Le Chef de l’Etat a encore des défis à relever avant son départ définitif du pouvoir en 2016. Plusieurs réformes ont, en fait, été annoncées par Yayi Boni en avril 2011 lors de son investiture pour son second quinquennat, mais visiblement peu d’actions ont été réalisées en deux ans. Et face aux attentes du peuple, il doit retrousser ses manches, lui et ses collaborateurs.
Le président Yayi Boni vient de boucler deux ans dans son second mandat, le tout dernier selon la Constitution du 11 décembre 1990. Comme bilan, les réformes annoncées en avril 2011 n’ont pas connu de grandes avancées. Comme promis, les membres de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption, ont été désignés mais l’Organe tarde encore à être installé. Yayi Boni s’était engagé à travailler pour l’avènement d’un Code électoral. Et ce vœu semble déjà devenir effectif à l’Assemblée nationale avec la majorité parlementaire. Le Code électoral a été adopté lundi dernier et pourra être transmis aux 7 Sages incessamment pour contrôle de conformité à la Constitution. Au Port autonome de Cotonou, les choses piétinent toujours. Les réformes peinent encore à donner « au poumon de l’économie nationale » toutes ses capacités surtout après la longue crise liée au Programme de vérification des importations (Pvi/Ng). Des efforts restent donc encore à faire pour rendre compétitif le Port. Mieux, le président et son équipe devront poursuivre inlassablement leurs actions afin d’améliorer la gouvernance politique. Ceci devra se réaliser comme Yayi Boni l’a souligné dans son discours en avril 2011 par « une réforme constitutionnelle pour renforcer les attributs des institutions en vue d’équilibrer leurs pouvoirs et d’améliorer leur fonctionnement au profit du peuple ». L’initiative relancée après l’élection de 2011, suite à l’échec d’une première tentative sous le premier quinquennat, n’a pas été fructueuse. La révision de la Constitution avait été bloquée par la société civile et des députés y compris des élus proches de la majorité présidentielle. C’est dire que le Chef de l’Etat doit concilier toutes les positions sur ce projet que des observateurs jugent fondamental pour le Bénin. Autre défi pour lequel le régime de la « Refondation », doit se battre, c’est la réforme profonde de l’appareil judiciaire, une autre promesse du président de la République. Cela est nécessaire dans un pays où, les prisons sont surpeuplées et les procédures judiciaires assez lentes. Le président doit également pouvoir réussir à réaliser le découpage territorial pour, comme il a confié lui-même, renforcer la décentralisation et la déconcentration et faire des Communes des pôles de développement et de création de richesses. Sur les plans recherche scientifique et économique, le régime aura à encourager la recherche agronomique, la formation, la conservation et la transformation des produits nationaux en vue de générer de valeur ajoutée en termes d’emplois et de revenus même si actuellement quelque chose semble être fait avec l’installation dans plusieurs localités des usines de transformation. Certes, le ministre de l’Economie et des finances, Jonas Gbian et son collègue du Développement, Marcel de Souza sont revenus sur les fondamentaux économiques qui se porteraient bien avec à la clé le taux de croissance économique qui serait désormais passé de 3,5% à 5,4%. Mais à ce niveau précis, il faut œuvrer à ce que le panier de la ménagère s’améliore. La lutte contre le chômage des jeunes et la bataille pour l’autonomisation des femmes passent forcément par là. Aussi, le président Yayi Boni doit-il avoir à l’esprit qu’il a été dit que sous son mandat, il n’y aura pas d’éléphant blanc. Pour ce faire, il va falloir éviter les prises de décisions unilatérales, les effets d’annonce qui conduisent à des projets non réalisables. Le mieux, c’est de concentrer son énergie sur les chantiers actuellement ouverts- et Dieu même sait qu’ils sont nombreux-, de les évaluer et de lever les goulots afin qu’ils connaissent une concrétisation. Car le constat démontre qu’à part les deux tours administratives qui sont l’œuvre du second quinquennat, plus aucune infrastructure de grande envergure comme les passages à niveau de l’Avenue Steinmetz, du carrefour Houéyiho et l’« échangeur de Godomey », n’a été réalisée. Des projets comme la Centrale thermique de Maria-Gléta, le nouveau siège de l’Assemblée nationale, les routes Akassato- Bohicon, Godomey-Ouidah, le Barrage de Kétou ne doivent donc être des mort-nés. Yayi Boni a aussi insisté sur les réformes de l’administration publique avec la dépolitisation de celle-ci et la promotion de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Mais où en sommes-nous aujourd’hui avec le dernier concours de recrutement à la Fonction publique ? Autant de choses qui restent à corriger pour un mandat réussi.
Verser moins dans le populisme….
Le temps presse. Yayi Boni doit se bonifier. Il doit revoir sa méthode de travail s’il tient à honorer ses engagements et sortir par la grande porte. Visiblement débordé, l’actuel locataire du Palais de la Marina pourrait « libérer ses collaborateurs » surtout le Premier ministre et leur permettre de jouer avec efficacité leurs rôles. Yayi Boni devra aussi verser moins dans le populisme. Il pourrait donc se mettre un peu en retrait et instruire son entourage immédiat à éviter de susciter les mouvements de soutien qui apparaissent, en tout cas logiquement, inutiles ; très inutiles puisqu’il n’y a plus d’enjeux politiques majeures pour le numéro 1 des Béninois après 2016 (lui-même l’ayant souligné devant le Saint Père). L’heure est donc à l’application surtout s’il compte gagner la confiance de ses compatriotes dans le projet de révision de la loi fondamentale qui lui tient beaucoup à cœur.