beaucoup de problèmes : problèmes de formations, de recyclage, d’entretiens puisque comme vous le savez c’est la commune de Bohicon qui est en charge de la gestion de ce site qui en temps normal devrait être un site pédagogique et de communication. Il s’est fait que les communes d’une manière générale ayant besoin de ressources ont du mal à en sortir s’il s’agit d’entretiens d’un site pareil. Donc c’est l’équipe de gestion sur place avec le maire qui vient généralement en visite et nous surprend ici et qui met la main à la poche pour nous aider pour l’entretien du site.
Un mot pour conclure cet entretien
IMG 0129Je vais lancer un appel. Je pense que sur le plan national, d’abord je fais appel aux patriotes républicains parce qu’en réalité si vous prenez l’aspect politique de notre pays vous voyez des marches qui sont organisées ça et là qui coûtent énormément chers à ces politiciens. Alors qu’il suffit de mettre quelques « millions » pour la mise en valeur d’une maison souterraine et de mettre une plaque telle maison a été mise en valeur par un candidat Tamtampion. Donc, les politiciens peuvent contribuer à réhabiliter les abris souterrains au lieu d’organiser à coup de millions des marches Les milliers de visiteurs qui viennent ici par an verront que le candidat Tamtampion a fait œuvre utile ici et vont mieux apprécier que de rassembler des gens qui vont juste l’applaudir sans savoir ce qu’ils sont en train d’applaudir. Maintenant, en ce qui concerne les expatriés. D’abord les diasporas, je pense que là où il y a un peuple il y a une histoire et là où il y a un peuple il y a une culture. Il est temps qu’ils reviennent chercher dans leur culture et voir dans quelle mesure ils peuvent accompagner leur culture afin qu’on cesse de considérer l’Afrique comme un continent sans histoire et sans culture. Et en ce qui concerne les bailleurs de fonds quand ils mettent à disposition des moyens pour telles ou telles activités, il faut qu’ils mettent en place des mécanismes de suivi efficace pour savoir si cet argent est parti jusqu’au coin indiqué.