Mora Kpaï, réalisateur béninois a reçu en février dernier un prix qui récompense les réalisations exceptionnelles. Il fait ainsi partie des 11 lauréats issus de 11 pays du monde à recevoir ce prix. En bon patriote, il a voulu que ce prix lui soit décerné au Bénin, son pays d’origine. Il a donc reçu ce prix lors d’une soirée officielle qui s’est déroulée à l’ambassade des Pays-Bas au Bénin devant des autorités en charge de la culture. « Je suis très fier d’avoir ramené ce prix au Bénin.
Il fait la fierté de mon pays, raison pour laquelle je suis venu le recevoir au Bénin. Mon souhait est qu’il y ait davantage de Béninois qui reçoivent ce prix », a-t-il indiqué le jeudi dernier à l’institut français de Cotonou. Néanmoins, Mora Kpaï éprouve un sentiment d’amertume car, selon lui, ce prix n’a pas été accueilli comme il le faut par les autorités béninoises en charge de la culture.
« Je suis un peu déçu par les institutions de mon pays, car je constate que la culture a très peu de place dans leur vie. Si c’était en football que le Bénin a décroché ce prix, la réaction serait différente », a-t-il précisé. « Cela me met vraiment en colère », a-t-il martelé. A l’en croire, le comportement de nos autorités l’amène à émettre des inquiétudes sur l’avenir du cinéma béninois. « J’ai fait tous mes films sans un seul centime venant de mon pays. Mes appuis viennent de l’Europe alors que c’est le Bénin que je défends dans mes films.
Même si je vis à l’extérieur, tous mes films sont inspirés des réalités béninoises. Il ne faut donc pas être étonné si le Bénin n’est pas cité parmi les pays du cinéma », a-t-il ajouté. Il a donc exhorté les autorités à considérer un tant soit peu la culture en donnant des moyens aux acteurs culturels.
Il a profité de cette tribune pour présenter aux hommes des médias son nouveau projet.
« Je travaille sur un projet depuis 2 ans. J’ai un problème de financement. Je n’en demanderais pas à mon pays car, je sais qu’il ne m’en donnera pas. Mon projet de fiction peut devenir un grand film si j’avais les moyens adéquats », précise-t-il. Ce film, à l’en croire, est le parcours d’un soldat dahoméen en Indochine.
« Notre histoire mérite aussi d’être racontée. Il ne faut pas laisser les autres la raconter à notre place ». En attendant que ce film attire les attentions pour le financement, Mora Kpaï est encore au Bénin et espère qu’il sera reçu en audience par le ministre de la culture.